Aller au contenu principal
1980 : en pleine crise du pétrole, les Français plébiscitent le chauffage au bois

1980 : en pleine crise du pétrole, les Français plébiscitent le chauffage au bois

Une prime «Coup de pouce  chauffage» est disponible aux Français qui souhaitent remplacer son chauffage par une installation moins énergivore, comme celle fonctionnant au bois. Face à l'augmentation massive du coût de l'énergie, se chauffer au bois reste encore une solution économique. Un mode de chauffage que les Français, victimes de la crise du pétrole, redécouvraient en 1980.

Par Florence Dartois - Publié le 28.12.2022 - Mis à jour le 20.11.2023
Le bois de chauffage à Ronchamp - 1980 - 04:02 - vidéo
 

L'ACTU.

Les ménages qui souhaitent changer leur installation de chauffage contre une installation moins énergivore peuvent demander une prime «Coup de pouce chauffage». Cette prime est une aide financière pour le remplacement d'une chaudière au charbon, au gaz ou au fioul par une installation au bois, par exemple.

Avec la crise énergétique, le bois représente une alternative intéressante aux autres modes de chauffage devenus très onéreux. Et de nombreux Français font le choix d’abandonner leurs chaudières au fioul ou au gaz contre un poêle à granules ou à bois. Un phénomène similaire s'était produit au début des années 1980 alors que la crise du pétrole faisait rage. Majoritairement équipés de chaudières à fioul, qui jusqu'alors était bon marché, les Français se tournaient en masse vers les poêles à bois. Un retour vers le passé présenté alors comme une innovation. C'est ce que montre l'archive en tête d'article.

L'ARCHIVE.

En 1980 l’explosion du prix du pétrole allait remettre à l'honneur le bois de chauffage qui semblait voué à disparaître, remplacé par le fioul ou le gaz. Mais la France, riche de ses nombreuses forêts, possédait un atout de taille en cette période d’inflation : son bois de chauffe. Un atout résumé par ce slogan « La France n’a pas de pétrole, mais elle a ses forets »... Le bois, ce combustible abondant et bon marché avait le vent en poupe.

Le 7 février 1981, le JT FR3 Franche-Comté présentait un reportage tourné dans la forêt de Ronchamp expliquait bien l'enthousiasme généré par cette renaissance inespérée, notamment auprès des particuliers. Face à la demande, le prix du stère avait augmenté « d’où la tentation d’aller chercher soi-même son bois », précisait le commentaire du journaliste. Les images montraient en effet un homme tronçonner du bois bien que cela soit interdit. C'est ce que rappelait un officiel interrogé. Quelques exceptions existaient néanmoins, soulignait-il, pour le bois de chauffage, mais il fallait que le maire de la commune accepte de réserver une parcelle des bois communaux à ce type de coupes. « L’affouage », le ramassage du « petit bois », était en revanche autorisé par le code forestier, uniquement pour le bois dont le diamètre ne devait pas être inférieur à « 7 centimètres », « pour le bien-être de la forêt », car, expliquait l’intervenant, en prélevant ce petit bois, on appauvrissait le sol des forêts en retirant « la matière minérale ».

Bois et fioul : la formule gagnante

La suite du reportage présentait une famille qui avait sauté le pas et était passée en partie au chauffage au bois. Le couple s’activant à tronçonner de belles bûches représentait selon le journaliste un « nouveau mode de vie » pour ces nouvelles générations, mais qui correspondait en fait « à un retour aux sources ». Il ajoutait : « autrefois, le bois était synonyme de chaleur et de foyer, aujourd’hui il annonce une nouvelle forme d’économie basée sur le moindre coût du combustible, mais également sur une certaine qualité de vie », ajoutait-il.

Cette qualité de vie, le bûcheron amateur en était un bel exemple. Le bois coupé était méticuleusement entreposé par ses soins. Bientôt, il rejoindrait d’autres bûches dans son poêle à bois neuf. La famille possédait deux poêles, l'un à bois et l'autre au fioul, appliquant déjà ce que l'on appelle aujourd'hui un « mixte énergétique ». Ces deux chaudières leur permettaient de se chauffer les huit pièces de sa maison « par - 10° C dehors ». L'homme déclarait faire de belles économies puisque se chauffer au bois lui coûtait alors la moitié du prix du fioul ! Le seul défaut de ce mode de chauffage, plaisantait-il, c'était que cela lui demandait… « Beaucoup de travail… il faut le casser, le fendre, l’empiler et il faut secouer ici pour faire tomber la cendre ». Dans cette maison, le bois s'utilisait également à la cuisine, dans la cuisinière en fonte, mais le journaliste se demandait si le bois redeviendrait réellement un jour « un moyen de cuisson aussi performant que le gaz ou l’électricité », tout en concluant « mais sait-on jamais... ».

Qui sait en effet si avec la nouvelle crise énergétique, on ne recommencera pas bientôt à mijoter de bons plats sur les vieilles cuisinières à bois de nos grands-parents.

Flambée des prix du pétrole et retour du bois

Le reportage ci-dessous tourné la même année, revenait sur le boom du bois. Un bois qui faisait figure « d'énergie nouvelle et d'énergie économique ». En 1980, le développement du bois de chauffage était en constante augmentation, on notait alors une progression de « 10% de vente des cuisinières à bois » et la vente des poêles quadruplait. Un forestier présentait des conseils sur le choix du bois de chauffage, le charme et le chêne ayant la palme des bonnes performances caloriques. Le stère valait alors entre 120 et 160 francs (une 20e d'euros). De quoi réjouir les exploitants forestiers qui allaient retrouver les revenus conséquents qu'ils avaient perdus depuis l'avènement du fioul.

S'orienter dans la galaxie INA

Vous êtes particulier, professionnel des médias, enseignant, journaliste... ? Découvrez les sites de l'INA conçus pour vous, suivez-nous sur les réseaux sociaux, inscrivez-vous à nos newsletters.

Suivre l'INA éclaire actu

Chaque jour, la rédaction vous propose une sélection de vidéos et des articles éditorialisés en résonance avec l'actualité sous toutes ses formes.