Tout commence le 27 juillet 2010. Le site Internet WikiLeaks publie 90 000 documents estampillés secret défense qui mettent en cause les forces américaines en Afghanistan et en Irak. Derrière le mystérieux site, un homme tout aussi mystérieux. Julian Assange…
"En Une et en gros caractères, pour The Guardian, c'est l'événement. Il faut dire que la révélation de documents confidentiels sur la guerre en Afghanistan est massive. La plus grosse fuite depuis la guerre du Vietnam. Le quotidien britannique en fait 14 pages et Der Spiegel en Allemagne, 17. Les deux titres s'appuient sur WikiLeaks. Ce site internet publie aujourd'hui des dizaines de milliers d'archives militaires, remontant jusqu'en 2004. L'homme responsable du site n'hésite pas à parler de sale guerre".
"Révélations sur les victimes civiles, les liens supposés entre Talibans et services secrets pakistanais. Les documents jettent une lumière crue sur la guerre en Afghanistan".
Julian Assange évoque ici l'un des documents décrivant un acte daté du 9 août 2006 en Afghanistan, "d'après ce document, un avion cargo (…) a survolé la zone pendant trois heures et a tué 62 personnes. Nous, nous en avons compté 80 et il y a toujours une centaine de morts non expliquée. Et il y a beaucoup de dossiers comme celui-là" conclut-il. Il évoque alors une "sale guerre" et déclare devant la presse que "c'est à une cour de décider s'il s'agit d'un crime de guerre".
Le commentaire poursuit, "la plupart des décès civils seraient provoqués par des tirs de soldats nerveux. Des bavures. Le portrait est dévastateur. Il montre une guerre en train d'échouer. Pour la Maison-Blanche, la publication de tels documents est irresponsable. Elle met en péril la sécurité des Américains et des alliés".
Le colonel Richard Kemp, ancien commandant des forces armées britanniques en Afghanistan,confirme le caractère explosif de ces divulgations au niveau diplomatique, "Les talibans vont se délecter de chaque mot de ces rapports. Scrutez encore plus précisément que ce que faisaient leurs analystes pour savoir comment nous opérons contre eux. Ce que nous savons sur leurs capacités ou leurs intentions. Ces informations ont beau être historiques, certaines sont récentes et vont être très utiles aux Talibans".
"Les données les plus sensibles concernent le Pakistan, l'allié stratégique de Washington. Habitué aux révélations, le responsable de WikiLeaks a déjà publié des documents sulfureux engagés. Il dénonce régulièrement les gâchis humain en Irak et en Afghanistan", conclut la journaliste.
... 15.000 morts Irakiens passés sous silence, torture de prisonniers, meurtre de civils… Julian Assange, le fondateur du site, assure vouloir simplement révéler la vérité. Quelques jours plus tard, le site met en ligne 250 000 notes diplomatiques américaines classées confidentielles sur plusieurs dossiers stratégiques. Des révélations qui mettent Washington dans l'embarras et bouleversent les relations internationales. Au total, ce seront 400 000 documents qui seront divulgués. Acte militant ? Irresponsabilité ? Cure de jouvence démocratique ?
En 2015, l'organisation révèle que de nombreuses élites françaises, y compris trois présidents de la République, ont été espionnées par la NSA. Durant la campagne américaine de 2016 WikiLeaks révélera des e-mails piratés de la direction du Parti démocrate. Elle est accusée par la CIA d'avoir favorisé l'élection de Trump avec l'aide de la Russie.
Julian Assange est incarcéré à la prison de haute sécurité de Belmarsh au Royaume-Uni depuis le 11 avril 2019, jour de son arrestation à l'ambassade d'Équateur à Londres, où il était réfugié depuis 7 ans. Une procédure est en cours qui déterminera si le fondateur de WikiLeaks doit être transféré aux États-Unis, où il encourt jusqu’à 175 ans de prison. Il est poursuivi outre-Atlantique pour avoir diffusé des documents classifiés sur les activités militaires américaines en Afghanistan et en Irak.
La justice britannique doit reprendre le 7 septembre prochain l’examen de la demande d’extradition outre-Atlantique de Julian Assange, reporté pour cause de pandémie de coronavirus.
