Après de fortes pressions internationales dans le contexte de l'invasion russe en Ukraine, le conseil d'administration de Renault a décidé, mercredi 23 mars, de suspendre les activités de son usine à Moscou. Une décision de taille, puisque pour la marque au losange, la Russie est le deuxième marché, après la France, avec près de 500 000 immatriculations en 2021. Une présence massive en Russie qui date d'une quinzaine d'années, et qui était déjà visible avec ce reportage de France 2 placé en tête d'article. Le 10 février 2006, ce sujet faisait état du succès en Russie de la Renault Logan, un modèle commercialisé en Europe sous la marque roumaine Dacia, rachetée en 1999 par Renault.
Ce modèle Logan, « produit sur place à bas prix, était la coqueluche des Moscovites ». Pour l'assembler, son usine de Moscou fonctionnait à plein régime : « 10 000 voitures y étaient produites entre avril et décembre [2005], toutes vendues, et trois mois de carnet de commande pleins, preuve selon la direction [de Renault] que la stratégie était la bonne. »
Implantation locale
Pour Jean-Michel Jaliner, directeur de l’usine AvtoFramos, la stratégie était aussi l'implantation locale des fournisseurs : « Importer un modèle avec les droits de douane et les frais de transport nous met hors marché du point de vue coûts. Si on a des ambitions, il faut être local, et en étant local on peut à ce moment-là avoir des ambitions de volume sur ce marché ». Avec pour avantage des salaires moins élevés en Russie qu'en Europe, mais pas toujours assez de fournisseurs par rapport aux besoins de l'usine. Si la Roumanie palliait encore à ce manque de ressources sur place, Renault s'était « mis en chasse de fournisseurs locaux pour gagner encore sur les coûts de transport et de douane ».
Alors 8e entreprise sur le marché automobile russe, Renault allait considérablement renforcer sa présence dans ce pays en entrant deux ans plus tard, en 2008, dans le capital du constructeur national russe AvtoVAZ et sa marque historique Lada, qu'il rachetait en 2012.