Chaque année, l'opération Octobre rose met en lumière celles et ceux qui combattent le cancer du sein. Il y a aussi ceux qui aident les femmes à se reconstruire psychologiquement et physiquement. Chairs meurtries et l'ablation du sein, depuis la fin des années 1960, du chemin a été fait pour aider les femmes à se réapproprier leur corps meurtri et à reconquérir leur féminité, c'est ce que montre le montage d'archives présenté en tête d'article.
L’ablation du sein est une opération traumatisante. Dans les années 70, alors que cette opération se développe pour les femmes atteintes d’un cancer, certaines viennent en parler devant la caméra. Mais les suites de l'opération et son impact sur la vie sociale et amoureuse reste un tabou. Quelques rares archives en témoignent. Cette ablation, la mastectomie, peu de femmes souhaitent l'évoquer. La peur du regard des autres, son propre jugement... C’est pourtant à cette époque que la parole commence timidement à se libérer, notamment grâce à des associations de soutien psychologique créées par d’anciennes opérées. Dans ces années-là, des progrès en chirurgie réparatrice, avec des reconstructions mammaires grâce aux prothèses en silicone, changent la vie des femmes. Mais, même « réparée », il est encore difficile d’assumer sa maladie et d'accepter son nouveau corps.
S'accepter, s'aimer et le montrer
Dans les années 90, nouvelle révolution, les chirurgiens développent la reconstruction mammaire immédiate. Une seule et unique opération où l’on utilise la peau et la graisse du ventre pour reconstituer la poitrine. Pour les femmes : c’est un vrai progrès ! Et pourtant, témoigner reste toujours compliqué.
En 2010, une association, les « Amazones », fait sauter un verrou. Des femmes assument leurs corps incomplets et s’exposent sur des clichés. Un grand pas pour la reconnaissance de la maladie. Grâce à ce travail, de plus en plus de femmes revendiquent et assument leur asymétrie : défilés en lingerie ou en maillots de bains, shootings photos ou dernière tendance : le tatouage. Une manière de transformer la cicatrice en œuvre d'art.
Chaque année en France, un cancer du sein est diagnostiqué chez près de 50 000 femmes. 40 % des patientes, soit 20 000 femmes subissent une mastectomie.
