Un mois avant sa mise en fonction, il y avait des problèmes de soudure à la centrale de Penly

L'ACTU.

Le 7 mars, Karine Herviou, directrice-générale adjointe de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a alerté sur la détection d’une fissure importante dans un circuit de refroidissement d'eau du cœur du réacteur de la centrale de Penly (Seine-Maritime). « C'est un problème sérieux qui affecte ses réacteurs », a-t-elle déclaré, avant d'alerter sur la gravité de la fissure découverte d'un diamètre de « 23 millimètres sur une épaisseur de tuyauterie qui en fait 27 ». Une découverte qui va retarder sa reprise prévue pour le 20 mars puisque l'IRSN a demandé à EDF de revoir sa stratégie de contrôle des problèmes de corrosion de certains réacteurs.

Le 13 janvier 2022, l’IRSN avait déjà indiqué qu’un réacteur de la centrale connaissait un problème de corrosion sur un système de sécurité. EDF avait alors annoncé la prolongation de l’arrêt de la tranche N°1 de Penly (elle se situe dans la commune de Petit-Caux sur la côte de la Manche, entre Le Tréport et Rouen). Elle était en révision décennale depuis octobre 2021. Karine Herviou évoquait alors « un défaut de l'ordre du millimètre », un problème qui « serait dû à un phénomène de corrosion sous contrainte ». EDF avait précisé qu’une fissure avait été identifiée « à proximité d’une soudure sur une portion de tuyauterie de l’une des quatre lignes que compte le système d’injection de sécurité ».

La construction de la centrale nucléaire de Penly a débuté en 1982 pour la tranche 1, et en 1984 pour la tranche 2. Son exploitation par EDF a débuté en 1990. Mais, un mois avant sa mise en fonction, la centrale avait déjà connu des alertes concernant les soudures, comme le montre l’archive en tête d’article.

L'ARCHIVE.

Le 17 août 1989, le JT Haute-Normandie soir de FR3 faisait référence à de « menus déboires » dus à la sécheresse et à des « problèmes techniques » à Penly. À l’époque, avant même la mise en service de la tranche 1, il avait fallu reporter d’un mois sa mise au réseau. En cause, la découverte d’anomalies par le Service de sûreté des installations nucléaires. La « police des centrales » lançait déjà un avertissement, alertant sur la non-fiabilité de certaines pièces.

Un contrôle avait mis en évidence des anomalies, « une bévue » sur des « pièces maîtresses du circuit primaire ». Le Service de sûreté des installations nucléaires estimait qu’il faudrait 1000 heures aux ingénieurs EDF de Penly pour réparer les soudures défectueuses. Il s’agissait pour les techniciens de « déshabiller la pièce » pour accéder aux soudures et de les refaire « assez solides pour résister à des pressions énormes de 155 bar », l'objectif étant de les rendre étanches. Les « anomalies » avaient été repérées sur le « circuit de mesure », un système de « fins tubes d’acier » présenté à l'image. Une pièce essentielle de la centrale.

Une mauvaise conception

À la même période, des « suintements suspects » avaient également été découverts dans d'autres centrales, notamment à Nogent-sur-Seine. Après enquête, le chaudiériste nucléaire, fournisseur d'équipement, Framatome avait été mis en cause. Le sujet expliquait que les fuites repérées provenaient d'une pièce de mauvaise qualité agencée dans « les hangars de fabrication du constructeur Framatome ». À Penly, s'il n’y avait pas de fuites, la durée de fiabilité des soudures s'avérait trop courte.

Début mars 2023, 15 réacteurs sont toujours à l'arrêt depuis 2021.