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Après l'incendie du collège Pailleron, le débat sur la sécurité des établissements scolaires

Après l'incendie du collège Pailleron, le débat sur la sécurité des établissements scolaires

Il y a 50 ans, le 6 février 1973, un collège de la rue Édouard-Pailleron dans le XIXe arrondissement de Paris prenait feu. 16 enfants et 4 adultes périrent dans cet incendie d'origine criminelle. L'incident ouvrit néanmoins le débat sur ce type de construction, utilisant des poutrelles métalliques, choisi pour accueillir en urgence les enfants du baby-boom dans les établissements scolaires à partir des années 1960.  

Par Romane Sauvage - Publié le 06.02.2023
Incendie du CES Pailleron à Paris - 1973 - 03:20 - vidéo
 

L'ACTU.

Le 6 février 1973, un violent incendie d'origine criminelle se déclarait dans le collège Édouard-Pailleron, situé dans le XIXe arrondissement de Paris. 20 personnes, dont 16 enfants, trouvèrent la mort dans cet incident. Le type de construction, qui permit au feu de se propager à très grande vitesse, fut mis en cause et la responsabilité de l'État dénoncée. Depuis ce drame, les bâtiments scolaires construits avec les mêmes types de matériaux sont appelés « paillerons ».

LES ARCHIVES.

« On compte à cette heure-ci 19 morts et quatre disparus. » Le 6 février 1973, le collège d'enseignement secondaire (CES) dans le XIXe arrondissement de Paris, était ravagé par les flammes. « Les victimes sont des enfants qui participaient à des cours de musique donnés chaque mardi soir par le conservatoire du XIXe arrondissement, dans les locaux du CES. Un professeur et la concierge font partie des victimes. Pour le moment aucun indice ne permet de donner les raisons de cet incendie, de ce drame », poursuivait le présentateur du JT de 20h, dès le lendemain, dans l'archive en tête d'article.

Un journaliste, qui s'était rendu sur place, expliquait : « Il était 19 h 45 quand le sinistre s'est déclaré. Trois classes de solfège et une classe de piano se déroulaient au troisième étage du collège. Les flammes, qui ont éclaté, sans qu'il y ait d'explosion semble-t-il, ont pris de l'extension à une vitesse extraordinaire. » À tel point que les secours, arrivèrent devant un bâtiment déjà bien entamé par les flammes. « Lorsque les pompiers sont arrivés sur place, très vite pourtant, en moins de 4 minutes, il n'y avait déjà plus rien à faire pour éviter l'embrasement total du bâtiment. Deux heures plus tard, l'éditrice n'était plus qu'un tas de décombres. Seul un mur restait encore debout. »

Une vingtaine de victimes

Ce jour-là, les cours de conservatoire étaient donnés dans le collège pour la première fois, « ni les élèves, ni les professeurs ne connaissaient les lieux. » L'évacuation se fit dans la confusion et dut se faire par les fenêtres, raconte le reportage sur place. Devant le bâtiment, les proches et les secours se montraient dévastés. « C'est alors la consternation, les parents des élèves du conservatoire, alertés par radio, attendaient des nouvelles. Qu'était devenu leur enfant ? Était-il hospitalisé, errait-il, dans la rue, affolé, ou était-il resté prisonnier de l'amas de ferraille ? »

Et, ajoutait le journaliste : « le général des pompiers est lui-même effondré. » Le nombre de victimes était bien plus élevé que ce qu'ils pensaient, disait-il, désolé : « On pensait initialement qu'il y avait une victime, c'est ce qu'on nous avait dit(...) sauf qu'il y en a plus d'un. Je suis navré, les pompiers ont fait leur devoir. »

Qui est responsable ?

« Aujourd'hui, voici ce qu'il reste du CES de la rue Édouard-Pailleron dans le XIXe arrondissement », poursuivait le reportage. Les images montraient un bâtiment affaissé, sa carcasse encore fumante. « De construction récente, 3 ans à peine, ce collège fait de poutrelles métalliques, de cloisons de bois et de dalles de béton avait été édifié en quelques mois sur une ancienne carrière. Comment expliquer cet effondrement total du bâtiment, à la suite d'un incendie, aussi violent soit-il, quelles sont les origines de l'incendie ? »

L'enquête montra que l'incendie avait été provoqué par deux élèves, condamnés à 4 et 5 ans de prison avec sursis. Certains responsables politiques, insistèrent sur la responsabilité des deux jeunes gens, comme Christian Fouchet, ancien ministre de l'Éducation nationale et alors député de Meurthe-et-Moselle, qui accusa les conséquences de Mai-68 : « Voilà où mènent l'absence d'élévation morale, l'abdication des adultes, le déferlement de la violence et de la pornographie. »

Comme le montrait cependant, au lendemain du drame, l'archive ci-dessous, la solidité du bâtiment fut rapidement mise en cause. Et donc la responsabilité de l'État, qui l'avait construit. Comment le bâtiment avait-il pu brûler aussi vite ? « Reste le problème de la rapidité de l'incendie. Là, les choses sont beaucoup plus complexes », confirmait le journaliste avant de détailler les matériaux utilisés pour construire l'établissement scolaire. « Conclusion : les matériaux nouveaux que l'on semble incriminer dans cet incendie ne sont pas plus inflammables que les matériaux traditionnels, mais simplement la vitesse de propagation est beaucoup plus importante que dans les matériaux traditionnels en raison de leur légèreté. »

Explication incendie
1973 - 03:18 - vidéo

Le collège Édouard-Pailleron faisait en réalité partie de ces établissements qui avaient dû être construits à la hâte pour accueillir les enfants du baby-boom et de l'école obligatoire jusqu'à 16 ans. Ainsi, en 1979, le tribunal correctionnel condamna à de la prison avec sursis trois hauts fonctionnaires ainsi que le constructeur de l'établissement et son architecte. La fragilité de la construction, qui ne respectait donc pas les règles de sécurité, fut ainsi reconnue. Ils furent amnistiés par la suite.

Dès l'année du drame, les règles en cas d'incendie dans les établissements scolaires furent étoffés. Les autres bâtiments de type « Pailleron » furent progressivement détruits ou réhabilités. Le dernier, qui se trouvaient dans les Côtes-d'Armor, a été remplacé en septembre 2022.

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