L'ANNIVERSAIRE.
La Brigade de recherche et d'intervention (BRI) de la préfecture de police de Paris, a fêté ses 60 ans d’existence en 2024. Créée à l'origine pour lutter contre le grand banditisme, ces policiers d'élite anti-commando se sont spécialisés ces dernières années dans l'anti-terrorisme. Ils sont notamment intervenus lors des attentats du 13 novembre 2015. Leur efficacité repose sur un entraînement exigent.
Le 24 octobre 1964, la Brigade de recherche et d'intervention de la préfecture de police de Paris voyait le jour. Les braqueurs représentaient alors la cible privilégiée de la brigade anti-gang. En 1964, pour son créateur, le commissaire François Le Mouël, il s'agissait de réorganiser ses forces en une « brigade anti-gang » capable de lutter contre les braqueurs de banque qui sévissaient en région parisienne. La nouveauté de ce groupe était d’intervenir en amont des braquages, en menant des enquêtes judiciaires sur le terrain pour arrêter les malfaiteurs avant qu'ils ne frappent.
Dans l'archive ci-dessous, datée du 22 mars 1969, le commissaire François Le Mouël décrit le fonctionnement innovant de sa brigade, installée au 36 quai des Orfèvres.
La brigade antigang par le commissaire Le Mouel
1969 - 00:53 - vidéo
Parmi les affaires judiciaires notoires de l'unité, on peut citer l'enlèvement du baron Edouard-Jean Empain, un chef d'entreprise libéré après 63 jours de séquestration, et la traque de Jacques Mesrine, « l'ennemi public numéro un » par les hommes du commissaire Robert Broussard. Il sera tué dans sa voiture criblée de balles porte de Clignancourt.
Mesrine : les lieux et la PJ
1979 - 02:41 - vidéo
Au fil des ans, la brigade anti-commando s'est spécialisée sur des interventions spécifiques, lors de prises d’otages ou d'attentats. La BRI fut présente aux côtés du RAID et du GIGN le 9 janvier 2015, pour les assauts menés simultanément à l'Hyper Cacher de la Porte de Vincennes où était retranché Amedy Coulibaly, et à Dammartin-en-Goële où s'étaient repliés les frères Kouachi, les assaillants de Charlie Hebdo. Ils étaient aussi présents lors des attentats du Bataclan le 13 novembre 2015. Ce sont les hommes de la BRI qui ont tué les deux derniers terroristes qui retenaient des otages dans un couloir du Bataclan.
Dans l'archive ci-dessous, une semaine après le drame, Christophe Molmy, chef de la BRI, décrivait le travail de ses hommes dans la salle de concert jusqu'au dénouement final. Il est notamment question du bouclier en forme de sarcophage, le Ramsès, d'un poids de 80 kg, derrière lequel les policiers ont lancé l'assaut. Criblé de balles de kalachnikov, il trône toujours actuellement dans les locaux de la BRI au 36 quai des Orfèvres. Un témoignage saisissant.
L'assaut du Bataclan
2015 - 02:42 - vidéo
« Nous sommes passés à l'assaut, la première colonne s'est retrouvée dans un couloir face à une vingtaine d'otages terrifiés, avec derrière eux les deux terroristes qui ont ouvert le feu... »
Des entraînements intensifs
Pour mener à bien ces opérations périlleuses, les unités s'entraînent régulièrement pour acquérir les réflexes qui leur permettront d'agir automatiquement. Sur le terrain, l'enjeu est d'agir vite et efficacement en tirant le moins de balles possibles.
Les archives offrent un témoignage particulièrement intéressant de l'évolution des entraînements sur ces 60 dernières années. La doyenne des unités d'élite des forces de l'ordre n'a jamais hésité à communiquer pour afficher son professionnalisme - et qui sait - impressionner ses adversaires. De nombreux reportages télévisés lui furent consacrés dès les années 1970. Comme on le voit dans l'archive disponible en tête d'article.
L'ARCHIVE.
« Il n'y a pas plus de super-policier qu'il n'y a de super-police, mais par contre les policiers de cette brigade (...) travaillent suivant des méthodes particulières et avec des moyens particuliers ». Il s'agissait de méthodes de surveillance et de filature que le commissaire interrogé en train de conduire dans Paris ne souhaitait pas dévoiler.
