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7 avril 2009 : première greffe du visage et des mains

7 avril 2009 : première greffe du visage et des mains

Le 7 avril 2009, les équipes des docteurs Lantiéri et Dumontier réalisaient la première greffe du visage et des mains. Retour sur cette première mondiale.


Par la rédaction de l'INA - Publié le 02.04.2019 - Mis à jour le 02.04.2019
 
Le 7 avril 2009, les équipes des docteurs Lantiéri et Dumontier réalisaient la première greffe du visage et des mains sur un jeune homme de 30 ans, gravement brûlé dans un accident en 2004. Cette double greffe était une première mondiale réalisée à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne). 

Cette greffe du visage et des mains était pratiquée, pour la face, par l'équipe du professeur Laurent Lantiéri et du docteur Jean-Paul Meningaud (Henri-Mondor) et pour les mains, par l'équipe du docteur Christian Dumontier (Hôpital Saint-Antoine). Un seul donneur avait permis cette greffe.

A l'époque, il s'agissait de la sixième greffe de la face dans le monde (quatrième en France). Le professeur Lantiéri avait déjà réussi deux autres greffes partielles du visage.

Dans le journal de 13h00, Elise Lucet annonce l'événement : "C'est vraiment une première mondiale ! Une greffe du visage accompagnée d'une greffe des deux mains vient d'être réalisée à l’hôpital Henri Mondor à Créteil... L'opération a duré plus de 30 heures, elle a mobilisé 40 personnes dont le professeur Lantiéri, qui sera en direct avec nous dans quelques minutes... mais d'abord, retour sur la chronologie de  l'intervention, qui a été très précise pour que tout se passe comme prévu, sans perdre de temps. Le patient est en phase de réanimation post-chirurgicale pour une quinzaine de jours."

Le greffé est un jeune homme dont le corps avait été entièrement brûlé en 2004. Le professeur Lantiéri explique alors que de nombreuses opérations avaient déjà été réalisées et qu'en dehors d'une greffe "il n'y a pas grand-chose d'autre à lui proposer."

Ce grand brûlé accepte donc de subir deux greffes : visage et mains.

Dans la conférence de presse organisée après l'opération, les médecins décrivent leur protocole et les étapes de l'opération. Le professeur Dumontier donne les détails de l'intervention dont l'objectif était "d'associer la reconstruction du visage et des mains dont le but était de lui donner une vie sociale".

A elle seule, l'opération du visage va durer onze heures. Il aura fallu repositionner chaque élément du visage du donneur sur le receveur. Jean-Paul Méningaud ajoute que c'est plus qu'un prélèvement de face complète "puisque les oreilles et l'ensemble du cuir , jusqu'à la nuque, ont été prélevés." Il conclut : "donc on sait que maintenant on peut le faire !"

Le plus complexe, dans ce délicat processus, a été la greffe des paupières. Le professeur Lantieri souligne que "maintenant il va falloir savoir si le nerf va repousser au niveau des paupières et si nous allons avoir une dynamique au niveau des paupières." Le patient, dans un bon état général, allait être maintenu dans un sommeil artificiel plusieurs jours.

"Le but c'est la réintégration sociale. Le but, c'est la qualité de vie."

En plateau, le professeur Lantiéri revient sur l'état satisfaisant du patient maintenu en coma artificiel. Il insiste sur le fait que la difficulté était de réunir une équipe aussi importante (40 personnes) et de maintenir leur enthousiasme et leur attention tout au long de l'opération, que ce soit du côté des médecins que de celui des infirmières. Du côté logistique, l'équipe du professeur Dumontier, pour la partie des mains, a répété les gestes et procédures sur des cadavres. Son équipe a fait la même chose pour la partie visage. Il a fallu repérer toutes les connexions pour les paupières, les voies lacrymales et la partie des nerfs qui donnent la dynamique à la paupière.

Il souligne que la partie haute est beaucoup plus subtile à reconnecter et qu'il faudra attendre six mois pour commencer à voir la repousse des nerfs au niveau des paupières. Pour lui, "le succès définitif sera quand ce patient aura une vie sociale." Il évoque Pascal, le premier greffé, qui a pu retravailler au bout d'un an. 

Il précise que ce type d'intervention n'est possible que s'il y a un don d'organes : "le don d'organes est une grande cause nationale pour 2009 et  ces deux greffes n'ont été possibles que parce qu'il y a la générosité, l'altruisme des patients qui sont décédés mais aussi de leur famille. C'est une grande marque de solidarité entre le monde des morts et celui des vivants. Des éléments vivants d'un mort peuvent être transplantés pour qu'un vivant puisse continuer à vivre et puisse avoir une vie sociale normale."

Deux mois plus tard, le 15 juin 2009, Elise Lucet annonçait que malheureusement le patient greffé début avril à l'hôpital Mondor de Créteil, venait de décéder. il était mort d'un arrêt cardiaque au cours d'une intervention pour essayer d'éliminer une infection. Il ne s'agissait donc pas d'un problème de rejet. 

Pour aller plus loin

Trois jours après l'opération, le professeur Lantiéri donne des nouvelles du greffé. (Vidéo, Le Parisien libéré) 

La première mondiale de greffe partielle du visage avait été réalisée en 2005 à Amiens sur Isabelle Dinoire, 38 ans, défigurée par son chien. 

Première greffe complète de visage. Jerôme Hamon est le premier homme à avoir été greffé deux fois du visage. C'est l'équipe du professeur Lantiéri qui a réalisé cet exploit. Retour sur les précédentes greffes totales du visage, dont la première fut réalisée le 23 avril 2010 par une équipe de Barcelone. (Playlist)

La première transplantation cardiaque date du 3 décembre 1967 et fut réalisée par le Docteur Christian Barnard au Cap (Afrique du Sud). Le greffé ne survivra que 18 jours.

La saga du cœur artificiel (article) 

Top 6 des dons et greffes d'organes insolites (Article) 

Florence Dartois


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