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2006 : les rêves brisés de la verrerie Duralex

2006 : les rêves brisés de la verrerie Duralex

La verrerie Duralex a mis sa production en veille pendant 5 mois pour économiser de l’énergie. L'occasion de revenir sur l'histoire de cette marque mythique, symbole de l'industrie française, et qui a bien failli à plusieurs reprises disparaître. Comme en 2006, où Duralex était au bord du gouffre.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 29.01.2021 - Mis à jour le 17.04.2023
Historique de l'entreprise Duralex - 2006 - 03:25 - vidéo
 

La célèbre verrerie française, sauvée in extremis en janvier 2021 par International Cookware, la maison mère de Pyrex, et qui a réalisé en 2021 un chiffre d'affaires de 23,4 millions d'euros, a mis sa production en veilleentre novembre 2022 et avril 2023 pour préserver ses finances dans le contexte du renchérissement du prix de l'énergie.

C'est au milieu des années 2000 que Duralex connaît de graves difficultés. Le 29 octobre 2006, alors que la verrerie attend la décision du tribunal de commerce d'Orléans concernant sa liquidation, le 19/20 Edition Centre de FR3 lui consacre un dossier : «Le tribunal de commerce d'Orléans doit se prononcer sur une liquidation attendue. Depuis septembre, la verrerie semble s'enfoncer inéluctablement. La chute de l'empire du verre incassable après 65 ans de règne qui a débuté près d'Orléans...» Ainsi débute ce sujet qui revient sur l'histoire de l'entreprise fondée en 1939 à la Chapelle-Saint-Mesmin dans le Loiret.

Son succès : un verre incassable devenu un classique. « En 1965… avec 133 millions d'articles qui sortent de la chaîne, le godet est sur toutes les tables des cantines de France. Les assiettes et bols, présents dans toutes les cuisines ». Les produits Duralex remportent un prix de la publicité à Cannes, et la marque est présente dans 120 pays dans les années 70. « L'objet ordinaire est réellement porté aux nues jusqu'aux premières difficultés dans les années 80 », explique le commentaire de l'archive. En 1996, Saint-Gobain, qui juge la branche pas assez rentable, s'en sépare et « sept ans après, alors aux mains de l'Italien Bormioli, l'entreprise dépose le bilan en juin 2005 ». Un industriel turc, Sinan Solmaz, fan de la marque, reprend le flambeau, « mais de mauvaise gestion en mauvaises décisions le déclin de la marque continue ».

Le préfet du Loiret décide alors de faire évacuer « les 70 tonnes de verre en fusion du four, situé sur le second site à Rive-de-Gier pour raisons de sécurité ». La production s'arrête, « plongeant 114 salariés dans le plus total désarroi ». Les ouvriers inquiets décrivent la situation devant les caméras : « il faut qu'ils annoncent quelque chose, en positif ou en négatif, il faut rester humain, quoi » témoigne Larbi Mahdi, un machiniste du site de Rive-de-Gier. À l'époque, les 250 salariés de Saint-Mesmin sont eux-aussi dans le flou total. Malgré les carnets de commandes pleins, l'usine marche au ralenti faute de moyens « et ce sont des tonnes d'assiettes, de bols et de verres qui attendent l'achat de cartons pour être livrés ».

248 employés repris

La situation sous la direction de Sinan Solmaz empire et en 2008 la société est placée en liquidation judiciaire. Sinan Solmaz sera condamné en 2014 à à trois ans de prison ferme pour abus de biens sociaux et banqueroute par détournement ou dissimulation et 200 000 euros d'amende, dans le cadre de sa gestion frauduleuse de Duralex.

En juillet 2008, Duralex est alors repris par Antoine Ioannidès, un industriel franco-britannique, épaulé par deux anciens cadres de l'entreprise. La nouvelle équipe aux commandes insuffle un nouveau dynamisme et les affaires repartent.

Mais depuis 2017, les problèmes se sont à nouveau accumulés : incident lors du remplacement du four, puis la crise sanitaire de 2020 ont mené au placement en redressement judiciaire, en septembre 2020. La reprise par Pyrex validée par le tribunal de commerce d'Orléans, le 28 janvier 2021, avait mis un terme à plusieurs mois d'angoisse. La décision favorable, sans casse sociale, annonçait un avenir plus clément à la quasi-totalité des 248 employés qui ont été repris dans le cadre du projet de Pyrex.

C'était avant le déclenchement de la guerre en Ukraine et l'explosion du coût de l'énergie qui représente un nouveau défi économique pour la société, qui assure cependant avoir constitué assez de réserves pour pouvoir continuer son activité commerciale cet hiver alors que son activité industrielle aura été mise en pause.

Duralex est aussi - surtout ? - connu pour le nombre inscrit au fond des verres et autres bols. À la cantine, des générations d'enfants ont été nombreux à imaginer dans ce nombre un âge.

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