Nous sommes en 1970 et la brigade anti-gang ouvre ses portes au magazine « Vingt quatre heures sur la deux ». Ce flic ouvert, mais peu loquace, c'est Jacques Reilhac, commissaire divisionnaire, il évoque les risques du métier. Dans ce reportage, tous les policiers interrogés restent anonymes et témoignent à visage caché pour éviter d'être reconnus par ceux qu'ils pourchassent, « il est très dangereux d'être reconnu. La plus grande efficacité vient de notre anonymat ». Plus tard, un inspecteur décrivait ses conditions de travail, la nécessité de savoir viser juste et très rapidement. Fière de sa spécificité, la brigade incarnait aux yeux de ses responsables la police de demain : « nous passons de la boutique de l'artisan aux succursales multiples » expliquait-il. La séquence se terminait par le témoignage de deux policiers filmés de dos sur le vocabulaire spécifique, l'argot, utilisé dans le milieu et qu'ils maniaient avec dextérité.
Policiers et champions sportifs
La plupart des reportages consacrés à l'anti-gang ou à la BRI font la part belle à l'entraînement des hommes. Entraînement musclé au combat physique, au tir... rien n'échappe aux caméras. L'archive suivante date d'août 1973. On apprend de la bouche du commissaire Sautereau, chef de la brigade anti-commando, que ses hommes sont tous des policiers de 35 ans environ et qu'ils ont sans exception des titres de champions en matières de tir ou de sport. Démonstration à l'appui, avec de belles scènes au ralenti, les images montrent quelques techniques de combat et de désarmement de l'adversaire, puis une séance de tir. Cet entraînement exigeant représente la meilleure assurance, précise le commissaire, d'assurer la sauvegarde des otages.
Entraînement de la brigade antigang parisienne
1973 - 01:43 - vidéo
« La vie des otages est très précieuse et nous ne voulons pas la sacrifier. Ce que nous cherchons, nous, c'est à neutraliser l'adversaire sans toucher aux otages et sans que le personnel en souffre et même (...) sans que la vie de l'adversaire soi elle-même en danger ».
Des «tontons flingueurs» professionnels
En 1975, la BRI est dirigée par les commissaires Leclerc et le célèbre Broussard qui parviendra à éliminer Mesrine quelques années plus tard. La BRI a été renforcée après les attentats aux JO de Munich de 1972. Les 20 hommes recrutés sont des volontaires, à la fois policiers et moniteurs de sports de combats. Ils ont, précise le commentaire, le même salaire que les autres policiers de la territoriale ou de la mondaine, « environ 3 000 francs par mois et pas de prime de risque ».
Pour ses 10 ans d'existence, la télévision consacre un nouveau reportage passionnant à l'anti-gang aux méthodes marginales : « leur mission, identifier, rechercher, localiser les malfaiteurs de grande envergure et les arrêter en flagrant délit. » Sur des images de leur entraînement et d'opérations - dignes de films policiers de Melville ou de Boisset - le commentaire énumère certaines de leurs affaires retentissantes. « Le Milieu craint cette brigade anti-gang dont il redoute le travail systématique de recherche du flagrant délit. On les appelle les "Incorruptibles" ».
Pour le commissaire Broussard interrogé au Trocadéro, ses hommes sont comme les autres : « Nous sommes accusés d'être des "tontons flingueurs". Si nous sommes des "tontons flingueurs", c'est que les bandes rivales nous obligent à tirer, à riposter. Nous ne sommes pas des tueurs, je peux vous le garantir. » Et d'expliquer que certes, ils sont parfois poussés à agir brutalement, mais que lorsque bavure il y a, ils le regrettent toujours.
La brigade anti gang du commissaire Broussard
1975 - 03:39 - vidéo
La BRI à l'heure du terrorisme
En 2015, pour fêter ses 50 ans, les hommes de la BRI organisaient un exercice impressionnant sur les tours de la bibliothèque François Mitterrand dans le XIIIe arrondissement de Paris. Au programme : escalade des tours et dépose de tireurs sur leur sommet. Cette fois, les exercices se déroulaient en présence du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, venu saluer les policiers et de Robert Broussard, l'ex-patron de l'anti-gang. Christophe Molmy, le chef de la BRI expliquait que chaque année ses troupes d'élite réalisaient entre 160 à 200 interventions, souvent menées dans la discrétion. La dernière en date, celle de janvier 2015, avec l'assaut de l'Hyper Casher de la Porte de Vincennes.
