« C’est une forme de maltraitance lorsque le bébé pleure le plus souvent, l’adule craque, le secoue au risque de lui faire perdre la vie » lance le journaliste Daniel Bilalian, présentateur du journal de 13h sur France 2 le 19 janvier 2004, en présentation du reportage du journaliste Eric Perrin consacré au syndrome du bébé secoué. L’actualité est alors la campagne de prévention contre cette maltraitance infantile lancée en Gironde par le Conseil général et les médecins du Centre hospitalier universitaire de Bordeaux. Sur le constat que la France est alors très en retard en termes de prévention par rapport aux pays anglo-saxons, 25000 plaquettes d’information sont distribuées à des parents pour informer sur ce syndrome extrêmement grave.
Le reportage s’attache à en expliquer les raisons : « Coma, convulsions, troubles de la conscience, tels sont les symptômes de ce qu’on appelle les bébés secoués. Rien qu’ici au CHU de Bordeaux, on décompte une quinzaine de cas par an, des urgences immédiatement placées en réanimation » explique le journaliste Eric Perrin. Pour le Dr Olivier Brissaud, du service de réanimation pédiatrique CHU Pellegrin, la réanimation est en effet souvent nécessaire parce que la « fonction neurologique, cérébrale, de commande de la respiration, est inefficace », affectée par les secouements. Le plus souvent, explique le reportage, il « s’agit juste d’un geste d’énervement de l’adulte. Mais les conséquences pour le bébé sont incommensurables. » Explications, avec le Dr Pascal Pillet, responsable Urgences Pédiatriques CHU de Bordeaux : « Le cerveau va à l’intérieur flotter dans la boîte crânienne, il va y avoir des phénomènes de cisaillement, d’arrachement des veines et d’hémorragie. »
Quelques secondes
Les bébés secoués sont 80% à être âgés de 3 à 8 mois. « Une période de développement intense du cerveau, poursuit le reportage de France 2. Les hémorragies provoquées par le secouement vont comprimer le cerveau, l’atrophier. Cécité, retard mental, ces enfants présentent alors des troubles irrémédiables.» Quelques secondes peuvent ainsi briser une vie. Selon le Dr Jean-Michel Pedespan, neuro-pédiatre, les bébés secoués seront des « enfants bien souvent hémiplégiques, c’est-à-dire qu’ils [auront] une incapacité à utiliser une moitié de leur corps quand ils ont présenté des lésions de ce type.»
Et cette maltraitance concerne beaucoup de bébés en France. Ainsi, toujours dans ce même reportage de 2004, le Dr Pascal Pillet explique que dans notre pays, « un enfant par jour va décéder des suites d’une maltraitance. Et il est probable que beaucoup de ces enfants soient des bébés secoués. On sait approximativement qu’il y a environ 500 enfants par an qui vont avoir des séquelles graves. » Ainsi, conclut le reportage, « 20% des bébés secoués décèdent, les autres sont handicapés à vie.»