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1977 : se promener en forêt, un défi pour les promeneurs en période de chasse

1977 : se promener en forêt, un défi pour les promeneurs en période de chasse

La secrétaire d’État à la biodiversité Bérangère Couillard a dévoilé, lundi 9 janvier, plusieurs mesures concernant l’évolution de la chasse. La piste d'une journée sans chasse n'a pas été retenue. Cette question du partage entre chasseurs et promeneurs est pourtant l'un des motifs récurrents de conflits entre les deux parties.

Par Florence Dartois - Publié le 09.01.2023
La chasse 1ère partie - 1977 - 04:46 - vidéo
 

L'ACTU.

Le 9 janvier, le gouvernement a présenté les grandes lignes de son plan chasse. Parmi les mesures se trouve l’interdiction de la chasse sous l'emprise d'alcool et de stupéfiants, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent, ou le lancement d'une application sur smartphone, baptisée « Suricate », qui signalera - si le réseau fonctionne - les lieux et horaires de chasse. En revanche, la demi-journée sans chasse qui avait été évoquée fin octobre n’a pas été retenue. Pourtant, cette proposition était plébiscitée par 78 % des Français dans un sondage de l’Ifop.

L'ARCHIVE.

Le partage des bois et forêts entre chasseurs et promeneurs est un sujet de discorde ancien. Il a généré de vifs débats par le passé. L’archive que nous vous proposons en tête d’article illustre bien cette tension permanente, toujours dans l'actualité. En France, en 1977, il y avait plus de 2,5 millions de chasseurs. En période de chasse, des affrontements violents entre partisans et opposants à la chasse faisaient régulièrement la une des JT. Ce fut le cas dans le magazine « C’est la vie », présenté par Noël Mamère, en novembre 1977. Dans son lancement, le journaliste soulignait que les « chasseurs occupaient beaucoup le territoire » et qu’il était « devenu bien difficile en certains endroits de se promener sans risques ». Les accidents étant déjà nombreux, Alain Valentini était allé se promener dans les bois pour prendre la température, « et les propos qu’il a recueillis sont édifiants », prévenait Noël Mamère avant le reportage.

Alain Valentini interrogeait d'abord un couple de promeneurs venus sortir leurs chiens, loin de chez eux, où « évoluaient des chasseurs à longueur de samedis ou de dimanches », et qui les empêchaient de se balader. La femme décrivait les intimidations qu'elle avait subies de la part des chasseurs qui lui avaient bien fait comprendre d’aller se promener ailleurs, parfois avec des menaces violentes : « le plus méchant, c'est qu’on m’a menacée avec des fusils ouverts, en me menaçant de tuer un des chiens », expliquait-elle. Son mari ajoutait que les chasseurs arguaient la possession de leur carte de chasse pour continuer leur activité en toute impunité, leur expliquant que s’ils étaient blessés « ils ne répondaient de rien ». « C’est presque du meurtre autorisé », ajoutait-il.

La loi du plus fort

Le journaliste s'était ensuite rendu du côté des chasseurs. Aucun d'eux n'ayant accepté de témoigner à visage découvert, c'est donc uniquement leurs silhouettes lointaines que la caméra avait filmées, et leurs commentaires qui avaient été enregistrés. Avec une ironie assumée, ils expliquaient que l'accès aux bois leur était dû puisqu'ils payaient « un droit de chasse ». L'un d'eux déclarant que les promeneurs n’avaient qu’à se rabattre sur les « parcs nationaux où la chasse était interdite ». Une femme ajoutait narquoise : « on paye un droit pour chasse, vous n’avez qu’à payer un droit pour vous promener où vous pouvez ». Ce droit de chasse leur donnait la jouissance des bois, ils expliquaient qu'ils ne pouvaient pas être tenus responsables de tirer sur quelqu’un qui n’était pas censé être là : « soyons logique. Quand vous avez des chasseurs dans un bois et puis des promeneurs, ça ne peut pas faire bon ménage ! », argumentait l'un d'eux avec aplomb.

Le reportage s'achevait près d'un pavillon situé en lisière de forêt, là où vivait une famille avec deux enfants. Mais ici aussi, bien que la chasse soit interdite, le journaliste précisait que « la situation » n’était « pas plus encourageante ». D'ailleurs, la propriétaire témoignait qu’un après-midi, elle avait entendu « des plombs tomber sur la toiture » de sa maison, pourtant « assez visible ». Cette riveraine du bois s’inquiétait pour la sécurité de ses fillettes qui jouaient dans leur terrain au risque de se prendre une balle perdue.

De retour en plateau, Noël Mamère, visiblement excédé par ce qu'il avait vu, concluait en dénonçant que de telles « agressions étaient inadmissibles ». Il ajoutait sur un ton irrité, bien loin de la neutralité journalistique requise, que ce n'était pas « autre chose qu’une atteinte à la liberté d’aller et de venir, à laquelle nous avons tous droit ».

Un bois loué

En 1975, les chasseurs étaient nombreux à profiter d'un vide juridique sur les espaces ouverts à la chasse pour s'approprier de plus en plus de bois et notamment près des grandes villes. Exemple avec le bois de Ponchartrain, près de Plaisir dans les Yvelines, loué à une société de chasse privée. Une habitante raconte comment cela s'est passé et les menaces reçues.

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