Des stages de désobéissance civile ça ne s'improvise pas. Le 5 janvier 2008, le 20 heures de France 2 consacrait un reportage sur le collectif "Les désobéissants" qui proposait alors des stages aux militants professionnels ou amateurs pour leur apprendre à être plus efficaces dans leurs actions, mais sans utiliser la violence.
"Ces militants s'exercent à ce qu'ils appellent l'action directe non-violente. Etudiants, retraités, informaticiens, professeurs, militants expérimentés ou non, ils viennent de tous les horizons."
"Je suis venue pour rencontrer des gens qui partagent des valeurs et puis peut-être apprendre à s'organiser pour être un peu plus acteurs…", précise cette stagiaire.
Un homme précise, "on est venus pour apprendre d'autres formes et sortir un peu des schémas traditionnels de la manifestation".
Le stage met en scène différents scénarios. Ce jour-là, un scénario d'actualité puisqu'il se déroule dans le village de Bure, 90 habitants, qui pourrait devenir le premier site français d'enfouissement de déchets nucléaires. Les opposants locaux ont sollicités cet entraînement de deux jours. L'un d'eux décrit ses motivations et ses attentes : "Comment on peut ralentir l'arrivée de véhicules ? Comment on peut se protéger juridiquement ? Comment on peut réduire le degré de violence d'un adversaire ? Tout cela, ça s'apprend. C'est un certain nombre de savoirs qui sont présents dans les mouvements de lutte depuis des dizaines d'années".
Le commentaire souligne que les sujets de désobéissance civile ne manquent pas dans la société, "hébergeurs des sans-papiers, faucheurs d'OGM, anti-précarité ou antipub. Tous revendiquent des méthodes non violentes, voire ludiques. Encore faut-il définir la non-violence".
Pendant des travaux pratiques, l'un des organisateurs questionne ses stagiaires, "dans le groupe, il y a des gens qui insultent les policiers. Violent ? Pas violent? Je ferai ? Je ferai pas ? Alors que l'un des participants explique qu'à la violence, il répondrait par la violence, le formateur avertit : "c'est une violence verbale donc c'est une violence qui peut engendrer une autre violence en réaction."
Face à la subjectivité de chacun, "il faut donc fixer le cadre de toute action à l'avance. Cela vaut pour la logistique ou encore les médias, car ces nouveaux militants maîtrisent le marketing de l'image. A la recherche d'efficacité, ils peaufinent même les techniques de blocage quand groupés et mélangés... voici la tortue".
La tortue une parade de défense devenue un grand classique des "sitting", le formateur explique l'intérêt de cette stratégie statique et tactique : "dix, quinze minutes, vingt minutes suffisent pour que la presse fasse les images."
Dehors, c'est l'heure de la mise en pratique, plutôt musclée, dans des conditions qui n'ont rien à envier à la réalité.
"Car désobéir, cela veut dire enfreindre la loi". Pierre, policier d'un jour, assume, "cela veut dire prendre des risques personnels, d'être arrêtés et d'être jugés. Moi-même, j'ai fait un peu de prison. Il faut savoir que des choses qui ont été souvent illégales sont devenues légitimes. Il y a qu'à voir, par exemple, la naissance des syndicats".
"À chaque stagiaire de trouver les limites de son engagement. Les désobéissants espèrent en tout cas grossir les rangs. En 2007, ils ont organisé une vingtaine de formations".