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Comment les hippopotames de Pablo Escobar bouleversent l'écosystème colombien

Comment les hippopotames de Pablo Escobar bouleversent l'écosystème colombien

La Colombie accueille jusqu'au 1er novembre la 16e conférence des Nations unies sur la biodiversité. Parmi les thèmes abordés, celui de la limitation de l'introduction d'espèces invasives par l'homme, responsables de graves conséquences sur la biodiversité. Les Colombiens connaissent ce problème depuis que le célèbre baron de la drogue a introduit des hippopotames d'Afrique dans le pays.

Par Florence Dartois - Publié le 25.10.2024
Les hippopotames d'Escobar en Colombie - 2021 - 03:33 - vidéo
 

L'ACTU.

La 16e conférence des Nations unies sur la biodiversité se déroule jusqu'au 1er novembre à Cali, une ville située au sud-ouest de la Colombie. Parmi les nombreux objectifs de ce rendez-vous incontournable des défenseurs de la planète, l'un d'eux est particulièrement cher aux Colombiens : limiter l'introduction par l'homme des espèces invasives. Si la France doit gérer l'expansion du ragondin, du moustique tigre ou de l'ibis sacré, les Colombiens sont confrontés à une invasion d'énormes mammifères semi-aquatiques africains : des hippopotames.

Quatre d'entre eux ont été importés en Colombie par le narcotrafiquant Pablo Escobar pour son zoo personnel établi dans son hacienda Nápoles dans les années 1980. À la mort du baron de la drogue - il a été tué par la police en 1993 - les hippopotames ont été livrés à eux-mêmes dans la ménagerie abandonnée. Ils se sont échappés et leurs descendants se sont répandus et reproduits sur les berges du río Magdalena.

Désormais, ces animaux gambadent librement. Selon un article du New York Times du 18 novembre 2023, « les autorités estiment qu'environ 170 hippopotames, descendants du troupeau d'origine de M. Escobar, parcourent la Colombie ». C'est le plus grand troupeau d'hippopotames du monde vivant, hors d'Afrique.

L'ARCHIVE.

L'archive disponible en tête d'article décrit la situation. Il s'agit d'un extrait du magazine « Focus » diffusé le 15 avril 2021 sur France 24. Le zoo privé du criminel est devenu un parc animalier très prisé du public. À Puerto Triunfo, l'ancienne propriété du narcotrafiquant Pablo Escobar abrite trois de ces animaux dont Vanessa, un bébé abandonné. Daniela Florez, biologiste du parc hacienda Napoles, explique pourquoi ils se sont particulièrement bien adaptés et ont proliféré. « Ils ne sont pas soumis à des facteurs de stress, ils n'ont pas de prédateurs naturels et le climat de la Colombie est vraiment idéal pour eux ».

L’hippopotame est considéré comme l'animal le plus meurtrier pour l'homme en Afrique. En proliférant, ils ont colonisé d'autres territoires, jusqu'à plus de 150 km de la propriété d’Escobar. « Ce sont des animaux qui peuvent peser deux tonnes et demie à l'âge adulte. Ils nagent plus vite que nous et peuvent courir à plus de 40 km/h ». Pour les observer, des précautions s'imposent. Camilo Toro, guide, emmène les touristes les voir sur le fleuve Magdalena. Si les hippopotames attirent les touristes, leur impact sur l'écosystème et la vie locale est lourd.

Un danger pour les habitants

« Souvent invisibles, imprévisibles, ces mastodontes sont un danger pour les habitants », comme en témoigne Luis Enrique Diaz, un paysan victime d'une attaque et gravement blessé : « Je marchais et l'animal est arrivé par derrière. Sa mâchoire s'est refermée sur moi, j'ai senti tous mes os craquer », raconte-t-il, des gestes reproduisant l'attaque, à l'appui de son récit glaçant. Il est maintenant invalide et sans ressources.

Leur population double tous les 10 ans. Dans un communiqué publié le 2 novembre 2023, le ministère de l'Environnement colombien a alerté en déclarant : « Si des mesures énergiques ne sont pas prises pour les contrôler, la population pourrait atteindre 1 000 individus en 2035. » Pour ce faire, le gouvernement a lancé un processus de stérilisation dans la vallée de la rivière Magdalena jusqu'à Momposina. L'objectif du gouvernement est de stériliser 40 hippopotames par an. Des déplacements vers d'autres pays comme l'Inde ou l'euthanasie « éthique » sont également envisagés.

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