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Les autonomes de 1970, grands frères des membres des «black blocs» ?

Les autonomes de 1970, grands frères des membres des «black blocs» ?

Quand on parle d'activistes violents, on pense aux membres des «black blocs». Mais est-ce que vous vous souvenez des Autonomes ? Ce mouvement d'ultra-violence faisait la une des journaux dans les années 70.

Par Géraldine Cornet Lavau - Publié le 28.03.2023
 

Fin des années 70, la France connaît des vagues de violences lors des manifestations. Comme ici, en juillet 1977 lors d’un rassemblement antinucléaire à Creys Malville : « Certains des participants à la manif semblent être venus pour la bagarre. (...) Tout à fait soudainement, des jeunes armés de barres de fer casqués envahissent la campagne et chargent le barrage. Riposte des gendarmes mobiles pendant deux heures les affrontements seront brefs, mais très durs. »

Derrière ces violences, le mouvement des Autonomes. Casqués, masqués et équipés de barre de fer ou de tessons de bouteilles, ils vont être de toutes les manifestations. « Plusieurs policiers blessés, des dizaines de vitrines brisées : tel est le bilan des incidents qui ont eu lieu hier après-midi. Devant tels actes de vandalismes perpétrés en plein après-midi au milieu de la foule à Paris. On est tenté de dire que ce sont des actes isolés de voyous, mais c'est peut-être aussi un véritable phénomène de société », interrogeait en 1979 un présentateur.

En plus de semer la panique dans les manifestations, les autonomes cassent les vitrines des grands magasins pour dénoncer le capitalisme, détruisent des composteurs dans le métro pour dénoncer la hausse des prix. Comme ici en 1978 : « 62 appareils de contrôle automatique des billets ont été mis hors service. Ces dégradations n’ont pas été directement revendiquées, mais beaucoup y retrouvent la patte de ceux qu’on appelle les Autonomes. »

Face à ce déchaînement de violence, les journalistes tentent de faire le portrait robot de ces militants : « éléments incontrôlés, casseurs, anarchistes intellectuels, petits enfants de mai 68, on trouve de tout chez les autonomes sauf une organisation. » Ces militants se veulent autonomes face à l'État, face aux syndicats et sont critiques envers l'extrême gauche qu’ils jugent trop légaliste. Certains expliquaient même leur motivation face caméra : « On en veut plus maintenant pleurer des pétitions, des manifestations pour demander les miettes qu'on veut bien nous donner, on prend aujourd'hui ce qu'on a envie de prendre. »

« Nous ne pouvons pas tolérer la violence et surtout la violence pour la violence »

Face à cette détermination et aux dégâts matériels engendrés à chaque manifestation, le gouvernement réagit. Le ministre de la Justice Alain Peyrefitte brandit la menace de la loi anti-casseur : « Nous ne pouvons pas tolérer la violence et surtout la violence pour la violence. C'est-à-dire cette espèce de violence gratuite, sauvage, qui consiste à casser, piller et à se battre contre des gardiens de la paix, contre des agents de la force publique qui sont destinés à assurer la sécurité des Français. Alors nous allons faire appel à deux procédures légales : premièrement la loi anticasseur et deuxièmement la procédure de flagrant délit. »

Ces menaces seront vaines, les manifestations ont toujours leur lot de casseurs comme en mars 1979 : « Gare de l’est des incidents mettaient aux prises de jeunes commandos casqués, équipés pour le combat de rue, les incidents ce sont poursuivit jusqu’à 21h, à l’intérieur même de la gare où s'était retranché quelques manifestants. » Mais le mouvement des autonomes périclitera au début des années 80… Une partie des militants va se ranger, d’autre vont rentrer dans l’illégalité en fondant Action Direct.

Reportage : qui sont les autonomes ?
1978 - 04:15 - vidéo

Dans cette interview, dont un extrait est présent dans le montage en-tête d'article, des membres de l'organisation communiste libertaire, groupe anarchiste qui prône l'autonomie, étaient interrogés : « Nous on lutte contre les prisons, on lutte contre la justice, on lutte contre toutes les institutions étatiques. Et pour lutter contre l'État, on ne reproduit pas les institutions de l'État. »

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