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2014 : les sanctions occidentales ignorées par Vladimir Poutine

2014 : les sanctions occidentales ignorées par Vladimir Poutine

Depuis les premiers bombardements de l’Ukraine par Vladimir Poutine, l’Europe et les États-Unis ont annoncé plusieurs mesures économiques et financières visant à isoler et asphyxier la Russie. Des sanctions qui ne sont pas sans rappeler celles prises lors de la précédente crise de 2014 en Crimée.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 25.02.2022
 

Pour sortir au plus vite de la crise ukrainienne, ce jeudi 24 février, l’Europe et les États-Unis ont annoncé une salve de sanctions économiques et financières visant à « asphyxier » la Russie.

Les États-Unis ont d'abord indiqué par la voix de Joe Biden qu’ils imposeraient des sanctions économiques et des restrictions d’exportation vers la Russie.

Les dirigeants européens réunis en sommet, ce jeudi soir, ont ajouté de nouvelles mesures visant à isoler la Russie. L’UE va notamment bloquer l’accès de la Russie aux marchés de capitaux européens, lui permettant de financer sa dette souveraine. Elle va aussi réduire l’accès de la Russie à des « technologies cruciales », la privant ainsi de composants électroniques et de logiciels. D’autres restrictions ont été annoncées comme l’interdiction d’exporter vers la Russie des avions, pièces et équipements de l’industrie aéronautique et spatiale. Il sera aussi question de geler les avoirs des oligarques russes et de bloquer leurs transactions en Europe.

Seul bémol, l’Europe et les États-Unis ont décidé de ne pas bloquer pour l’instant l’accès de la Russie au système de messagerie bancaire Swift comme l'avait demandé le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

De son côté, Moscou a assuré que des « mesures de riposte suivront ». « À quel point elles seront symétriques ou asymétriques, cela va dépendre de l’analyse des restrictions » imposées à la Russie, a poursuivi Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin.

Une crise, des sanctions

Ces mesures rappellent celles prises par les puissances occidentales en 2014, alors que Vladimir Poutine soutenait la Crimée, région russophone de l'Ukraine, dans son désir de sédition. Le pays sortait alors d'une révolution (l'Euromaïdan du 18 au 23 février 2014) qui avait menée à la destitution de Viktor Ianoukovytch, président d'Ukraine en exercice, notoirement pro-russe. La victoire du camp pro-européen avait entraîné une crise sans précédent, notamment en Crimée, cette péninsule au bord de la Mer Noire peuplée d'une majorité pro-russe. Rejetant le gouvernement de transition, la Crimée avait demandé son rattachement à la Russie. C’est ainsi que Poutine, pour les soutenir, avaient envoyé des troupes dans la région. Début Mars 2014, après que Vladimir Poutine ait mobilisé ses troupes en Crimée, un bras de fer s’engageait avec les Occidentaux.

C'est ce que décrit l'archive en tête d'article datée du 2 mars 2014. Comme aujourd’hui, plusieurs instances internationales brandissaient la menace de sanctions économiques à l’égard de la Russie de Poutine. Une réunion de crise s’était déroulée au siège de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, secrétaire général de l'Otan lançant une première mise en garde : « Ce que fait la Russie en ce moment en Ukraine, c'est violer les principes de la Charte des Nations Unies et menacer la paix et la sécurité en Europe. La Russie doit cesser ses activités militaires. », avait-il déclaré.

Isoler la Russie

Aux Etats-Unis, John Kerry, le secrétaire d'Etat américain menaçait de boycotter le G8 de Sotchi et annonçait sa prochaine venue à Kiev. Les Etats-Unis préparaient de possibles sanctions économiques : « Il pourrait se retrouver avec le gel des avoirs russes, les investisseurs américains qui se retirent et des incidents sur le rouble. C'est un lourd prix à payer. »

La volonté était alors, comme aujourd'hui, d'isoler la Russie des autres puissances mondiales. Par la voix de Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, la France annonçait également ne pas participer aux réunions préparatoires du G8 : « La position de la France est de souhaiter que soit suspendue la préparation du G8 de Sotchi tant que les partenaires russes ne sont pas revenus à des principes conformes au G8 et au G7. »

La question restait entière : Vladimir Poutine allait-il céder au bras de fer ? Interviewé à ce sujet, le Général Vincent Desportes, ancien directeur de l'Ecole de guerre précisait la stratégie en jeu qui consistait surtout à négocier : « Chacun avance ses pions et sauf événement extraordinaire, cela ne débouchera évidemment pas sur une guerre. »

Les Etats-Unis à la manoeuvre

L'archive ci dessous du 20 mars résume les mesures prises à l’encontre de la Russie. Les mesures américaines visaient essentiellement des banques et des proches du maître du Kremlin. L'Europe apparaissant comme « timorée » selon les commentateurs.

« J'ai ordonné de nouvelles sanctions aujourd'hui. Non seulement contre des individus, mais également contre des secteurs clés de l'économie russe ». (Barack Obama)

« Les sanctions économiques, même si elles ne sont pas décidées aujourd'hui doivent être envisagées, doivent être en tout cas préparées. » (François Hollande)

La liste noire européenne

Finalement, contre toute attente, le 21 mars 2014, l'Europe frappait un grand coup en décidant, comme les Américains, de sanctionner des proches du maître du Kremlin. Côté français, François Hollande annonçait qu’il suspendait la coopération militaire avec Moscou et confirmait que des avions de chasses français pourraient être envoyés dans les Pays Baltes pour les rassurer.

Ces mesures n’allaient pas empêcher la Crimée d’organiser un référendum et de voter largement le rattachement à la Russie. Un vote signé et validé par Poutine.

Selon l'Institut suisse Targeted Sanctions Consortium, ces dernière années seuls 22% des pays subissant des sanctions économiques ont infléchi leur politique. La Russie , d’après le FMI, n'a perdu que 0,2% de son PIB à cause des sanctions de l’époque.

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