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En 1973, les enfants déjà inquiets de la disparition des animaux

En 1973, les enfants déjà inquiets de la disparition des animaux

La 15e COP consacrée à la biodiversité a lieu à Montréal du 7 au 19 décembre. L'enjeu : trouver un accord pour endiguer le déclin de la biodiversité. Un enjeu que la télévision essaie d'expliquer et d’appréhender depuis des années. Comme en décembre 1973, sur le plateau des «Dossiers de l'écran», où des enfants interrogeaient des spécialistes sur l'extinction de certains animaux.

Par Romane Sauvage - Publié le 07.12.2022
 

L'ACTU.

« Avec notre appétit sans limites pour une croissance économique incontrôlée et inégale, l’humanité est devenue une arme d’extinction massive », a alerté le secrétaire général de l’ONU António Guterres, à l’ouverture de la 15e COP pour la protection de la biodiversité qui a lieu du 7 au 19 décembre. Il a également demandé l'arrêt d'une « guerre à la nature. » Sur 8 millions d'espèces estimées dans le monde près d'un million sont menacées d'extinction.

L'ARCHIVE.

Aujourd'hui, l'urgence n'est plus à prouver. Mais, pour les scientifiques, faire comprendre ce que signifie un effondrement de la biodiversité pour l'humain n'était pas une mince affaire. En 1973, sur le plateau des « Dossiers de l’écran », émission de débat sur des sujets de société de la deuxième chaîne de l’ORTF, une dizaine d’enfants étaient venus interroger le journaliste François De La Grange, l’ornithologue Jean Dorst, le zoologiste Pierre Pfeffer, le naturaliste Jacques Bouillault sur la sauvegarde des espèces animales.

À l'époque, selon les spécialistes, 150 espèces devaient disparaître si rien n'était fait d'ici à l'âge adulte des enfants présents sur le plateau. Un chiffre inquiétant dont les invités tentaient de faire comprendre l'importance à leurs petits interlocuteurs. Avaient-ils pris conscience que « la disparition des espèces n’est pas seulement quelque chose qui se passe dans un film et dans un lointain pays, mais qu’il y a en France même des espaces, des animaux, des milieux naturels qui sont en voie de disparition, est-ce qu’ils en ont conscience, est-ce que ça les concerne ? » interpellait Pierre Pfeffer.

« Je trouve que ça nous concerne aussi », répondait avec assurance un garçon. « Est-ce que tu te rends compte que quand tu auras notre âge et que tu voudras partir en exploration avec une caméra, il y aura peut-être des endroits où tu ne verras pas toutes les bêtes que tu as vues dans le film ? » Sans tristesse, le jeune homme en avait bien conscience : « Oui je le pense », disait-il. « Comment tu feras ? » l'interrogeait-on. Réponse malicieuse, un brin fataliste : « Je prendrais les bêtes qui restent ».

L'occasion pour Pierre Pfeffer d'énumérer les animaux déjà en danger sur le territoire français : « Il ne reste plus que 300 bouquetins dans la réserve de la Vanoise, qui ont été très menacés à la suite de l’affaire que l’on sait, il ne reste plus qu’une vingtaine d’ours, il ne reste plus que 7 à 8 gypaètes, ces grands rapaces, les loutres sont tellement en voie d’extinction que le jardin zoologique de Vincennes met des annonces depuis des années dans l'espoir de pouvoir en acheter vivantes à des chasseurs ou à des braconniers, sans résultats. »

Trouver des solutions

Question inquiète d'une jeune fille : « Y a-t-il une solution pour sauver ces animaux ? » Face à elle, les spécialistes énuméraient leurs réponses, très sérieuses. Pierre Pfeffer appelait à « une prise de conscience générale à tous les niveaux et c’est là-dessus où nous comptons sur les jeunes, les générations à venir. » Mais pas seulement, il poursuivait : « prise de conscience dans le public, prise de conscience parmi les chasseurs (...), prise de conscience au niveau gouvernemental. »

François de la Grange proposait, avec pragmatisme, le développement de réserves : « Il faut être réaliste et avoir les pieds sur terre, il est certain que l'homme est une espèce dominante avec une démographie galopante. (...) Et c'est autant de pris sur le territoire des autres. Donc les animaux sauvages sont condamnés à reculer devant l'homme. La solution pour moi, c'est de créer des réserves absolument intangibles et inviolables. »

L'homme est un prédateur

« Si on tue un animal, c'est comme si on tue un être humain », affirmait inquiète une des petites invitées dans une réflexion que l'on qualifierait aujourd'hui d’antispéciste. Il ne fallait pas se laisser aller à l'émotion selon François de la Grande : « L'homme est un prédateur. (...) C'est une espèce animale, c'est une espèce prédatrice et c'est un carnivore en plus. Tous ici nous militons pour la survie des espèces, mais je crois qu'il ne faut pas tomber dans le sentimentalisme. »

Aujourd'hui, ces jeunes interrogés ont la soixantaine et la liste des animaux menacés a considérablement augmenté. Selon la liste Rouge de l’UICN, 41% des amphibiens, 25% des mammifères, et 13% des oiseaux sont menacés. La COP15 sur la biodiversité sera peut-être un nouveau jalon pour leur protection.

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