Pour aller plus loin
20 heures de France 2 : Etats-Unis, polémique autour du site internet WikiLeaks. Réalisé aux Etats Unis, ce reportage est consacré à la polémique suscitée par le site internet WikiLeaks. Spécialisé dans la divulgation de secrets militaires, notamment en Irak et en Afghanistan, ce site est devenu la bête noire de l'armée américaine et de la CIA. Portrait de Julian Assange, fondateur de WikiLeaks. (11 août 2010).
WikiLeaks : un travail de titan aidé par une start-up française. Si le site WikiLeaks s'est associé avec de grands médias comme le New York Times, le Guardian, Der Spiegel et Le Monde, c'est une start-up française, "Owni" (site de journalisme augmenté sur le web) qui a réalisé l'application rendant accessible au grand public sur internet la masse de ses dernières révélations sur l'Irak. (Images et sonores.) (23 octobre 2010, vidéo AFP)
19-20 Edition nationale de France 3 : le site WikiLeaks fait des révélations sur les agissements de l'armée américaine. Le site Internet WikiLeaks a mis en ligne 400 000 documents estampillés "secret défense", qui mettent en cause les forces américaines en Irak : 15 000 morts irakiens passés sous silence, tortures de prisonniers, meurtres de civils, complicité avec la police irakienne, aussi brutale. A Bagdad, cela fait la Une des journaux. Ces fuites sont condamnées par les Etats occidentaux. En juillet dernier, WikiLeaks avait rendu public 70 000 documents classés top secrets, révélant les agissements violents des militaires en Afghanistan. (23 octobre 2010)
13 heures de France 2 : WikiLeaks publie 250 000 dépêches diplomatiques américaines dévoilées. Le site internet WikiLeaks sème la panique en divulguant des milliers de documents confidentiels qui proviennent tous des ambassades américaines. Le reportage présente quelques exemples de documents dévoilés au grand public. (29 novembre 2010)
13h15 le dimanche : Wiki Quoi ? Les divulgations de WikiLeaks. Reportage sur les divulgations de plusieurs télégrammes diplomatiques américains par le site WikiLeaks et de leur reprise par le journal "Le Monde". Explication du système de fonctionnement du site et de la protection des sources. Commentaire sur images factuelles et d'illustration en alternance avec les interviews d'Olivier Tesquet, journaliste à owni.fr, de Julian Assange, fondateur de WikiLeaks à propos de ses méthodes de protection, et de Rémy Ourdan, journaliste Le Monde. (5 décembre 2010)
Soir 3 journal de France 3 : Julian Assange s'est livré à la police britannique. Le fondateur du site WikiLeaks, dont les révélations sur l'implication des Etats-Unis en Afghanistan et en Irak, ont mis la diplomatie mondiale en émoi, fait l'objet d'un mandat d'arrêt diffusé par la Suède pour des affaires de viol. Julian Assange, qui s'est rendu à la justice londonienne, clame son innocence. Il reste en prison, en dépit de la présence de célébrités telles que le cinéaste Ken Loach et le journaliste John Pilger, prêts à payer sa caution. (7 décembre 2010)
20 heures : cyber attaques contre WikiLeaks. Reportage consacré aux cyber-attaques dirigées contre le site internet WikiLeaks et ses différents hébergeurs. De leur côté, les partisans de Julian Assange attaquent en représailles les sites de PostFinance, Visa et MasterCard, qui ont gelé les comptes et les cartes de crédit du fondateur de WikiLeaks. Avec l'interview de Pascal Lointier, président du "Club de la sécurité de l'information français" qui explique comment faire pour bloquer un site. (10 décembre 2010)
Soir 3 journal : soutien international pour Julian Assange. Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, est en prison à Londres pour une affaire de viol. Partout dans le monde des manifestations de soutien ont lieu pour demander sa libération. Le président brésilien Lula ou Vladimir Poutine le soutiennent également. (12 décembre 2010)
Libération de Julian Assange sous caution. Il a été libéré jeudi soir après le versement de la caution exigée pour sa mise en liberté conditionnelle par la Haute cour de Londres. Il s'est adressé aux médias devant la Cour. (Images et sonores). (16 décembre 2010, vidéo AFP)
Florence Dartois