« Un honneur qui ne se refuse pas ». C'est en ces termes que la dessinatrice Coco, 38 ans, a commenté l'annonce faite lundi 8 mars par le quotidien "Libération" de sa nomination au poste de caricaturiste attitrée du journal. À compter du 1er avril, elle succédera au dessinateur néerlandais Willem, entré à « Libé » en 1981, et comme elle, collaborateur régulier du journal Charlie Hebdo.
C'est en 2008 que la jeune femme, née en 1982, débute sa collaboration avec le journal satirique. Au sein de la rédaction, le courant passe bien et elle devient rapidement pigiste régulière. Les documentalistes de l'INA ont retrouvé sa première télé, le 22 janvier 2011 : c'était dans le journal de France 3 Nantes, qui lui consacrait un portrait à l'occasion des 12es rencontres internationales du dessin de presse à Carquefou.
Coco présente son travail comme une véritable profession de foi, mettant en avant l'objectif du dessin de presse : « Si un dessein ne suscite rien, c'est là qu'il faut se poser des questions ». A la pointe de son stylo, toujours, il y a cette obligation de dire quelque chose : « Mon but à la base, c'est de critiquer. Comme un critique de cinéma critique les films, moi je critique la vie ».
« Besoin de crier »
Son travail se nourrit notamment de l'exposition médiatique que lui apportent ses lecteurs : « Quand on fait un petit dessin dans son coin, ça ne dit rien, ça murmure juste. Mais quand on fait un dessin de presse et qu'il est exposé à un public, à un lectorat, là tout de suite ça prend un autre impact. J'avais besoin de ça ». La dessinatrice exprime même un « furieux besoin de crier » ses idées et ses dessins.
Le 7 janvier 2015, alors qu'elle s'apprête à quitter les locaux de "Charlie Hebdo" pour aller chercher sa fille, Coco est prise en otage par les frères Kouachi dans la cage d'escaliers. Les deux terroristes l'obligent à composer le code de la porte blindée qui donne accès à la salle de rédaction. L'attentat va coûter la vie à douze personnes, dont huit collaborateurs du journal.