Hélène CIXOUS

Jacques PAUGAM reçoit, dans la série spéciale Noël : "neuf femmes et l'espoir", Hélène CIXOUS écrivain féministe et professeur de littérature.00'23Jacques PAUGAM interroge Hélène CIXOUS sur ses espoirs.Hélène CIXOUS répond qu'elle place son espoir dans l'histoire et l'avenir des femmes, qui peuvent s'inscrire dans La littérature féminine. Elle même entretient un rapport très fort à La littérature. Elle parle d'e l'écriture spécifiquement féminine, tout à fait neuve, qui naît à mesure que les femmes inventent et affirment leur existence.Jacques PAUGAM demande si La littérature féminine n'existait pas déjà avec Virginia WOOLF, Simone de BEAUVOIR ou Marguerite DURAS. Hélène CIXOUS explique que les femmes écrivains ont toujours été assez rares, et peu reconnues. Et certaines femmes ont une écriture neutre, qui ne se différencie pas de celle d'un homme, comme Simone de BEAUVOIR, alors que Virginia WOOLF et Marguerite DURAS y ont fait passer leur féminité.04'45Jacques PAUGAM et Hélène CIXOUS s'accordent à dire qu'une femme doit s'accepter pour pouvoir écrire ou créer. L'invitée précise que les femmes n'ont été pour l'instant que le "négatif de l'homme", elles sont aussi responsables de leur propre absence. Mais le mouvement est en marche pour qu'elle retrouvent une estime d'elles même.06'38Hélène CIXOUS développe le thème de la sexualité féminine qui a toujours été brimée : on les a éduquées de façon à ce qu'elles soient tournées vers le corps de l'homme, et complètement étrangères au leur. Non seulement elle ont du mal à découvrir la jouissance, mais aussi à accepter toutes les manifestations de leur corps, comme le coit, la grossesse, ou la naissance. Jacques PAUGAM pense que la méconnaissance du corps existe aussi chez l'homme. Hélène CIXOUS précise que c'est leur problème à eux, ils doivent faire leur propre travail sur leur virilité et leur peur de l'émasculation.11'01Jacques PAUGAM demande si l'espoir de réconciliation entre les sexes ne peut pas venir de l'acceptation de la masculinité chez la femme et inversement, de la féminité chez l'homme. Hélène CIXOUS pense que par l'éducation traditionnelle, l'homme est amené à anéantir sa part de féminité, il devient monosexuel, alors que la femme, éduquée en direction de l'homme, appelée à mettre en avant sa part masculine, et reste bisexuelle.Jacques PAUGAM et Hélène CIXOUS décryptent le mythe du séducteur viril, plébiscitée par les femmes élevées selon les codes traditionnels de la séduction masculine. L'invitée explique en quoi Dom JUAN est un tueur de femme, puisqu'il prend sans rien donner en échange. A la figure du vol, elle oppose le don, comme valeur suprême dans le couple.14'20Hélène CIXOUS affirme que la hiérarchie entre les sexes peut être transformée : elle est culturelle et pas naturelle. Elle explique que dans le combat féministe, il ne faut pas perdre sont temps à vouloir convaincre les femmes héritières de la culture classique masculine, "irrécupérables" . Elle fait confiance à l'histoire en marche : il faut aller vers l'avenir et attirer les femmes qui sont mures pour avancer. Contrairement à Jacques PAUGAM, Hélène CIXOUS ne pense pas le combat féministe en termes politique, estimant que le mouvement est trop minoritaire pour le moment.18'59Hélène CIXOUS parle de son travail d'écrivain : écrire est une question de vie ou de mort pour elle. C'est l'écriture qui l'a fait prendre conscience de sa féminité.Hélène CIXOUS explique en quoi l'écriture d'un homme et d'une femme diffèrent : de même que leur corps, leur désir et leur inconscient sont différents, leur écriture, qui est le reflet de tout cela, est différente. Le style aussi diffère : l'organisation des phrases, le choix des mots, la respiration de l'écriture n'a rien à voir chez un homme et chez une femme.22'00Jacques PAUGAM demande à Hélène CIXOUS si sa littérature peut toucher des femmes de la classe ouvrière.Elle se dit très consciente des injustices sociales : les classes prolétaires n'ont pas le temps de lire ou d'écrire. Elle rappelle que les ouvrières doivent lutter contre une double oppression : la domination masculine et le capital. Cependant elles sait que même dépouillées de tout rapport à la culture, elles restent, par leur nature de femme, réceptives à la nouveauté, et ouvertes à ce qui les dépassent.24'10Générique de fin, Jacques PAUGAM conclut l'émission.