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40 ans de recherche sur le papillomavirus, responsable de nombreux cancers

40 ans de recherche sur le papillomavirus, responsable de nombreux cancers

Emmanuel Macron a annoncé mardi 28 février la généralisation de campagnes de vaccination gratuite contre le papillomavirus dès le collège. Ce virus est responsable de plus de 6 000 nouveaux cas de cancers par an. Retour en archives sur des années de recherche.

Par Romane Sauvage - Publié le 01.03.2023
Dépistage utérus - 1990 - 01:58 - vidéo
 

L'ACTU.

En déplacement dans un collège de Charente, Emmanuel Macron a annoncé mardi 28 février lancer dès septembre une campagne de vaccination contre les papillomavirus pour les collégiens à partir de la 5e. Le taux de vaccination est en effet bien plus faible qu'ailleurs, de 37 % pour les filles et 9 % pour les garçons contre, par exemple, 82 % des femmes au Royaume-Uni, 81 % au Portugal, 69 % en Irlande.

Les papillomavirus humains (HPV) sont un type de virus extrêmement répandu. Il en existe plus de 200 différents. Certains d’entre eux peuvent être plus dangereux et sont sexuellement transmissibles. Ils peuvent alors être à l'origine de cancers, notamment du col de l'utérus, mais aussi de l'anus, du vagin et de la sphère ORL. Le gouvernement note ainsi qu'en « France, chaque année, les HPV sont responsables de plus de 30 000 lésions précancéreuses du col de l'utérus dépistées et traitées, et plus de 6 000 nouveaux cas de cancers. »

Un vaccin, le Gardasil, a notamment été développé par le laboratoire pharmaceutique américain Merck & Co. Inc. au début des années 2000 pour lutter contre les papillomavirus humains 6, 11, 16 et 18. L'entreprise note en effet que les types 16 et 18 sont responsables d'environ 70 % des cancers du col de l'utérus. Aujourd'hui, il existe une nouvelle version du Gardasil, qui protège contre une plus grande quantité de HPV.

Associée à des frottis ou des tests, car il ne protège pas contre tous les papillomavirus, le vaccin sur les hommes et les femmes pourrait donc permettre d'éradiquer, à terme, le cancer du col d'utérus.

LES ARCHIVES.

« Une arme de plus contre le cancer de l'utérus, le plus fréquent chez la femme après le cancer du sein. » En mars 1990, les journaux télévisés annonçaient un nouveau type de dépistage des papillomavirus humains les plus fréquents. Le reportage en tête d'article précisait : « C'est un virus qui se transmet par voix sexuelle et qui est la cause principale de ce type de cancer. »

Une menace invisible, selon le reportage : « Cela ne se voit pas forcément, cela ne fait pas mal, mais le papillomavirus, est souvent là, caché, dans les parties génitales. 13 % des femmes sexuellement actives sont porteuses. Le plus souvent, il n'y a aucun danger, mais dans environ 3 % des cas, cela se finira par un cancer du col de l'utérus. »

Du dépistage à la vaccination

Et un enjeu de santé publique, car ce virus n'était pas suffisamment détecté. Le commentaire ajoutait : « Les lésions dues au papillomavirus, ça se soigne. À condition bien-sûr de les avoir diagnostiquées. Et c'est bien là le problème. Toutes les femmes jeunes ne font pas encore assez systématiquement un frottis de dépistage tous les ans. »

« On assiste à une augmentation sensible des pré-cancers du col utérin », expliquait le docteur Joseph Monsonego, de l'Institut Alfred Fournier. « En plus du frottis et de la biopsie, les médecins disposent maintenant d'un nouveau test de dépistage pour les cas difficiles » Ceux-ci permettaient de mieux repérer les papillomavirus à risque de cancer. « Un pas de plus vers la disparition du col de l'utérus. »

Après des années de recherche, un vaccin contre certaines formes d'HPV est développé en 2005 et disponible dès juin 2006 aux États-Unis. Il fut mis sur le marché en novembre 2006 en France. « Un vaccin contre le cancer du col de l'utérus est disponible en France » annonçait ainsi par abus de langage l'archive ci-dessous. Problème : il n'était pas encore remboursé. « Près de 440 euros, c'est le prix des trois injections de Gardasil nécessaires pour être vacciné contre le cancer du col de l'utérus. »

Vers le remboursement du vaccin pour tous

« Le laboratoire n'a pas voulu attendre pour mettre son vaccin sur le marché » détaillait la journaliste. Eric Lecoq, directeur général de Sanofi Pasteur MSD France, qui commercialisait le produit, expliquait : « chaque jour en France on annonce à 10 femmes qu'elles vont avoir un cancer du col, chaque jour en France, trois femmes meurs d'un cancer du col. (...) Quand vous savez que ce vaccin est efficace et bien toléré, notre rôle et notre devoir d'industriel est de mettre à disposition ce vaccin. »

« C'est assez fabuleux. C'est la première fois que l'on a un vaccin contre un cancer grave de la femme. On a à peine compris que c'était dû à un virus que déjà le vaccin est prêt. C’est vraiment une avancée gynécologique majeure », concluait un gynécologue. À partir de 2007, le vaccin fut finalement remboursé par la Sécurité sociale et la mutuelle.

À cause du développement de cancers de l'utérus, ces premières campagnes de vaccination ont visé exclusivement les jeunes filles, bien que les garçons soient également de potentiels porteurs et qu'ils présentent des risques de cancer, notamment de l'anus, la bouche et la gorge. La vaccination a donc été élargie aux garçons à partir du 1er janvier 2021. Elle est désormais recommandée entre 11 et 14 ans, dans un schéma en deux doses, mais elle peut être rattrapée jusqu'à 19 ans.

Journée internationale du CIRC
2009 - 02:03 - vidéo

La connaissance du lien entre papillomavirus et cancer est assez récente. Au milieu des années 1970, le médecin et virologue Harald zur Hausen faisait l'hypothèse d'un lien entre ce virus et le cancer du col de l'utérus. Dès 1984, il débuta ses recherches sur un vaccin contre le papillomavirus. Celui-ci vit le jour au début des années 2000. En 2008, il reçut le prix Nobel de médecine pour ses travaux. Dans l'archive ci-dessus, il était invité à Lyon pour en parler.

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