Dans notre société ultra connectée, où les échanges riment avec réseaux sociaux et où le temps libre se consume dans le visionnage compulsif de séries, les loisirs des Français du siècle dernier pourraient paraître bien désuets. Et pourtant. Leur bonheur simple était-il moins intense que nos joies virtuelles ? C’est en tout cas une question que peut susciter le visionnage de l'archive en tête d'article qui date de septembre 1972.
Ce morceau d'anthologie est issu de l'émission « Les gens d'ici », consacrée à la culture du Finistère. Parmi un florilège de portrait, il y avait celui d'un couple de vieux paysans de Saint-Herbot, monsieur et madame Lavenant. Interrogés par le journaliste Gérard Bousquet entre leur buffet de salle à manger, rempli de faïence locale, et leur rutilante armoire cirée, ils se remémoraient leur vie d'autrefois. Un quotidien de labeur, certes, mais rythmé par les chants du pays. Car à l'époque, en l'absence de tracteurs, on cultivait à la charrue tirée par les chevaux, et pour les motiver à avancer, il fallait chanter ! C'est ce que racontait ce papy jovial. Ce souvenir ne semblait pas déplaire au vieux paysan qui regrettait le temps où tout le monde chantait dans les champs. Malgré le dur labeur, le bonheur était présent à travers les petites choses du quotidien.
Et les soirées étaient tout aussi animées. Le soir, venaient le temps de la veillée et la flambée dans la cheminée. On racontait des histoires et on dansait la gavotte, « rien que la gavotte », précisait le paysan avec un large sourire. Sa femme l'assurait : « j'ai été très heureuse. On a chanté. Qu'est-ce qu'on a chanté ! » Pour les nouvelles générations, les distractions avaient changé avec l'apparition de la télévision, pourtant, malgré cela, les Bretons du Finistère chantaient toujours, en tout cas, dans cette archive, qui se conclut en chanson, comme il se doit.
