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Charles, l'épicier octogénaire de Cambrai qui aimait vendre (et faire) des bêtises

Charles, l'épicier octogénaire de Cambrai qui aimait vendre (et faire) des bêtises

Qui ne connait pas cet adage ? Le travail, c'est la santé.  Charles Marlière, lui, en était une preuve vivante. En 2004, à 85 ans, il tenait toujours son épicerie, vendant toutes sortes de produits, dont les fameuses bêtises de Cambrai. Véritable institution locale, il ne comptait pas fermer boutique comme le montre cette archive.

Par Florence Dartois - Publié le 10.08.2023
 

Nos archives recèlent de pépites glanées dans les journaux de France 3 Régions. Des instantanés qui témoignent de la vie quotidienne des Français d'autrefois, des pépites que l'on aime regarder avec une pointe de nostalgie parfois. L'archive que nous vous présentons en tête d'article n'est pas très ancienne, pourtant elle nous plonge dans la France des années 60, dévoilant un personnage haut en couleur, à l'énergie débordante. Il s'agit du portrait d'un épicier de Cambrai que nous retrouvons dans sa boutique d'un autre temps.

L'ARCHIVE.

En août 2004, le JT du Nord-Pas-de-Calais s'était rendu au 9 rue Pasteur, à Cambrai, dans l'épicerie de Charles Marlière, 85 ans et toujours en activité. Ce jour-là, c'était l'heure de la livraison, quelques bouteilles de sirop à l’ancienne, l’une de ses spécialités, et des martinets, de quoi étonner la journaliste. « Pour les chiens, les belles-mères, votre mari peut-être ? » plaisantait-il.

Dans sa boutique, rien n’avait changé depuis 54 ans. Dans ses vitrines, ses étiquettes étaient toujours écrites à la main, impeccables. Il n'oubliait pas non plus sa bonne éducation et un petit cadeau pour le livreur qui le qualifiait de « mythe ». Dans son bric-à-brac, on trouvait de tout, des pièges à souris, des « auto-brasseurs » pour faire sa propre bière et même des choses désuètes comme cette étamine, que malgré son sens du commerce aiguisé, l’épicier avait bien du mal à vendre. Car l'étamine, sorte de filtre qui servait à faire la confiture, plus personne ne l'utilisait, « les gens, ils achètent des confitures toutes faites », déplorait-il.

Autrefois, Charles livrait à domicile, il gardait un souvenir ému de ce temps où il pouvait livrer « 8 kilos de pâtes Rivoire », alors qu’aujourd’hui, regrettait-il, « on vend un paquet de pâtes de 250 grammes tous les trois mois ».

De l'énergie à revendre

À ses côtés, toujours présente, son épouse Jeanne, 80 ans, bien obligée de continuer à travailler avec son époux mais visiblement épuisée, « si c’était moi, il y a longtemps que ce serait arrêté, mais je ne peux pas. Pour lui, c’est sa vie, c’est tout. » Mais Charles, lui, n'avait pas l'intention de déposer le tablier, avec ses bêtises plein les tiroirs, le bonbon local, il « fidélisait toujours sa clientèle ». Des clients amoureux de l'homme et de l'endroit, comme celui-ci qui confiait adorer l’odeur et le contact, « il y a quelque chose qui n’existe plus ailleurs certainement pas dans les grandes surfaces ».

Cette facilité de contact, Charles l’exerçait volontiers avec ses clientes qu’il n’hésitait pas à courtiser, avec malice. « Il parait que je suis atypique », déclarait-il avec une pointe de fierté.

Charles Marlière a tenu son épicerie encore quelques années. Il décéda en 2015, à l’âge de 95 ans et eut même l'honneur de la presse locale, avec un article dans La Voix du Nord.

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