La crise ne faiblit pas en Guadeloupe, après une semaine de conflit social. Mardi 23 novembre, Gérald Darmanin a indiqué qu’il y avait eu plus « de 90 interpellations et plus de 60 gardes à vue » depuis le début des émeutes qui secouent l’archipel des Antilles. « Le rétablissement de l’ordre public est le préalable à toute discussion », a déclaré le ministre de l’Intérieur, en évoquant des « tirs à balles réelles sur les gendarmes ». La veille, le premier ministre Jean Castex avait « condamné avec la plus extrême fermeté » les violences qui ont éclaté.
Le mouvement, qui est né contre l’obligation vaccinale imposée au personnel soignant, alors que 90% des soignants sont pourtant vaccinés contre le Covid, s’est transformé plus généralement en contestation sociale de la part d’une minorité de la population. Aux scènes de pillage et de violence, le gouvernement a répondu par l'envoi de renforts de police, notamment des forces d'élite du GIGN et du Raid.
Grève contre la vie chère
Cette flambée de violence rappelle la longue crise qu’a connue l’archipel en 2009. Durant 44 jours, la Guadeloupe a été paralysée par l’un des plus longs conflits sociaux de son histoire. Selon Sud-Ouest, les revendications de cette « grève contre la vie chère » portaient « sur une baisse des prix jugés abusifs de certains produits de base, comme le carburant et l’alimentation, ainsi qu’une demande de revalorisation des bas salaires ».
Le conflit social, porté par les syndicats, et notamment le collectif LKP, créé fin 2008, était débordé par des violences et des émeutes qui coûtaient la vie à un syndicaliste du LKP, Jacques Bino, tué par balles le 18 février 2009 par des jeunes tenant un barrage routier à Pointe-à-Pitre alors qu'il rentrait d'un meeting. Un deuxième mort était à déplorer, le 21 février, avec l’accident mortel d’un jeune motard de 23 ans ayant percuté un barrage érigé par des membres du LKP.
Le 5 mars 2009, France 3 Outre-Mer annonçait finalement la fin de la grève générale, avec la signature par le préfet et le collectif LKP d’un accord de 165 points de revendications pour « améliorer le pouvoir d’achat ». Malgré la signature de cet accord, le porte-parole du LKP, Elie Domota, prévenait : « Aujourd’hui les problèmes de fond qui sont posés dans cette plateforme ne sont pas des problèmes qu’on peut régler en 40 jours, il y a tout un tas de dossiers relatifs à l’éducation, à la formation, à la préservation de l’environnement, […] à la production, tout cela va nécessiter de longues réflexions. Cela veut dire qu’un premier pas est franchi mais qu’il y a un long combat à mener, une longue réflexion à faire qui va durer les semaines, les mois et même les années qui viennent. »
Plus de dix ans après cette crise, la Guadeloupe est toujours frappée par un chômage endémique qui avoisine 30% de la population et affecte principalement les jeunes.
Grève générale terminée en Guadeloupe
2009 - 01:53 - vidéo
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