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Avec les partisans de la légalisation du cannabis

Avec les partisans de la légalisation du cannabis

Le 24 janvier, le Conseil économique, social et environnemental (Cese), constatant que les « politiques publiques en vigueur peinent à atteindre les objectifs » établis, s'est prononcé en faveur d'une légalisation des usages récréatifs du cannabis. L'organisme rouvre ainsi un sujet régulièrement débattu.

Par Romane Sauvage - Publié le 25.01.2023
Congrès pour la dépénalisation du cannabis - 1993 - 02:11 - vidéo
 

L'ACTU.

Le Conseil économique, social et environnemental (Cese) s'est prononcé « en faveur d'une légalisation encadrée des usages dits "récréatifs" du cannabis. » Cette assemblée constitutionnelle française, composée de représentants issus du patronat, de syndicats ou encore d'associations est chargée de conseiller le parlement ou le gouvernement et de participer à l’évaluation des politiques publiques. C'est dans ce cadre qu'il a rendu un avis concernant le cannabis et « la mise en place d'un système de prohibition depuis plus de 50 ans » en France.

Malgré ce dernier, qui est l'un des plus répressifs en Europe, dit le Cese, « la France est le pays de l'Union européenne qui compte en proportion le plus de consommateurs et consommatrices de stupéfiants, avec 45 % des 15-64 ans qui ont déjà consommé du cannabis au moins une fois au cours de leur vie » contre 27 % dans l'Union européenne. Selon l'organisme, force est de constater que « les politiques publiques en vigueur peinent à atteindre les objectifs de santé et de sécurité publique. »

Le Cese propose des pistes afin de passer d'un « cadre répressif » à un encadrement des pouvoirs publics. Une prise de position qui vient grossir les rangs de ceux qui prônent la légalisation du cannabis.

LES ARCHIVES.

« Faut-il dépénaliser la drogue pour limiter le trafic ? » Dans l'archive présentée en tête d'article et diffusée sur France 3 en juin 1993, Élise Lucet annonçait la tenue, en France, d'un congrès visant à discuter de la légalisation du cannabis. « Pour la première fois en France, des intellectuels, des magistrats, des policiers et des médecins venus du monde entier sont venus plaider la cause de la vente libre du cannabis. »

À cette occasion, un reportage faisait le point sur celles et ceux qui militaient pour un changement de législation sur cette drogue, consommée, entre autres, dans un cadre récréatif. « La France est l'un des pays les plus sévères sur ce dossier et ce congrès risque bien de provoquer de très vives réactions », entendait-on. En effet, en France la consommation et la détention de cannabis est interdit par la loi et relève du droit pénal.

Des cultures discrètes

Bien qu'interdit et passible de prison pour leurs propriétaires, « quelques milliers de plans de cannabis poussent en France. » Une culture privée et discrète, expliquait le reportage : « Herbes cachées entre pensées ou cosmos, ou plus méthodiquement soignée comme cette culture artisanale. » Le journaliste rendait visite à un homme qui cultivait pour sa consommation personnelle : « Je n'ai pas l'impression de commettre le moindre mal, d'être nocif à qui que ce soit. »

Il argumentait en faveur d'une légalisation, afin de limiter les risques pris par les consommateurs : « Ce qui se présente comme alternative quand on est consommateur de cannabis, c'est soit s'approvisionner en cannabis sur le marché noir, avec tout ce que ça comporte comme fréquenter des dealers, aller acheter, prendre des risques, trouver des produits qui ne sont pas forcément très bons. »

Jean-Pierre Galland, organisateur de la journée internationale du cannabis, renchérissait : « il y a encore des gens qui sont persuadés de la théorie de l'escalade, c'est-à-dire que l’on passe du cannabis à l’héroïne. » Le journaliste relevait la paralysie du débat sur ce sujet : « dépénaliser les drogues douces, depuis l'appel historique du 18 juin 1976, l'idée n'a guère fait de chemin. »

Militer pour la légalisation

En référence à cet « Appel du 18 joint », manifeste appelant à légaliser le cannabis publié dans Libération et signé par de nombreuses personnalités, l'association Collectif d'information et de recherche cannabique (Circ) organisa à partir de 1993 des rassemblements au parc de la Villette, tous les ans aux alentours de la mi-juin. L'objectif était d'interpeller les pouvoirs publics et les citoyens sur la question.

Comme en 1996, tel que le rapportait l'archive ci-dessous : « bravant une nouvelle fois l'interdiction préfectorale, les fumeurs de joints se sont montrés au grand jour, toujours en quête d'une reconnaissance légale de leur petit plaisir. » Avec des arguments plus ou moins étoffés. « On est peace, on est entre nous, (...) le cannabis, ce n'est pas du tout dangereux, c'est moins dangereux que l'alcool, l'exta, tout ça. Le cannabis, c'est pur, c'est une plante, c'est vraiment bon quoi », disait un manifestant.

Dominique Voynet, alors figure de premier plan du parti Les Verts, avait rejoint les rangs des militants et argumentait plus sérieusement au micro de France 3 : « La politique de prohibition et de répression des drogues ne règle aucun problème. Dans les quartiers, dans les cités, mais aussi dans les pays du tiers monde, l'économie de la drogue est florissante, le trafic à exploser ces dernières années et les forces de police continuent à nier le problème en s'intéressant seulement aux petits consommateurs occasionnels. »

Dénonçant le manque d’effectivité de la législation en vigueur, et « surs de ses bienfaits (...), les consommateurs de cannabis réclament un débat national pour sortir de la clandestinité. » Un débat que l'avis du Cese donné en janvier 2023 relancera peut-être.

Pour les créateurs de contenus

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