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2002 : Jacques Chirac refuse le débat avec Jean-Marie Le Pen pour ne pas «banaliser» ses idées

2002 : Jacques Chirac refuse le débat avec Jean-Marie Le Pen pour ne pas «banaliser» ses idées

Le débat de l'entre-deux-tours de la présidentielle a été institué en 1974, et il est devenu une véritable tradition républicaine. La seule fois où il n'a pas eu lieu, c'était en 2002. Jacques Chirac avait alors refusé le débat avec Jean-Marie Le Pen.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 20.04.2022
 

Le débat de 2022 entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron est en quelque sorte un « match retour » après celui du 3 mai 2017. A l’époque, 16,5 millions de Français avaient suivi ce rendez-vous institué pour la première fois en 1974 quelques jours avant le second tour de l’élection présidentielle entre Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand. Mais en 2017, c’était aussi la première fois que l’extrême droite participait à ce débat de l’entre-deux-tours. Car lors de sa première qualification au second tour dans une élection présidentielle, en 2002, Jean-Marie Le Pen, président du Front national, s’était vu refuser par Jacques Chirac, le président sortant et candidat à sa réélection, la tenue d’un tel débat.

Nous revenons avec cette archive en tête d’article sur la non-tenue du débat de l’entre-deux-tours en 2002, une « entorse à la coutume républicaine », selon le commentaire du journaliste de France 3 Charles Sanviti dans son sujet diffusé le 23 avril 2002 : « Pour la première fois depuis 1974 le duel cathodique de l’entre-deux-tours n’aura pas lieu. Ce combat souvent sanctionné par un KO, le président candidat n’en veut pas. La politique du spectacle, ça n’est pas pour lui, question de forme et question de fond. »

En meeting à Rennes, le 23 avril, le président candidat Jacques Chirac justifie de ne pas parler avec Jean-Marie Le Pen par sa volonté de ne pas « banaliser » ses idées : « Pas plus que je n’ai accepté dans le passé d’alliance avec le Front national, et ceci quelque en soit le prix politique, pas plus que je ne l’ai accepté dans le passé, je n’accepterai demain de débat avec son représentant. Je ne peux pas accepter la banalisation de l’intolérance et de la haine. »

«Pitoyable dégonflade»

Jean-Marie Le Pen, « à l’aise aux jeux du cirque et dans la fosse aux lions » selon les mots du journaliste Charles Santivi, récuse fortement à la caméra de France 3 ce boycott : « C’est une pitoyable dégonflade. Moi je lui offrais un duel, et quand un adversaire d’un duel est considéré comme s’étant retiré, il est déshonoré. Ce sont les règles de l’honneur, une matière que connaît mal Jacques Chirac. »

En 2002, l’arrivée du Front national au second tour de l’élection présidentielle avait été vécue dans la population comme un choc politique. Selon France Inter, « dès le soir du 21 avril, des milliers de Français [étaient descendus] spontanément dans les rues pour protester (...) Rappelons que le score du Front national [était] alors légèrement supérieur à celui du Parti socialiste et de son candidat Lionel Jospin : 16,86% contre 16,18%. » Toujours selon France Inter, les manifestations s’étaient poursuivies, le 24 avril, 60 000 personnes avaient défilé dans les rues des grandes villes, 250 000 le lendemain, le jeudi 25 avril. Le 27 avril, 200 000 manifestants s’étaient rassemblés dans les grandes villes. Un mouvement qui atteignait son apogée le 1er mai, où entre 1,3 et 2 millions de personnes avaient protesté dans toute la France contre le Front national, dont 400 000 (900 000 selon les organisateurs) rien qu’à Paris.

Pour son traditionnel défilé du 1er-Mai, le FN avait rassemblé quant à lui entre 10 000 et 100 000 sympathisants.

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