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«C'est agréable de gagner sa vie en jouant la comédie mais le business, c'est horrible»

«C'est agréable de gagner sa vie en jouant la comédie mais le business, c'est horrible»

Ray Liotta, l'inoubliable Henry Hill des « Affranchis » vient de mourir à l'âge de 67 ans. Son visage de « bad guy » a illuminé le cinéma américain durant près de 50 ans.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 27.05.2022
Cinéma : "Les affranchis" de Scorsese - 1990 - 02:53 - vidéo
 

Ray Liotta est décédé le 26 mai 2022, il avait 67 ans. L'acteur américain a connu la célébrité avec le rôle d'Henry Hill, un gangster raté devenu « balance » du FBI dans le film Les Affranchis de Martin Scorsese. Né le 18 décembre 1954, il s'est imposé dans les années 1990 dans les rôles de malfrats, de flics parfois ripoux ou de criminels inquiétants. Après Les Affranchis, il a joué dans Obsession fatale (1992), un gros succès, Mémoires suspectes (1996), Copland (1997) ou Phoenix (1998).

En septembre 1990, un film présenté comme un chef d'oeuvre du polar sortait en avant-première en France : Les Affranchis. Pour l'occasion, le journal de 13h00 d'Antenne 2 était allé rencontrer le réalisateur et le casting de ce film événement. C'est cette interview qui est proposée en tête d'article.

Il s'agissait d'une promo plutôt originale où l'on apprendrait peu de choses sur le film. En effet, Martin Scorcese et ses deux acteurs Robert de Niro et Ray Liotta, sans doutes exténués par le décalage horaire, allaient préférer parler de toute autre chose !

Une équipe dissipée

De bon matin, dans un hôtel luxueux, le trio était venu défendre son film dans un style décontracté. Robert De Niro, jean et veste en peau marron, apparaissait « attentif, agité et drôle ». Ray Liotta, chemise blanche et pantalon ample remettait ses idées en place en se grattant le cuir chevelu « avec énergie ». Quant au réalisateur, épuisé, il trouvait encore la force de plaisanter sur sa fatigue.

Après la bande annonce du film, le commentaire précisait qu'il s'agissait d'une histoire vraie de la Mafia « vue à travers le regard de truands minables », traité avec « humour, brio et férocité ». De leurs héros, on apprendrait uniquement qu'ils partageaient un point commun avec eux : leurs origines italiennes. Martin Scorcese confiait que « Bob » et lui ne vivaient « qu'à quelques rues de distance dans le quartier de Little Italy » dans leur enfance, mais qu'ils ne s'étaient rencontrés que bien plus tard, lorsque De Niro avait débuté comme acteur et lui comme réalisateur, en 1970.

Installé dans un canapé pourpre, face à un plateau de viennoiseries, Ray Liotta expliquait qu'il était à moitié italien, mais aussi « un peu irlandais, un peu écossais ». Il plaisantait à propos des liens de ses confrères : « j'aurais bien voulu faire partie de leur famille, je suis tellement jaloux d'eux. ».

Quant à l'espiègle De Niro, il préférait évoquer son fils Raphaël, plutôt que son propre rôle, lui conseillant de travailler car dans ce métier d'acteur, selon lui, on ne respectait « que les gens qui veulent travailler dur, pas ceux qui font ça par piston, en dilettante, en pensant que c'est facile ». Il l'encouragerait à « faire ses preuves et démontrer qu'on est le meilleur ».

Rien sur le film donc, mais un remarquable numéro d'acteurs quand même, pour cette promo étonnante.

Un « Bad Guy » à Deauville

Des années plus tard, le 10 septembre 2014, le Festival du Cinéma Américain de Deauville rendait hommage à Ray Liotta, venu en Normandie pour l'occasion. Cette fois il donnerait sa vision, un peu désabusée, de l'industrie cinématographique.

Le reportage ci-dessous débute le soir de l'hommage où Vincent Lindon lui avait rendu hommage le qualifiant de « star, une présence qui attire irrésistiblement le regard quand elle apparaît à l'écran. Il arrive on le regarde. Il parle on l'écoute... », puis l'acteur était monté sur scène pour recevoir sa récompense.

Sur les planches de Deauville ou devant la cabine de plage baptisée à son nom, il avait gentiment signé des autographes et posé pour les badauds qui souhaitaient prendre son visage familier de « Bad Guy » en photo, le reconnaissant, sans vraiment savoir qui il était.

L'acteur était déjà venu à Deauville, 27 ans plus tôt, pour son premier film, Dangereux sous tous rapports. A 59 ans, il avait déjà une soixantaine de films à son actif, dont Les Affranchis, un rôle qui avait marqué sa carrière, mais qui ne lui avait pas facilité la vie. S'il aimait le métier, il détestait le « business » qu'il y avait autour et qui lui avait «compliqué la vie » et avait nui à son « côté artistique ». Il regrettait que trop souvent, on ne soit pas choisi pour son talent, mais pour des considérations financières et ce que l'on rapporterait

Ray Liotta avait une certaine nostalgie de la grande époque des films noirs : « je suis presque jaloux de ne pas être né dix ans plus tôt parce que les années 1970, c'était une période géniale pour le cinéma, pour les anti-héros ». Il déplorait qu'il ne restait d'argent disponible que pour les block-busters, ajoutant qu'autrefois l'industrie cinématographique n'hésitait pas à prendre des risques.

En avance sur son temps, il soulignait que c'était dorénavant à la télé, dans les séries, que l'on pouvait trouver de bons rôles et « raconter des histoires intéressantes (...) du coup, il y a beaucoup de scénarios intéressants, passionnants », concluait-il. L'acteur ne s'était pas trompé.

Ray Liotta mi ombre, mi lumière dans Obsession fatale

Pour son rôle de flic ambigu dans Obsession fatale en 1992, il s'était immergé dans une brigade de police. Dans l'interview ci-dessous, il décrivait ce que lui avait apporté cette immersion pour son rôle, affirmant que « la chose la plus importante que l'on apprend, c'est à les voir au-delà de l'uniforme et du pistolet, en tant qu'être humain (...) Moi, j'ai pu les considérer comme des hommes et c'est ça qui était bien ».

Obsession fatale
1992 - 02:20 - vidéo

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