Cette année-là, pour la première fois, la BRI serait à l'honneur lors du défilé du 14 juillet sur les Champs-Élysées, défilant aux côtés du GIGN et du RAID.
Les 50 ans de la brigade de recherche et d'intervention (BRI)
2015 - 01:58 - vidéo
« L'essentiel de notre quotidien ce sont des filatures-surveillances et aussi de l'entraînement de façon à être à niveau sur intervention ».
Des entraînements de plus en plus pointus
Le 9 janvier 2017, pour les deux ans de l'anniversaire de l'attaque de l'Hyper Cacher, TF1 proposait un reportage sur les entraînements de la BRI pour s'adapter à la nouvelle menace terroriste. Depuis 2015, ses effectifs avaient doublé et la BRI bénéficiait d'un arsenal militaire de pointe. Cette unité d'élite composée de 120 agents en alerte perfectionnait ses méthodes d'intervention par le biais d'exercices grandeur nature, effectués ce jour-là, au pied de la Tour Eiffel.
Depuis le Bataclan, l'unité pouvait intervenir dans l'obscurité la plus complète, comme dans une salle de spectacle, ou encore dans les transports en commun. Depuis l'Euro 2016, elle assurait la protection de personnalités très sensibles sur les compétitions sportives, tout en continuant ses activités d'enquête et de filature.
Des images de l'entraînement, des exercices et de missions alternent avec des interviews de Georges Salinas, chef adjoint de la BRI, d'un policier de la BRI et de Christophe Molmy, chef de la BRI. « Aujourd'hui, on a une menace qui n'existait pas, il y a encore quelques années. Il faut toujours se poser des questions, remettre à plat notre travail et avoir une modestie face aux événements, et ne pas imaginer qu'on a tout envisagé », concluait-il.
Menace terroriste : l'entraînement de la BRI
2017 - 04:14 - vidéo
« On a des gens qui vont essayer de faire un maximum de morts et de victimes dans un temps très court. C'est pour cela qu'on a travaillé sur cette rapidité, puisque nos premiers éléments sont là entre 15 et 20 minutes ». (Georges Salinas) ; « Il faut être physionomiste, faire preuve de mémoire. Il faut avoir le sens de l'orientation ». (Un policier de la BRI)
BRI : simulation d'attentat
2018 - 02:54 - vidéo
Depuis les attentats du 13 novembre 2015, les policiers de la BRI s'entraînent pour être parés face à toute nouvelle menace terroriste. Ils travaillent sur la rapidité de l'intervention et l'inter-opérabilité : interagir avec d'autres types de police (GIGN, RAID). Ici, ils simulent une intervention près du Palais des sports dans le XVème arrondissement de Paris.
Une sélection impitoyable
Pour faire face à la nouvelle menace du terrorisme, la sélection des hommes de la BRI se doit d'être impitoyable, « beaucoup de candidats pour peu d'élus » précise le commentaire de l'archive ci-dessous. En septembre 2017, FR3 proposait un reportage exceptionnel en immersion durant une semaine au cœur des épreuves organisées pour intégrer ce fleuron de la police judiciaire. Pour la première fois, une équipe avait pu filmer ces épreuves poussant dans leurs retranchements ces 80 candidats prêts à tout pour intégrer le groupe.
Au programme de la sélection : des exercices qui collent avec la réalité et des entraînements musclés destinés à tester leur résistance et leur force morale. « Celui-là, exténué, le nez cassé n'ira pas jusqu'au bout du combat... il a déjà compris que sa mauvaise note serait éliminatoire... »
Cette année-là, 23 candidats seraient admis, dont une femme.
Epreuves d'entrée à la BRI
2017 - 04:08 - vidéo
« On est là pour déceler des aptitudes à faire un travail bien particulier qui est prenant physiquement et impliquant au niveau de la vie de famille, car c'est une disponibilité sans faille qu'on demande à ces enquêteurs de police judiciaire ». (Commissaire Frédéric Doidy, chef de l'Office de lutte contre le crime organisé, chef de la BRI nationale) ; « Il faut des gens qui soient stables émotionnellement (...) qu'ils ne soient pas impulsifs, nerveux, stressés, irritables, ce genre de choses ». (une psychologue chargée de détecter les failles)