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Le rôle des députés vu par des écoliers et des lycéens en 1973

Le rôle des députés vu par des écoliers et des lycéens en 1973

Les jeunes sont de moins en moins nombreux à voter, pourtant certains se passionnent pour la vie politique, en tout cas dans nos archives télévisées. A quoi sert un député ? Comment fonctionne l'Assemblée ? Des questions posées aux enfants dans les années 1970.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 10.06.2022
"Un député, ça organise la France" - 1973 - 01:21 - vidéo
 

Depuis des décennies, on assiste à un désintérêt croissant de la jeunesse pour la politique. Dans les années 1970 en était-il autrement ? A l'époque, l'école prenait en charge une grande part de l'éducation civique des élèves, notamment en organisant des élections de représentants et des débats d'idées. Et cela semblait fonctionner.

En 1973, à quelques jours des législatives, la télévision s'était rendue dans plusieurs classes pour interroger des écoliers sur les élections à venir et le rôle des députés. L'archive présentée en tête d'article date du 28 février 1973. En pleine campagne électorale, Maurice Bruzek et Jacques Gérard, des reporters du magazine de la rédaction du 13h00 de TF1, s'étaient rendus dans différentes classes.

Des écoliers très investis

Dans une école primaire « mixte » de Seine-et-Marne s’organisait justement l’élection du président et du vice-président de la classe. L’occasion de sonder les écoliers âgés de 9 à 10 ans sur les points communs qu'ils percevaient entre le rôle de leurs délégués et celui des députés qui seraient bientôt élus.

La caméra les suivait du choix du bulletin de vote au dépouillement, et à l'annonce des résultats du vote. Au terme du scrutin, Dominique Lubak devenait président de la classe et Eric Chauffeur, son vice-président. C’était une première pour eux. Ils pensaient avoir été élus pour leur sérieux.

Les enfants étaient conscients de l’importance du vote, dans leur classe, et dans la société en général. Ils s’enthousiasmaient de cette expérience et prenaient leur futur rôle de citoyens-électeurs avec responsabilité. Ils avaient d’ailleurs une assez bonne idée des institutions et du rôle des députés et de leur mode d'élection. Une écolière décrivait à sa manière l’utilisation du bulletin de vote, « des petits papiers » déposés « dans l’urne ».

En revanche, les écoliers semblaient plus circonspects lorsqu'on leur demandait de décrire le rôle du député, mais l'idée générale était la bonne : « ça met de l’ordre », « ça organise la France comme le président dans notre classe, il organise la classe ».

Leurs réponses étaient parfois plus étonnantes lorsqu'ils évoquaient les conditions de travail des députés : « ils discutent de la France », « ils sont réunis autour d’une table ovale et ils discutent de leurs projets ». Les enfants semblaient très sensibles au protocole, oubliant néanmoins un point essentiel du travail du député : l’élaboration et le vote des lois, mais ils avaient remarqué un détail qui reste toujours d'actualité, c’est qu’ils n’étaient généralement « pas d’accord » entre eux.

Des lycéens plus critiques

Dans le même magazine, les journalistes étaient allés rencontrer des adolescents de 14 à 16 ans dans un CEG mixte. Dans la bonne humeur, les lycéens décrivaient moins sérieusement la mission des députés, l'un d'eux les qualifiant de « commissionnaires ». Les adolescents s'interrogeaient d'avantage sur la capacité des députés à tenir leurs promesses électorales et à changer concrètement les choses. Les lycéens avaient des avis tranchés sur ce point, une demoiselle estimant que malgré « leur visage d'ange pour être élu », ils ne tenaient jamais leurs promesses. Une autre déclarant qu'il fallait regarder ce qu'il avait fait, « avant de commencer sa propagande et sa publicité » pour être élu.

Les remarques se faisaient sarcastiques lorsqu'ils abordaient l'intérêt du métier de député, un adolescent soulignant que « le salaire » et « la bonne retraite » étaient sans doute à l'origine des vocations. Une profession très aléatoire aux yeux d'un jeune homme plutôt conscient des risques du métier, soulignant qu'il y avait un grave inconvénient à être député : « un jour on vous acclame et le lendemain on vous met dehors avec un coup de pied où je pense ».

A l'époque déjà, la question de la représentation était au centre des débats. Certains ne se trouvaient pas représentés. Dans la classe mixte s'instaurait aussi un dialogue sur le sujet des femmes en politique. Les lycéennes étaient plusieurs à souhaiter une parité : « c'est un tord, il devrait y avoir moitié-moitié ».

La plupart des filles affirmaient qu'elles voteraient et l'ensemble des lycéens reconnaissait l'importance d'une initiation à la politique pour éviter d'être « influencés » plus tard ou pire, de ne pas aller voter.

"Ce sont les gens bien qui sont députés"
1973 - 03:10 - vidéo

Les députés vus par des collégiennes

Un troisième reportage, toujours extrait du magazine de TF1, interrogeait une classe de filles de 12 ans d'un lycée parisien à propos du rôle des députés. Elles savaient qu'ils votaient les lois, qu'ils débattaient et traitaient des problèmes de la société. Elles évoquaient aussi les sénateurs et le rôle des préfets. Elles comprenaient que les citoyens pouvaient s'adresser aux députés pour des problèmes précis et qu'une visite de député dans une circonscription pouvait faire avancer des dossiers.

Les lycéennes rêvaient de députés « plus proches » de leur milieu, et appelaient finalement à plus de représentativité des classes sociales, remarquant l'absence d'ouvriers sur les bancs de l'Assemblée. Comme pour la classe mixte, elles évoquaient l'intérêt de sensibiliser les jeunes pour éviter l'abstention et jouer plus tard, à leur tour, un rôle dans la société.

"Un député change ce qui ne va pas"
1973 - 02:35 - vidéo

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