Dans la nuit de jeudi 29 au vendredi 30 avril 2021, une bousculade géante a eu lieu au mont Méron, dans le nord d'Israël. Le dernier bilan fait état de 44 morts et de centaines de blessés. Des dizaines de milliers de personnes participaient à un pèlerinage annuel. Les causes de la catastrophe n'ont pas encore clairement été établies. Les faits se sont déroulés à proximité de la tombe du Rabbi Shimon bar Yochaï, un talmudiste du IIe siècle de l’ère chrétienne auquel à qui est attribué la rédaction du Zohar, ouvrage central de la mystique juive.
Cette fête qui porte le nom de Lag Baomer (33ème jour de l'omer) accueille toutes les composantes de la communauté juive. Elle commémore le 33ème jour de la période de 50 jours qui sépare la Pâque juive de la Pentecôte. Ce reportage diffusé dans le magazine "Sources de vie" nous plonge en immersion au milieu des pèlerins. Ce soir-là, comme chaque année, "on commémore deux événements qui eurent lieu au second siècle après l'ère chrétienne. La fin d'une épidémie, en 135 après J.C., qui décima les disciples des écoles talmudiques, et la mort de Rabbi Shimon Bar Yochaï, grande figure de l'eschatologie juive, il cristallise toutes les attentes d'un monde meilleur". Après une période de deuil, quand arrive le 33ème jour, date de l'arrêt de l'épidémie, la vie reprend son cours. En mai 2004, comme tous les ans, des milliers de pèlerins sont venus se recueillir pour rendre hommage à Rabbi Shimon Bar Yochaï et assister aux festivités.
Une fête joyeuse
Le pèlerinage commence toujours avec une série d'offices improvisés, "auxquels se joignent spontanément une partie des forces de l'ordre". La caméra se promène parmi les fidèles. Autour des feux de joie, on chante, on prie, "le site devient un vaste lieu de prière, expression de la piété tantôt muette, tantôt tonitruante des fidèles". C'est à l'office du soir que la ferveur devient la plus palpable : "Pour évoquer le souvenir du maître, certains n'hésitent pas à recourir à un instrument de musique qui, dans la Bible, annonce des temps messianiques : le shofar", [une corne de bélier torsadée, c'est avec elle que les Hébreux auraient fait tomber les murailles de Jéricho]. D'autres, en revanche, commémorent l'événement à l'aide de sonorités plus contemporaines, que le commentateur compare à "une Rave Party de l'exaltation de la foi". Cette joie affichée a de quoi surprendre, c'est l'anniversaire de la mort du rabbi, mais voilà, ce jour n'est pas considéré comme un deuil mais comme un mariage mystique : "Il est appelé : Les noces de Rabbi Shimon. Les noces de son âme qui, en quittant ce monde, s'est unie à son créateur dont il fut toute sa vie durant, si familier", et à un mariage, bien entendu, on danse ! Lag Baomer est donc une fête joyeuse.
Pour ce pèlerinage de 2021, les autorités avaient autorisé la présence de 10 000 personnes dans l’enceinte du tombeau, mais, selon les organisateurs, ce sont au minimum 30 000 personnes qui se seraient agglutinées sur place. La presse locale fait même état de 100 000 personnes. Le ministère de la justice a annoncé l’ouverture d’une enquête qui devra déterminer les responsabilités en jeu dans ce drame.
Florence Dartois
Pour aller plus loin :
La source de vie : Lag Baomer : aux origines de cette fête. Un rabbin explique qu'autrefois, il s'agissait notamment de processions autours des tombes et que cette fête célèbre le rabbi Rabbi Shimon bar Yochaï est selon lui, d'abord une fête séfarade. (28 mai 1967)
La source de vie : cérémonie et chants célébrant Lag Baomer. Célébration de la fête juive Lag Baomer, en France, dans un cadre champêtre. (28 mai 1967)
La source de vie : célébration de Lag Baomer en France. Dans un cadre champêtre, des merguez casher sont préparées dans la bonne humeur. (21 mai 1978)
La source de vie : histoire du Rabbi Shimon Bar Yochaï qui lutta contre l'autorité romaine en Galilée et se réfugia durant 13 ans dans une caverne pour communiquer avec le divin. Dieu lui révéla tous ses secrets qu'il retranscrit dans la Kabbale. (21 mai 1978)