Pour mettre en scène leur appel à la sobriété énergétique, Emmanuel Macron et Bruno Le Maire portent des cols roulés, Élisabeth Borne une doudoune. Cette communication politique fut déjà utilisée par le gouvernement, dans les années 70.
En 1973, le premier choc pétrolier fut suivi d'une crise économique. « Économisons l’essence. Économisons l’électricité. Économisons le chauffage ! », le président Georges Pompidou appelait les Français à la sobriété énergétique. Et pour les aider, le gouvernement créa un organisme spécial en 1974 : l’Agence pour les économies d’énergie.
Cette agence, très sérieuse, misait sur une communication très active comme l'annonçait Michel D'Ornano, alors ministre de l'Industrie : « Nous ferons d’ailleurs une publicité importante sur l’agence pour que le public connaisse son existence, puisse s’adresser à elle et que ça soit un organisme indiscutable pour le conseiller. » Elle fut notamment à l’origine de ce slogan resté dans les mémoires : « En France, on n'a pas de pétrole, mais on a des idées. »
18 millions de francs pour chasser le gaspi
1979, deuxième choc pétrolier, nouvel appel à économiser l’énergie. L’agence lança alors une campagne : la « chasse au gaspi ». Dans les reportages diffusés à cette époque, un homme lançait sourire aux lèvres : « Le gaspi ? J’essaye de le chasser et de le combattre oui. » Le but était d'économiser 3 millions de tonnes de pétrole pour 1985. Et l'État mit les moyens, comme on le racontait au JT : « Pour convaincre les Français, 60 000 affiches, 600 000 autocollants, 2 millions de cartes. Soit un budget publicitaire de 18 millions de francs. »
Un an plus tard, en 1980, nouveau coup de com. Pour inciter les Français à baisser le chauffage, le gouvernement chercha à montrer l’exemple dans ses bureaux, avec 19 °C maximum. Pour la contrôler, un releveur officiel de température fut envoyé sur place, et avec lui les caméras des JT. La « palme d'or des économies d'énergie » revenait à l'Élysée, avec 16,8 °C.
32 ans plus tard, en 2022, rebelote, nouvel appel à baisser le chauffage. Le gouvernement recommande aux Français de ne pas dépasser les 19 degrés. Et ce, à la maison, dans les administrations, les bâtiments publics ou les bureaux.