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Le col roulé : un instrument de libération des hommes pour Ted Lapidus

Le col roulé : un instrument de libération des hommes pour Ted Lapidus

Longtemps jugé kitsch, le col roulé fait son grand retour cet automne, en tout cas dans les garde-robes des hommes politiques. Après Bruno Le Maire, Emmanuel Macron s'est lui aussi affiché avec un col roulé noir sous sa veste, le 3 octobre, pour faire passer un message de sobriété énergétique. En 1973, le couturier le considérait comme l'un des symboles de la décontraction masculine.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 04.10.2022
Ted Lapidus sur le col roulé - 1973 - 00:52 - vidéo
 

L'actu.

Lundi 3 octobre, après plusieurs ministres, dont celui de l’Economie Bruno Le Maire, Emmanuel Macron s'est présenté devant les caméras avec un col roulé gris anthracite​​​​ lors d'une courte intervention pour le lancement du site internet du Conseil national de la refondation. Le président a lui aussi utilisé le fameux col roulé pour faire passer son message « subliminal » de sobriété énergétique aux Français, à l’approche d’un hiver qui pourrait s’avérer difficile, entre les risques de rupture d'approvisionnement en électricité et gaz, et la flambée des prix de l’énergie en général.

L'archive.

Le pull à col roulé est apparu dans les années 1970, et a été décliné par de nombreux couturiers, dont le célèbre Ted Lapidus (1929-2008). Fervent défenseur de la mode masculine et de l’« élégance à la française », le couturier habillait les stars comme Alain Delon et John Lennon. A ses yeux, l'élégance devait pouvoir être portée partout et ne pas devenir un carcan. Avec une envie de rendre la mode masculine plus attractive, le créateur lança très tôt une ligne de prêt-à-porter, dans laquelle se plaçait un pull à col roulé en cachemire, devenu depuis un classique. Précurseur d'une mode moins virile et plus cool, il a été l'un des premiers à l'adopter. C’est sa vision personnelle de cette mode masculine décomplexée que livrait le couturier, lui même vêtu d'un col roulé clair sous une veste cintrée rayée, le 10 février 1973.

Il expliquait qu'alors, malgré les apparences, les hommes étaient très sensibles à leur allure, ce que nous appellerions aujourd'hui leur « look ». Il affirmait que tout ce qui tenait de « la fantaisie ou des loisirs » prenaient pour eux de plus en plus d'importance. Se montrant ravi, il voyait s'éloigner le dogme du costume trois pièces, qui pesait aussi bien sur la gente masculine que sur les créateurs. Dans cet échange, il rappelait d'ailleurs que dans les années 1960, les hommes partaient encore en vacances en « costume de fil à fil gris », ce qui devenait inconcevable selon lui.

Un col libérateur

Sur des images d'hommes filmés dans la rue, habillés par ses soins, il prédisait l'apparition dans les années à venir d'« un homme nouveau » décomplexé, qui mettrait des « sahariennes et du jean l'été » et bien-sûr, « un homme prêt à mettre des cols roulés n'importe où ». Cette révolution vestimentaire aiderait à l'émergence d'un homme désirant séduire et rajeunir, donc « plaire et ne pas vieillir ».

A l'époque de cet entretien, le col roulé était déjà en vogue chez les hommes politiques, notamment ceux de gauche, à l'image d'un René Dumont, chantre de l'écologie et premier candidat écologiste à la présidence de la République en 1974, ou encore François Mitterrand en vacances dans sa maison de Latche dans les Landes en 1973.

François Mitterrand à Latche
1973 - 01:56 - vidéo

Le couturier Ted Lapidus avait vu juste sur l'avenir du col roulé, mais n'imaginait sans doute pas que, près de quarante ans après cette interview, nos hommes politiques transformeraient ce symbole de la décontraction des seventies en emblème d'austérité énergétique.

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