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Les jeunes de 1974 aimaient bien écrire des lettres d'amour

Les jeunes de 1974 aimaient bien écrire des lettres d'amour

Dans une tribune parue dans le journal Le Monde le 5 septembre un collectif d’écrivains, d’intellectuels, d’artistes interpelle Gabriel Attal, le ministre de l’Éducation, sur la nécessité de redonner aux enfants et aux jeunes le goût de l'écriture. Autrefois, lorsque le téléphone n'existait pas, la lettre était l'un des moyens les plus simples pour exprimer ses sentiments. Les lettres d'amour ont eu la cote chez les adolescents jusqu'aux années 70, jusqu'à la démocratisation du téléphone qui allait bouleverser ce mode de communication.

Par Florence Dartois - Publié le 21.10.2022 - Mis à jour le 06.09.2023
Microtrottoir sur les lettres d'amour - 1974 - 06:54 - vidéo
 

L'ACTU.

Dans une tribune parue dans le journal Le Monde le 5 septembre un collectif d’écrivains, d’intellectuels, d’artistes parmi lesquels Isabelle Carré, Jamel Debbouze ou Abd al Malik, interpelle Gabriel Attal, le ministre de l’Éducation, sur la nécessité de redonner aux enfants et aux jeunes le goût de la lecture et de l'écriture. Ils alertent sur l'importance de l'écriture dans l'articulation de la pensée et du raisonnement. Les auteurs insistent aussi sur la menace que pourrait faire peser l'émergence de l'IA sur les nouvelles générations, une intelligence artificielle, « qui, demain, risque de penser à notre place ».

Selon un sondage Ifop pour Otypo publié le 1er juin 2023, seules 11% des personnes interrogées (1003 personnes âgées de 18 ans et plus) déclaraient encore écrire à la main plutôt qu'au clavier (55%). Le sondage montre aussi que les différences sociales influent sur la pratique de l'écriture. 85% des cadres écrivant moins que les ouvriers (70%). Sans surprise, les générations nées avec Internet écrivent davantage numériquement qu’à la main. Seuls 11% affirment se servir plus souvent d’un crayon que d’un clavier.

Avec l’émergence des nouvelles technologies, la correspondance sur papier et l’art épistolaire se sont peu à peu éteints. Mais cette érosion de la correspondance sur papier est bien plus ancienne que l'arrivée du numérique, elle s'est amorcée dès les années 70, avec l’apparition du téléphone, un vecteur d'échanges faciles et instantanés. C'est ce que montre très bien l'archive en tête d'article.

L'ARCHIVE.

Au début des années 1970, le téléphone, ce nouvel outil de communication, était déjà présenté comme une menace à la correspondance. Nous avons retrouvé une émission qui se demandait si l’échange de lettres allait perdurer. En juin 1974, le magazine « Aujourd’hui madame » se posait cette question par le prisme de la disparition des lettres d’amour dans la jeune génération. L’archive en tête d’article est un reportage réalisé dans un café du 14e arrondissement de Paris par Christiane Cardinal et Henri Polage. Les deux journalistes avaient interrogé des jeunes gens sur leur pratique de l’écriture de lettres d'amour. Et les avis étaient plus nuancés que prévu.

Garçons et filles montraient un intérêt plutôt marqué pour ces missives particulières et répondaient avec sincérité aux questions posées : « Ecrit-on encore des lettres d'amour ? », « Avez-vous écrit des lettres d'amour ? », « Notre époque est-elle aussi romantique que le XIXe siècle ou d'autres siècles ? », « À quel âge avez-vous écrit votre première lettre d'amour ? » et « Avez-vous reçu des lettres d'amour ? ».

Voici un florilège de leurs réponses : « Les gens s’en cachent, mais c’est d’actualité », « Il est plus facile de se livrer à un morceau de papier qu’à la personne en face de soi », « Intérieurement, les gens sont toujours aussi romantiques, mais ne le montrent pas », « Il y a beaucoup de choses que l’on ne peut pas dire, mais que l’on peut écrire aisément, et c’est beaucoup plus joli sur papier », « On écrit moins avec le téléphone », « Au téléphone, je me sens moins à l’aise que quand j’écris », « Le mot amour, je l’utilise encore ».

Ce qui était important avec les lettres, l'un des jeunes gens interrogés le soulignait très bien, c'est qu'elles se conservaient et se relisaient. Les lettres d'amour et les mots déposés sur le papier restaient intemporels et gardaient un goût d'éternité. Des années plus tard, au gré d'une succession, elles resurgiraient peut-être et livrant aux nouvelles générations un témoignage toujours vivant des amours d'antan. C'est ce qu'illustre l'archive ci-dessous, diffusée le 11 novembre 1990, dans le journal d'Antenne 2.

Des lettres d'amour en pleine guerre

Entre 1914 et 1919, un couple avait échangé 2500 lettres. Retrouvées par leur fils dans le grenier, soixante ans plus tard, les lettres d'amour de Gaston et de Louise devenaient une véritable page d'histoire. Le reportage proposait quelques extraits de cette correspondance. Au fil des lignes, leur fils avait découvert le quotidien, les craintes, les émotions de sa mère, qui tenait à Reims le secrétariat du maréchal Joffre, et de son amoureux, sergent au 366e régiment d'infanterie, qui se battait en première ligne. Gaston, blessé et gazé, ne survivrait à la guerre que quelques années, pour mourir en 1923.

Lettres du front
1990 - 03:14 - vidéo

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