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La sécheresse fait resurgir des vestiges visibles du ciel

La sécheresse fait resurgir des vestiges visibles du ciel

Des traces de dinosaures au Texas, des inscriptions ciselées sur les « pierres de la faim » dans le Rhin ou une ville fortifiée de 2500 ans en Côte-d'Or... La sécheresse a permis de voir resurgir des trésors archéologiques oubliés. Un phénomène récurrent apprécié des archéologues.

Par Florence Dartois - Publié le 29.08.2022
 

La sécheresse prolongée a des effets inattendus en matière d'archéologie. Chaque épisode caniculaire, redouté par les agriculteurs, fait le bonheur des archéologues en mettant à jour de nouveaux vestiges oubliés. Avec la modification des terrains liée au climat, il est donc possible de mettre au jour des traces anciennes. Ces vestiges ne peuvent être décelés depuis le sol, c'est dans les airs qu'entre en scène l'archéologie aérienne. C’est ce que nous explique l’archive en tête d'article datée de 1989.

Cette année-là, la sécheresse dévoilait 200 sites archéologiques nouveaux en Ille-et-Vilaine, une « moisson exceptionnelle » d'après le présentateur du journal régional de Rennes Soir. Interrogé, Loïc Langoët, le directeur régional d’archéologie d'Alet, à Saint-Malo, revenait sur cette méthode de fouille aérienne. En temps normal, le centre d'Alet ne découvrait qu'une vingtaine de sites archéologiques chaque année, mais les sécheresses étaient toujours prometteuses pour les spécialistes des vieilles pierres. Loïc Langoët expliquait en quoi la sécheresse permettait la détection de vestiges prestigieux. En 1976, lors de la dernière grosse canicule, le centre avait d'ailleurs découvert une cinquantaine de sites, parmi lesquels le célèbre camp viking retranché de Saint-Suliac datant du Xe après J.C., ou une ferme gauloise du Ier siècle rarissime, près de Saint-Pierre-de-Plesguen (Ille-et-Vilaine).

Le reportage montrait ensuite plusieurs exemples de vues aériennes, dont l'une dévoilait un arc de cercle sombre dans un champ. Pour Loïc Langoët, cette forme ne pouvait correspondre qu'à un vestige. Ces structures présentes sous la terre labourée retenaient plus d'eau qu'aux alentours, mieux irriguée, la végétation à la surface n’avait donc pas la même coloration, l’herbe apparaissant plus verte. A l'aide de ces observations par avion, ils avaient pu délimiter de nombreux enclos, « des sépultures de l’âge de bronze » (fossés circulaires), des « fermes gauloises » (tracés rectangulaires à multiples fossés), ou des « enclos gallo-romains » (fossés rectangulaires). Les 4000 clichés pris constituaient un matériau qu’il fallait maintenant classer et « rapporter sur les cadastres ». Puis ce serait au tour des prospecteurs de se rendre sur site pour déterminer l’intérêt archéologique de la découverte et d’une éventuelle future fouille.

Une archéologue aérienne au travail

Pour terminer, découvrez le travail de Catherine Petit-Aupert, une étudiante en archéologie aérienne en doctorat à l'Université de Bordeaux III. En avril 1997, dans un avion et devant ses clichés, elle expliquait la méthode de recherche aérienne et sa découverte de traces d'une villa gallo-romaine.

Sécheresse archéologie
1997 - 01:46 - vidéo

Une villa gallo-romaine dans un jardin

La sécheresse dévoile souvent des surprises de taille, à l'image de cette trouvaille effectuée dans le jardin d'un particulier en juillet 1976. Cet été-là, une équipe d'archéologues s'activaient dans le jardin d'un habitant de Mehun, près de Villedieu-sur-Indre (Centre-Val de Loire). L'aridité des sols avait fait apparaître des taches de verdure dans la végétation asséchée. Ces traces correspondaient aux vestiges d’une villa de l'époque gallo-romaine. La partie la plus ancienne datant du IIe siècle après J.C.. Ce reportage nous conduit dans les fouilles entreprises rapidement. Dans cette archive du journal de FR3 Orléans, le responsable de l'équipe d'archéologues amateurs du Groupe d'Histoire et d'archéologie de Buzançais décrivaient les nombreux objets déjà remontés. Un véritable trésor historique composé de nombreuses monnaies (95 pièces), de restes de poteries, d'objets métalliques comme une chaîne, rarissime d’après lui, ou encore plus rare, une fibule émaillée du IIIe siècle. Les fouilles avaient déterminé que la parcelle avait été occupée par une ferme gauloise, puis au IIe par une habitation, une villa et ses dépendances. Un incendie ayant ensuite détruit le bâtiment. Toute la toiture était tombée, il en restait des traces dans les fouilles. Le site avait finalement été abandonné au IVe siècle.

Villedieu : fouilles archéologiques
1976 - 02:27 - vidéo

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