Claude Sarraute est décédée à l'âge de 95 ans. Journaliste, écrivaine et chroniqueuse, elle a écrit pour Le Monde pendant près de 40 ans. Le quotidien rend ainsi hommage, le 20 juin 2023, à « une journaliste dont la liberté de style a marqué l’histoire [du] journal. »
En 1985, elle avait rejoint « Les Grosses têtes » avec Philippe Bouvard, puis, plus tard, Laurent Ruquier sur RTL. Elle a également écrit une quinzaine d'ouvrages. Le premier, Dites donc !, est un recueil des billets d'humeur qu'elle rédigeait pour Le Monde. À sa publication, elle était l'invitée de Bernard Pivot sur le plateau d'« Apostrophes » sur France 2.
« Alors, le style. Effectivement, c'est un style direct, populaire, parlé, familier. Les mecs, les nanas, etc. Ça a été bien accueilli au Monde, quand vous avez employé ce style ? », interrogeait le journaliste dans l'extrait disponible en tête d'article. Claude Sarraute, également la fille de Nathalie Sarraute, grande autrice du Nouveau roman, affirmait le choix du ton employé : « Au début, non, il a fallu du temps pour que les gens s'habituent. »
Une grande liberté de ton
Exemple à l'appui : « D'ailleurs, mon nouveau directeur, qui est un homme merveilleux, quand il a dû relire pour la première fois un de mes papiers en tant que directeur, j'avais mis "un mec". Il avait mis "un bonhomme". Alors je lui ai dit, "non, je t'en supplie ne met pas ça, on ne dit plus bonhomme". Alors, il a souri et il a dit ok. » À la lecture d'extraits par Bernard Pivot, provoquant un rire amusé de la journaliste, elle concluait : « Les rédacteurs, oh, certains étaient fous [de voir ça] ».
Quant à ses lecteurs, elle leur faisait confiance. « Vous savez, c'est très amusant, les lecteurs finalement, sont très bien habitués. » Même si parfois, ils s'offusquaient. « Le seul problème, c'est que comme je m'attaque à tout et n'importe quoi, je tombe toujours sur un lecteur qui tient particulièrement à un sujet. Il rit, il rit tous les jours et puis, brusquement je touche à quelque chose qu'il ne supporte pas. »