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Bernard Pons, ministre de l'Outre-Mer lors de la prise d'otages de la grotte d'Ouvéa

Bernard Pons, ministre de l'Outre-Mer lors de la prise d'otages de la grotte d'Ouvéa

L'ancien député RPR et plusieurs fois ministre, proche de Jacques Chirac, est mort mercredi 27 avril à l'âge de 95 ans. L'un des moments les plus marquants de sa carrière politique fut sa gestion dure de la crise en Nouvelle-Calédonie en mai 1988.

Par Cyrille Beyer - Publié le 27.04.2022
Nouvelle Calédonie FLNKS / les faits - 1988 - 02:25 - vidéo
 

Bernard Pons, né le 18 juillet 1926 à Béziers, est mort le 27 avril à Aigues-Mortes, à l'âge de 95 ans. Résistant à la fin de la Seconde Guerre mondiale, puis de nombreuses années médecin généraliste dans le Lot, c'est en tant que proche du Premier ministre Georges Pompidou qu'il s'engage en politique, pour être élu député du Lot en 1967, en même temps qu'un certain... Jacques Chirac, dont il deviendra l'un des plus proches amis, et qu'il servira loyalement.

Dès 1969, Bernard Pons est nommé secrétaire d'État à l’Agriculture dans le gouvernement de Jacques Chaban-Delmas, puis reconduit dans ces mêmes fonctions dans le premier gouvernement Pierre Messmer de juillet 1972 à avril 1973. C'est en cette qualité qu'il légifère sur la réglementation des pesticides et introduit l'obligation de l'étiquetage des produits alimentaires pour mieux informer le consommateur. Surtout, il soutient avec vigueur, mettant en avant sa pratique de la médecine générale, le projet de légalisation de l'IVG porté par la ministre de la Santé Simone Veil en 1974, rapportant aux députés être lui-même « confronté quotidiennement au drame de l'avortement ».

Fidèle parmi les fidèles de Jacques Chirac, Bernard Pons participe à la fondation du RPR en 1976 et en devient secrétaire général entre 1979 et 1984. Ses qualités de tribun sont alors souvent employées pour discréditer la politique socialiste menée par l'alternance de François Mitterrand en 1981, en des termes parfois assez virulents, comme le rappelle Le Monde : « Après avoir ferraillé contre les "hérésies" barristes, [Bernard Pons] met [...] ses talents de bretteur à dénoncer les "imposteurs" socialistes, qu’il n’hésite pas à qualifier tour à tour d’ "incompétents", de "révolutionnaires", d’"ayatollahs" ou de "dictateurs" ». Ces offensives anti-socialistes vont être ainsi caricaturées dans cet étonnant sujet de l'émission « La soupière a des oreilles », sur France 3, le 31 janvier 1982, un sujet humoristique qui donne la parole à Madame Soleil, avec en fond sonore une très progressiste musique de Mikis Theodorakis.

En 1986, la droite remporte les élections législatives. Jacques Chirac, le nouveau Premier ministre, le nomme ministre des départements et territoires d’Outre-mer. C'est à ce titre que Bernard Pons va être amené à gérer directement la grave crise de la prise d'otages de la grotte d'Ouvéa : alors que se profile l'élection présidentielle de 1988, des indépendantistes kanaks et membres du FLNKS ont pris d'assaut le 22 avril 1988 la gendarmerie de Fayaoué sur l'île d'Ouvéa, en Nouvelle-Calédonie. Quatre gendarmes sont tués et les autres pris en otage. Une partie du commando kanak se réfugie dans une grotte avec ses otages. Ils ne sont repérés que plusieurs jours plus tard.

Le 5 mai, sous la supervision de Bernard Pons, dépêché sur place par Jacques Chirac, l'assaut est donné. L'opération « Victor » va se solder par la libération des 23 otages et la mort de 19 indépendantistes et de 2 militaires.

Le soir, le ministre de l'Outre-mer assume la tragédie devant les caméras de télévision, dans l'archive placée en tête d'article : « Dans cette affaire il y allait de l’honneur de la France, de l’honneur de l’armée française, de l’honneur de la gendarmerie nationale, mais surtout de la vie de 23 otages. C’était ça qui nous a guidés. Et je peux vous dire qu’il y a sur cette terre de Nouvelle-Calédonie une immense majorité d’hommes et de femmes qui veulent dialoguer, qui ne veulent plus de violence , il y a malheureusement une minorité d’extrémistes , de terroristes, qui ne croient qu’en l’assassinat, qu’en la violence , et bien qu’ils sachent qu’ils ne trouveront pas au bout du chemin la réalité de ce qu’ils souhaitent. »

Un homme d'influence

Considéré comme l'un des principaux responsables de cet assaut sanglant, Bernard Pons dira plus tard avoir « tout essayé », rapporte Le Monde : « En tant que médecin, je regrette toutes ces morts d’homme ». Le quotidien rapporte également que Bernard Pons avait toujours soutenu que « François Mitterrand avait donné son accord à l’opération Victor, Victor comme le nom d'emprunt de Bernard Pons dans la Résistance ».

Si les élections législatives de 1988 donnent la victoire à la gauche, Bernard Pons conserve son fauteuil de député, et son influence : il préside le groupe RPR jusqu'en 1995. A sa victoire à l'élection présidentielle de 1995, Jacques Chirac le rappelle dans le gouvernement d'Alain Juppé, avec le portefeuille de ministre chargé de l’équipement, du logement, des transports et du tourisme.

Réélu député en 1997 malgré la défaite de son camp aux élections législatives anticipées issues de la dissolution de l'Assemblée nationale par Jacques Chirac, Bernard Pons se retire de la vie politique en 2002.

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