Qui pouvait imaginer que le ver de plage que l'on repère aux petits boudins de sable qu'il laisse sur la plage pourrait nous sauver la vie ? En décembre 2007, ce reportage nous entraînait dans le laboratoire d'Hemarina Roscoff où des chercheurs s'intéressaient de près à l'arénicole, ce petit ver marin dont l'hémoglobine était capable de piéger de l'oxygène et de le conserver plusieurs heures.
Sur la plage, deux chercheurs armés d'une fourche déterre l'arénicole, ce ver aux étonnantes capacités de survie qui intriguent les scientifiques.
Franck Zal, chercheur au CNRS et directeur de Hemarina Roscoff explique que "dans un premier temps, c'était d'un point de vue uniquement fondamental. On essayait de comprendre comment le ver respirait dans l'air et dans l'eau. Ici, vous voyez qu'ils sont à sec mais quand la marée va monter, ils vont se retrouver sous l'eau et on a essayé de comprendre comment c'était possible ? Comment un mécanisme physiologique comme ça pouvait fonctionner ?"
Direction le laboratoire où des vers font trempette dans une bassine remplie d'eau. Le commentaire précise que leur secret "réside dans leur sang. Leur hémoglobine est capable de piéger l'oxygène et de le conserver plusieurs heures. Et plus étonnant encore, leur hémoglobine ressemble à celle contenue dans notre sang. Ce chercheur a imaginé que tout ce sang pourrait peut-être servir à l'homme".
A travers leur étude, les chercheurs observaient que cette hémoglobine s'apparentait à celle contenue dans les globules rouges du sang humain. Une découverte ouvrant la porte à plusieurs applications médicales possibles pour la préservation d'organes en attente d'implantation, pour des pansements actifs qui permettent d'oxygéner les plaies et d'accélérer la cicatrisation, et comme substitut sanguin.
Franck Zal confirme qu'il espère pouvoir "utiliser cette molécule dans la préservation d'organes donc augmenter la capacité de vie des organes en attente de transplantation. La seconde utilisation serait d'utiliser cette molécule dans des pansements actifs qui permet d'oxygéner les plaies et d'augmenter la cicatrisation et la troisième application, c'est d'utiliser cette molécule comme substitut sanguin."
Le commentaire souligne néanmoins que la transfusion à l'homme ne sera pas possible avant plusieurs années. "Par contre, dans deux ans, il devrait être utilisé pour les greffes d'organes, dans quatre à cinq ans pour les pansements. Les organismes marins sont de nouvelles pistes très prometteuses et de nombreux scientifiques cherchent dans l'océan notre salut de demain".
Dans l’attente d’une nouvelle évaluation, l’Agence du médicament (ANSM) a donc décidé de suspendre le feu vert qu’elle avait dans un premier temps donné pour l'étude d'une solution fabriquée par la société bretonne Hemarina. Cette annonce d'administrer un soluté issu du sang de ver à des patients atteints du Covid-19 avait suscité un espoir a été stoppé jeudi dans l'attente d'une nouvelle évaluation, comme l'a indiqué l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) à l'AFP.
Le ver marin donneur universel ?
13h00 de F2 : Ver marin : un substitut de sang humain. Un substitut du sang humain dans un ver marin... C'est une piste très sérieuse sur laquelle travaille des chercheurs du CNRS de Roscoff... L'arénicole, un ver marin possèderait une hémoglobine très proche de celle de l'être humain... (8 avril 2006)
Les vers marins. Une découverte qui pourrait révolutionner la médecine... Le ver marin ! Son sang, universel aurait des pouvoirs thérapeutiques étonnnants... on vous explique. (12-13 Edition nationale, 29 août 2017)