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Dans les coulisses du bagad de Lann-Bihoué en 1970

Dans les coulisses du bagad de Lann-Bihoué en 1970

L'unique formation musicale de musique bretonne de la marine nationale célèbre son 70e anniversaire en 2022. Depuis sa création le bagad militaire diffuse la musique bretonne dans le monde entier. Chaque année, à l'ouverture du festival Interceltique de Lorient, il remporte le même succès auprès du public. Découverte de la vie quotidienne du groupe à la base aéronavale dont il porte le nom.

Par Florence Dartois - Publié le 10.08.2022
 

Le bagad de Lann-Bihoué possède une particularité, il fait partie de la marine nationale française à part entière. C’est un cas unique. Il a été créé en 1952 sur la base d'aéronautique navale de Lann-Bihoué près de Lorient, d’où il tire son nom. Depuis sa création cet ensemble musical de la marine diffuse la musique bretonne dans le monde entier, mêlant rigueur de l'armée et tradition populaire. Le bagad (« groupe » en breton) est un ensemble musical breton dont l'origine historique remonte à la tradition des sonneurs, populaires dans la Bretagne du XIXe siècle. Il interprète des airs généralement puisés dans répertoire traditionnel breton. Le bagad de Lann-Bihoué ne déroge pas à cette règle. Chaque année, à l'ouverture du festival Interceltique de Lorient, il ouvre les festivités en tête du grand défilé. Un moment très attendu des amateurs de cornemuses et autres binious.

En septembre 1970, le journal télévisé régional de FR3 s'était rendu dans la base navale pour rencontrer ces musiciens pas comme les autres composant les trois pupitres traditionnels d'un bagad. On y retrouvait les bombardes, cornemuses écossaises et percussions. Le pupitre percussions comportant toujours des caisses claires écossaises, complétées par diverses percussions non traditionnelles selon l'importance et l'identité musicale du groupe. Il fallait donc être un bon musicien pour rejoindre les rangs des « pompons rouges ».

L’archive en tête d’article nous plonge dans leur quotidien régit par des règles strictes. Pas de militaires de carrière ici, si ce n'est les gradés, mais des appelés qui réalisaient ainsi un rêve d’enfants, comme ils le confiaient. A l’époque, le bagad bénéficiait déjà d’une renommée internationale et ses nombreuses tournées faisaient rayonner la marine française et la culture bretonne aux quatre coins du monde. « 40 pompons rouges et cols bleus sous les ordres d’un sous-officier au grade de maître » constituaient alors le bagad. Les images montraient les répétitions et quelques figures effectuées au pas cadencé, rythmé des sons des bombardes et cornemuses. A la fin des années 1960 le bagad avait traversé une période compliquée, frôlant la fermeture, et c’est grâce au soutien du public qu’il était parvenu à se maintenir. C'est donc avec soulagement que le bagad ouvrait ses portes aux caméras de FR3 Bretagne pour partager sa passion avec les téléspectateurs. Interviewé, le commandant, maître Faure, espérait que ce soutien de l’extérieur se poursuivrait.

Des appelés musiciens

La suite du reportage dévoilait les tâches quotidiennes effectuées sur la base par ces matelots « sans spécialités », tel l’entretien des locaux et du matériel, « tout ce dont les pilotes ont besoin », déclarait le journaliste. Barman, sacristain ou secrétaire, les membres de la troupe étaient parvenus à se rendre indispensables et s'étaient parfaitement intégrés à la base navale. Mais l’essentiel de leur journée était bel et bien consacré à leur entraînement musical quotidien auquel le reportage faisait la part belle.

« Les sonneurs de la base doivent répéter, répéter sans cesse, mais uniquement pendant leur temps libre », précisait le commentaire. Une fraternité musicale qui enchantait visiblement les appelés interrogés. La fin du reportage laissait la parole au commandant Tuil, extrêmement fier de cette troupe qui représentait « la musique folklorique bretonne » selon lui. Il ajoutait que « tous les gars » en étaient conscients et que c’est pour cette raison qu’ils se tenaient « parfaitement bien », surtout depuis qu'ils avaient failli être supprimés. Il ajoutait avec une pointe d’humour : « Nous avons eu très chaud. J’ai bien cru que tout était terminé, mais heureusement, nous sommes repartis du bon pied. Je pense que ce sera ‘ad vitam aeternam’ ».

Le commandant avait raison puisqu’en cette année 2022, le bagad de Lann-Bihoué souffle ses 70 bougies. La formation a depuis enregistré une quinzaine d'albums et participé à plusieurs morceaux ou albums d'autres artistes.

Le bagad au fil du temps

En 1997, il fêtait ses 45 ans, pour l’occasion Marcel Burel, son fondateur revenait sur ses débuts modestes. Le bagad était très sollicité et n’était toujours constitué que d’appelés. Avec la professionnalisation prochaine de l’armée prévue pour 2002, le commandement pensait déjà à un nouveau mode de recrutement.

En 2002, le bagad fêtait ses 50 ans. Le recrutement avait changé, désormais il se composait d'engagés volontaires qui signaient un contrat d'un an. Les femmes étaient désormais admises. Une grande révolution.

50 ans du Bagad de Lann Bihoué
2002 - 02:25 - vidéo

En août 2010, au Festival Interceltique de Lorient, F3 Bretagne interviewait le Major Philippe Renard, Penn Bagad de Lann-Bihoué, sur la popularité du Bagad, son évolution avec l'arrivée de musiciens professionnels, l'ambiance particulière du festival. Le Bagad de Lann-Bihoué interprétait une marche en fin de reportage. A découvrir ci-dessous.

Désormais les candidats à l’entrée dans le bagad doivent passer des auditions. En 2018, F3 Bretagne suivait ces auditions des futures recrues qui souhaitaient entrer dans l’aventure pour cinq ans. Un niveau d’exigence élevée et une technique impeccable était demandés.

Pour aller plus loin :

Le bagad au défilé du 14 juillet de 1999.

Le même jour Reportage sur le bagad de Lann-Bihoué, devenu une formation emblématique de la musique bretonne et de la France, qui a accompagné des présidents et chefs d'Etat lors de cérémonies et de déplacements officiels. Micro-trottoir de spectateurs avant un concert du bagad.

Festival Interceltique : les 60 ans du bagad de Lann-Bihoué. Reportage sur l'ensemble musical le Bagad de Lann-Bihoué, seul bagad militaire professionnel. Dans le cadre du festival, le bagad a donné un spectacle éclectique avec notamment le chanteur Alain Souchon, a qui le bagad avait inspiré une chanson devenue célèbre.

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