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21 avril 2002 : le choc du FN au second tour de la présidentielle

21 avril 2002 : le choc du FN au second tour de la présidentielle

Au soir du premier tour de l'élection présidentielle de 2002, le candidat socialiste Lionel Jospin est éliminé et annonce son retrait de la vie politique. À sa place, c'est le candidat de l'extrême droite, Jean-Marie Le Pen, qui accède au second tour. Un traumatisme pour une majorité de Français. Une date entrée dans l'histoire.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 21.04.2022 - Mis à jour le 21.04.2023
 

Dimanche 21 avril 2002, premier tour de l’élection présidentielle. Les sondages donnent alors le président sortant, Jacques Chirac, et son premier ministre de cohabitation, Lionel Jospin, en tête, entre 18 à 19%, loin devant Jean-Marie Le Pen (12,5 à 14%). Et pourtant, c’est une soirée historique que s’apprêtent à vivre les Français, avec l’arrivée pour la première fois de l’extrême droite au second tour d’une élection présidentielle. L’archive placée en tête d’article est un extrait de cette soirée électorale, sur France 2. Le journaliste David Pujadas annonce alors les premières estimations à la sortie des urnes, qui se confirmeront au cours de la soirée : « dans quelques secondes, il est 20 heures, voici notre estimation du résultat du premier tour de l’élection présidentielle. En tête, Jacques Chirac, 20% des voix. Enorme surprise, Jean-Marie Le Pen semble devoir être le second avec 17% des voix. » Le candidat du parti socialiste, Lionel Jospin, est recalé au pied du podium, avec seulement 16% des voix.

Au siège du Parti socialiste, rue de Solférino, à Paris, les militants vivent des instants dramatiques. Pour eux, comme pour une majorité de Français, la non qualification de Lionel Jospin au profit de l’extrême droite est vécue comme un véritable séisme politique. Le journal télévisé du 22 avril 2002 revient sur cette soirée de désespoir chez les socialistes, marquée par la phrase de Lionel Jospin lors de son discours à ses militants : « J’assume pleinement la responsabilité de cet échec et j’en tire les conclusions en me retirant de la vie politique après la fin de l’élection présidentielle. »

Le journaliste Patrick Hesters, auteur du reportage, esquisse les raisons d’un échec que personne n’avait vu venir : « Point final d’une carrière politique de 30 ans. Abstention, éparpillement des votes, le candidat socialiste n’a pas su assez convaincre et mobiliser une majorité devenue trop plurielle. Ici [au siège du parti socialiste], pourtant, on parlait hier d’injustice, d’ingratitude et de travail accompli. » Pour les militants socialistes, le deuxième tour qui s’annonçait quinze jours plus tard va être celui du vote utile, comme le résume cette militante, interrogée en pleurs : « J’imagine que pour faire barrage à quelqu’un qui se bat contre tout ce qu’on est, et tout ce que je suis peut-être en particulier, il va falloir voter quand même Chirac. »

Au soir du 21 avril, Jean-Marie Le Pen prononce un discours depuis son quartier général de Montretout, à Saint-Cloud, au cours duquel il appelle les Français à se mobiliser pour ses idées de « redressement national » : « En attendant, n'ayez pas peur de rêver. Vous, les petits, les sans grade, les exclus, ne vous laissez pas enfermer dans les vieilles divisions de la gauche et de la droite. Vous qui avez supporté depuis vingt ans toutes les erreurs et les malversations des politiciens, vous, les mineurs, les métallos, les ouvriers et les ouvriers de toutes ces industries ruinées par l'euro mondialisme de Maastricht, vous, les agriculteurs aux retraites de misère et acculés à la ruine et à la disparition, vous aussi, qui êtes les premières victimes de l'insécurité dans les banlieues, les villes et les villages […] ».

Déclaration de Jean-Marie Le Pen
2002 - 05:54 - vidéo

Le président Jacques Chirac prend lui aussi la parole, en appelant au « sursaut démocratique », et en mettant en avant les « valeurs de la République auxquelles tous les Français sont profondément attachés. Aujourd'hui, ce qui est en cause, c'est l'idée même que nous nous faisons de l'homme, de ses droits et de sa dignité. C'est l'idée que nous nous faisons de la France, de son rôle et de sa place en Europe et dans le monde.[…] C'est dans la fraternité, dans l'ouverture aux autres, que la France est vraiment elle-même. J'en appelle à la France, cette France vivante, diverse, humaine, chaleureuse, que nous aimons. J'en appelle aux Françaises et aux Français, à chacune et à chacun d'entre vous. Parce que la démocratie, c'est le bien le plus précieux. Parce que la République est entre vos mains. Ce soir, mes chers compatriotes, la France a besoin de vous. »

Déclaration de Jacques Chirac
2002 - 05:02 - vidéo

Deux semaines plus tard, au soir du second tour, et après une mobilisation massive des Français dans la rue pour faire barrage au Front national, Jacques Chirac est réélu avec 82, 21% des voix, contre 17,79% pour Jean-Marie Le Pen.

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