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C'est quoi la Cour de justice de la République ?

C'est quoi la Cour de justice de la République ?

Le ministre de la Justice Éric Dupont-Moretti, poursuivi pour prises illégales d'intérêts, a été relaxé mercredi 29 novembre par la Cour de justice de la République. C'est la première fois qu'un ministre était visé par cette procédure en étant en fonction. Les députés LFI ont réclamé la suppression de la CJR à l'annonce du verdict. Créée en 1993, la CJR est la juridiction française compétente pour juger les crimes ou délits commis par les membres du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 03.10.2022 - Mis à jour le 29.11.2023
 

Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, jugé pour prise illégale d'intérêts, a été relaxé mercredi 29 novembre 2023 à Paris par la Cour de justice de la République (CJR). Les juges de la CJR, en majorité des parlementaires, n'ont pas suivi les réquisitions de l'accusation qui avait réclamé un an de prison avec sursis à la fin de ce procès inédit d'un ministre de la Justice en exercice. Dans la foulée, les députés LFI ont appelé à supprimer la CJR.

La CJR a été créée en 1993. Il s'agit du tribunal chargé des crimes et délits commis par des membres du gouvernement. Avant cela, seuls les sénateurs et députés pouvaient attaquer le gouvernement en justice et c'était à eux de les juger. « Désormais tout citoyen peut porter plainte contre un ministre », annonçait Pierre Méhaignerie, ministre de la Justice entre 1993 et 1995.

La composition de cette cour était également nouvelle : six sénateurs, six députés, auxquels s'ajoutèrent trois magistrats. Une cour moins politique donc, saluée par Jack Lang, alors membre de l'opposition : « C'est un progrès pour la justice ».

L'affaire du sang contaminé

Ce besoin d'indépendance de la justice fut motivé par l'affaire du sang contaminé, plus grand scandale sanitaire français du XXe siècle, dans lequel des médecins et le gouvernement furent impliqués. « Il est question de 10000 personnes environ qui ont été contaminées sans le savoir au début des années 80 », annonçait Hervé Claude en 1989 au 20h d'Antenne 2. Dans le cadre de ce scandale, des médecins furent jugés en 1992, devant le Tribunal de grande instance. Mais, pour les ministres, il a fallu attendre sept ans.

En 1999, leur procès eu lieu devant la Cour de justice de la république. Et, au terme d'un mois de débat, l'ex-premier ministre Laurent Fabius et l'ex-ministre des Solidarités Georgina Dufoix, furent relaxés. L'ancien secrétaire d'État à la Santé, Edmond Hervé fut le seul reconnu coupable. Néanmoins, il a été dispensé de peine. Une victime, Sylvie Rouy, disait en 1999 au micro des chaînes de télévision et des radios : « Je me suis rendue compte que les politiques, c'est comme les gangsters : si on ne les prend pas la main dans le sac, on n'arrive jamais à les coincer. »

Réformer la Cour de justice de la République

La Cour de justice de la République est régulièrement critiquée dans le monde juridique comme dans l'arène politique pour sa supposée complaisance. En presque 30 ans d'existence, sur 12 ministres et secrétaires d'État jugés, six ont été déclarés non-coupables, deux coupables dispensés de peine et quatre condamnés à de la prison avec sursis.

D'autres estiment également que cette juridiction d'exception est un privilège, comme François Hollande, en 2012. Pendant sa campagne pour la présidence de la République, il promit de supprimer la CJR. Il n’en fut rien. En 2017, le gouvernement d'Emmanuel Macron s'y attaqua à son tour dans sa réforme de la Constitution : « Nous instaurerons l'obligation pour les membres du gouvernement d'être jugés par des magistrats », disait alors François Bayrou, ministre de la Justice. Cette réforme prévue pour 2018, décalée pendant la crise des Gilets jaunes, puis représentée en 2019, est toujours sans suite clairement définie.

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