Dès 1961, alors que la Communauté européenne ne compte que six membres et n'existe que depuis quatre ans, la Grèce signe un traité d'association à la Communauté, prélude à une future adhésion. Dès lors, son destin européen est reconnu par une Europe des six fortement marquée par son caractère occidental. Mais le processus prendra bien plus de temps que prévu. En avril 1967, les chars imposent la dictature à Athènes, pendant 7 longues années.
Avec la crise chypriote de l'été 1974, la dictature grecque tombe et la démocratie est rétablie. Le nouveau Premier ministre, Constantin Caramanlis, de retour de France où il a passé les années de dictature en exil, est accueilli triomphalement à Athènes. Dès 1975, la Grèce pose à nouveau sa candidature, qui est accueillie favorablement par les neuf (entre-temps le Royaume-Uni, le Danemark et l'Irlande ont intégré à leur tour la CEE), et principalement par la France du Président Giscard d'Estaing. La commission et l'Allemagne, seront quant à elles, plus réservées quant aux capacités économiques d'un petit pays encore largement agricole.
Le premier Ministre grec, Constantin Caramanlis, signe le traité d'adhésion de la Grèce à la Communauté Européenne, le 28 mai 1979 à Athènes. Le traité prendra réellement effet le 1er janvier 1981. GEORGES BENDRIHEM / AFP
Economiquement, la Grèce ne pèse en effet pas bien lourd face aux solides et diversifiées économies de l'Ouest. La seule concurrence à craindre pour la France et ses partenaires relève du domaine agricole. Mais pour l'Europe, et donc pour la France, c'est surtout le volet politique et géopolitique qui motive le rattachement de la Grèce à l'Europe. Après sept ans de dictature et une situation hautement instable à Chypre entre la Grèce et la Turquie, l'adhésion de la Grèce à l'Europe doit permettre la stabilisation démocratique du pays.
En outre, pour Giscard d'Estaing, l'adhésion de la Grèce, en permettant le rattachement d'un pays méditerranéen, ancêtre de la culture européenne classique, doit permettre un rééquilibrage de l'Europe vers le Sud. Ce mouvement d'ouverture vers la Méditerranée se poursuivra en 1985 avec l'adhésion de l'Espagne et du Portugal, pays eux aussi délivrés depuis peu du joug dictatorial.
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