La Peste, c’est l’un des chefs-d’œuvre du romancier Albert Camus (1913-1960), publié en 1947. Avec L’homme révolté et Les Justes, La Peste constitue la trilogie du cycle de la révolte, qui vaudra à Albert Camus de recevoir le Prix Nobel de littérature en 1957.
En 1955, à la radio, l’écrivain résumait en ces termes son roman : « La peste est l’histoire d’une épidémie qui s’abat sur une ville où des gens vivant individuellement de la manière la plus banale et la plus simple sont peu à peu entraînés dans cette épidémie, dans cette tragédie collective, et finissent par ne faire qu’un amalgame sous la domination de la maladie. Ensuite la maladie recule et peu à peu ces individus reprennent leur activité comme ils le peuvent ».
La peste, une terrible épidémie bien sur, mais aussi une allégorie du nazisme, la « peste brune », quelques années seulement après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les personnages du livre qui combattent la propagation de la peste dans leur ville – Oran, en Algérie française –, sont donc à leur tour une allégorie de la Résistance au nazisme.
Une allégorie affirmée par son auteur. Alors que le célèbre critique littéraire Roland Barthes mettait en doute cette symbolique de la « peste brune » dans son roman, Albert Camus lui répondait par voix de presse : « La Peste, dont j’ai voulu qu’elle se lise sur plusieurs portées, a cependant comme contenu évident la lutte de la résistance européenne contre le nazisme. La preuve en est que cet ennemi qui n’est pas nommé, tout le monde l’a reconnu, et dans tous les pays d’Europe. Ajoutons qu'un long passage de La Peste a été publié sous l'Occupation dans un recueil de Combat et que cette circonstance à elle seule justifierait la transposition que j'ai opérée. La Peste, dans un sens, est plus qu’une chronique de la résistance. Mais assurément, elle n’est pas moins ».
Dans la même émission de radio diffusée en 1955, Albert Camus développait les particularités littéraires de son roman, fruit d’un « entrelacement extrêmement étroit de deux styles […] », le style particulier et le style collectif :
« J’ai immédiatement pensé qu’il fallait avoir deux styles. L’un qui aurait concerné justement les actions individuelles, et l’autre au contraire, qui aurait concerné la tragédie collective, l’établissement du fléau. Si vous pouvez vous reporter au livre un jour, vous constaterez que la peste est composée de cinq parties ».
« La première est écrite dans le style que je qualifierais d'individuel. Ce style retrace les aventures des citoyens d’Oran [...] et les montre évoluant dans leur univers naturel. »
« Dans la deuxième partie, la peste est déjà arrivée. Elle n’a pas encore fait son travail d’amalgame. Vous trouverez donc dans la deuxième partie les deux styles, le style individuel, plus un style propre à retracer les étapes de la maladie. »
« Dans la troisième partie, qui est au sommet du livre, la peste règne sur la ville. Immédiatement, le style individuel disparaît et on ne trouve que le style collectif. »
« A partir du moment où la peste recule dans la quatrième partie, au contraire, le style individuel commence à faire son apparition ».
« A la fin du livre, c’est lui qui s’imposera puisque la peste est partie. Vous vous souvenez peut être que le livre se termine sur l’image d’un homme seul, dominant la ville, et se livrant à une méditation solitaire. »
Dans le cadre de l'heure du Club d'Essai de la RDF, Albert Camus lit en 1948 les premières lignes de La Peste
Selon Le Monde, reprenant une information publiée le 27 février dernier dans le journal La Repubblica, « le chef-d’œuvre de Camus s’est envolé de la 71e à la 3e place sur le portail de vente en ligne Ibs.it ».
Pour aller plus loin
Extrait du discours d'Albert Camus lors de sa reprise du prix Nobel sur le rôle de l'écrivain en 1957. (Audio)
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