1970, l'un des premiers témoignages sur l'avortement était diffusé à la télévision. « Madame vous vous êtes fait avorter il y a combien de temps ? ». « Au début de l'année dernière. » Une prise de parole à visage caché, car à l’époque l’acte était illégal. Hors la loi, cette femme risquait cinq ans de prison ferme pour avoir avorté. D’après les estimations de l’époque, 800 000 avortements clandestins étaient pratiqués chaque année en France. Un acte parfois lourd de conséquences.
Toujours en 1970, comme on l'entend dans le montage d'archive en tête d'article, une journaliste évoquait l'avortement en filmant une autre femme, cachée elle aussi. « Cette malade enfouie sous ses draps, c’est une jeune fille de 20 ans atteinte de septicémie, c'est-à-dire d'une infection généralisée très grave et autrefois régulièrement mortelle, à la suite d’un avortement mal fait. » À cette époque, 500 femmes mouraient tous les ans en France des suites d’un avortement.
Une demande de légalisation de l'avortement
Une réalité dénoncée le 5 avril 1971 dans le manifeste des 343. Un texte dans lequel des personnalités publiques et des anonymes avouaient avoir avorté.
Cet acte de désobéissance civile sera rejoint par des médecins. Eux aussi témoignaient à la télévision. « Je suis médecin et je pratique des avortements parce que ça fait partie du travail d’un médecin. Quand une femme est enceinte contre sa volonté, qu'elle ne veut pas garder cet enfant, elle va voir le médecin et elle lui pose le problème. Du moins c'est comme cela que ça devrait se passer. »
En 1973, la parole continuait de se libérer. Les manifestations du MLAC, le mouvement pour la libération de l’avortement, y ont grandement contribué. Désormais, à la télévision, les femmes témoignaient à visage découvert alors que l’IVG était toujours illégale. Toutes ces prises de parole et ces manifestations pour un droit à l’avortement aboutiront le 17 janvier 1975. Avec la loi Veil, l’IVG est légalisée.