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Des bateaux-bus sur la Seine pour voyager en temps de grève

Des bateaux-bus sur la Seine pour voyager en temps de grève

En 1995, les grèves contre le plan Juppé avaient paralysé les transports français pendant plusieurs semaines. Solution à Paris : voyager à bord de bateaux-mouches plutôt que prendre le métro.  

Par Romane Sauvage - Publié le 06.03.2023
Bateaux bus - 1995 - 01:46 - vidéo
 

L'ACTU.

Les syndicats ont appelé à mettre le pays à l'arrêt pour protester contre la réforme des retraites. Les transports sont de fait très perturbés. En Île-de-France, la RATP invite ses usagers « à privilégier le télétravail ou à différer leurs déplacements sur le réseau ce jour-là ».

LES ARCHIVES.

« Plus original, le recours aux bateaux-mouches pour désengorger quelque peu la circulation dans Paris. » À l'automne 1995, la France était paralysée par une importante grève contre une précédente réforme des retraites et de la sécurité sociale. La mobilisation, qui dura plusieurs semaines, entre le 24 novembre et le 15 décembre, mit les trains à l'arrêt et le métro parisien au repos. À Paris, les travailleurs n'avaient comme solution que la voiture, le vélo et... le bateau-mouche, où, comme le racontait l'archive en tête d'article de France 2, « les attachés-cases ont remplacé progressivement les appareils photos. »

Paris prenait alors des airs de Venise, selon le reportage, pour les « Parisiens, qui ne veulent plus ramer pour aller travailler ». Les célèbres bateaux de tourisme étaient devenus bateaux-bus et effectuaient des allers-retours toute la journée, avec cinq à six arrêts. « C'est moins fatiguant que la marche à pied, moins rapide que le métro et le premier jour, on manque un peu de repères », commentait la journaliste.

Une voyageuse se montrait satisfaite de cette solution originale : « C'est sympa, ça change. C'est mieux que le RER, où on est enfermé, où on ne voit pas le jour. » Pourtant, il y avait un peu d'attente pour pouvoir voyager, « une heure et demie » pour un travailleur interrogé. Ainsi, sur le trajet de 50 minutes à 6 km/h, « minimum, 25 minutes d'attente. » Ces vedettes ne prenaient en effet qu'une centaine de personnes pour des « questions de sécurité ».

Pérenniser les transports en commun par bateau

« Ça faisait des années que j'attendais ça, qu'on remette le transport fluvial. Il a fallu cette grève, j'espère que ça va continuer perpétuellement », concluait un passager. Passé le 15 décembre, un projet de bateaux-bus fut effectivement à l'étude, racontait le reportage de France 3 Île-de-France ci-dessous. « Après cette expérience de plusieurs semaines, le ministre des Transports, Bernard Pons, a demandé au Syndicat des transports parisiens et au port autonome de Paris, d'étudier rapidement la possibilité d'établir une ligne régulière de bateaux-bus ».

Projet bateaux bus permanents
1995 - 02:16 - vidéo

Le commentaire faisait le bilan : « Pendant 10 jours, avec 25 autres bateaux, ils ont transportés 400 000 passagers. » Et malgré l’enthousiasme, les Parisiens avaient repris le métro dès que possible. « Les navettes sur la Seine étaient presque vides. » Une usagère se justifiait : « Pendant trois semaines, j'ai dû prendre les bateaux-mouches, à cause des grèves, c'était un petit peu un sentiment de ras-le-bol, donc maintenant je préfère autant la rapidité à la beauté du paysage. »

Une autre femme se disait cependant prête à prendre seulement les bateaux-mouches, pour un prix abordable, « un petit peu plus que le métro, mais pas beaucoup. » Pourtant, des bateaux-bus toute l'année, cela semblait difficile. Bernard Briffat du Port autonome de Paris expliquait : « il faut réfléchir à la fois à des bateaux et à des systèmes d'amarrage qui permettraient de gagner du temps, aussi bien en circulation des bateaux (...), des entrées sorties des voyageurs plus rapides. Mais cela pour l'instant n'existe pas, il n'existe pas de matériel de ce type actuellement disponible sur la Seine. »

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