Une dizaine de thérapeutes certifiés et experts en sevrage tabagique vont proposer aux fumeurs d’arrêter le tabac en une seule séance d’hypnose. Le Centre européen d'arrêt du tabac par l'hypnose (CEATH) sera ouvert 7 jours sur 7, de 7 heures à 22 heures. Si vous êtes motivés, en 2 heures et pour 250 euros, le centre vous promet un arrêt total de l'envie de fumer.
Le 13 novembre 1998, le magazine Vent sud, du 12-13 Languedoc-Roussillon, de France 3 Montpellier, menait l'enquête pour savoir si l'hypnose pouvait vraiment venir à bout de la tabagie.A l'époque déjà, l'hypnose thérapeutique était présentée comme un moyen efficace pour arrêter de fumer.
"J'ai fait un peu le public-relations de l'hypnose..."
Le premier intervenant du reportage est un célèbre hypnotiseur d'alors, Chris. Une mise en scène mystérieuse, avec cadrage serré sur ses yeux bleus plonge d'emblée le téléspectateur dans l'ambiance… Sa voix grave complète le mystère.
"Ne regardez qu'eux et rien d'autre qu'eux. Laissez-vous allez doucement. Vous allez voir très rapidement une immense plénitude s'emparer de vous. Très rapidement, vous voyez les yeux. Une légère vibration en eux. Vous les suivez. Vous êtes bien, calme, décontracté".
L'hypnotiseur à l'origine de l'introduction de l'hypnose en France en 1973, affirme les résultats positifs de cette technique, "j'ai fait cette expérience avec des médias comme témoins et les résultats, qui ont été suivis correctement pendant plusieurs mois auprès des particuliers qui ont participé à l'expérience, ont été communiqués en bonne et due forme à l'époque au ministère de la Santé, qui était tenu par madame Simone Veil".
Le précurseur décrit son rôle dans l'introduction de cette pratique en France, "j'ai fait un peu le public-relations de l'hypnose. J'ai fait des expériences de ce type à la radio. J'ai fait des expériences ce type à la télévision afin que ça rentre dans les mœurs".
"On s'allonge et on est reposé et on est conscient et on s'en va..."
"Chose faite, aujourd'hui, l'hypnose est devenue monnaie courante", annonce le commentaire. Le reportage nous emmène ensuite dans le cabinet de Bernard Boutot, psychiatre et hypnothérapeute, lors d'une séance.
"Alors maintenant, vous allez partir. Vous allez partir et ma voix va partir avec vous. Ma voix va aller partout avec vous".
Le praticien décrit cet état comme "un peu magique, effectivement, qui permet des résultats étonnants".
Cette efficacité, il ne l'explique pas, mais constate son efficience "comment l'expliquer de manière scientifique ? Je crois qu'on n'a pas véritablement l'explication. On demande simplement : laissez-vous aller à vous rappeler un moment où vous n'avez pas fumé. Et c'est l'inconscient qui va conduire ce patient vers l'enfant, la petite enfance. Du plus ancien au plus récent."
Au terme de sa séance, une patiente conquise relate son expérience personnelle. Elle ne fume plus depuis plus de deux ans.
"Nous sommes venus le voir avec mon mari. Nous avons décidé de nous arrêter de fumer et donc on a essayé. Effectivement, on y est arrivé. On est venu le voir plusieurs fois et on y est arrivé. La preuve, c'est que depuis deux ans et demi, on ne fume plus ni l'un ni l'autre. Et puis, en fin de compte, il n'y a pas d'inconvénients. On s'allonge et on est reposé et on est conscient et on s'en va. Je veux dire, il n'y a aucun inconvénient. Est-ce qu'aujourd'hui, vous avez encore des envies? Lui demande la journaliste".
"Très, très rarement. Mais vraiment, je ne dirais pas que c'est l'envie de la cigarette. C'est peut être un réflexe à un certain moment, mais c'est très, très rare. Ça fait deux ans et demi. Maintenant, c'est très, très rare".
"En milieu hospitalier, on n'a pas d'a priori contre l'hypnose"
La journaliste, qui se met en scène en fumeuse addictive, précise que, "l'hypnose thérapeutique a donc l'air de faire ses preuves. Mais encore faut-il que vous soyez réceptif. Tel est le terme. Et ça, ce n'est pas donné à tout le monde. Je confirme, alors à chacun son substitut. L'essentiel, c'est d'arrêter la cigarette. Surtout que le marché ne manque pas d'arguments. On en pense quoi du côté des médecins" ?
Le docteur Xavier Quantin, pneumologue-cancérologue au C.H.U de Montpellier donne son point de vue sur les techniques de sevrage, "Je pense qu'il existe effectivement un véritable marché du sevrage tabagique. Parmi les moyens utilisés, peu finalement on fait la preuve de leur efficacité d'un point de vue scientifique. A l'hôpital, nous utilisons des techniques qui sont éprouvées et qui font l'objet de recommandations internationales, c'est-à-dire l'utilisation de substituts nicotiniques : patchs ou gommes à mâcher. En milieu hospitalier, on n'a pas d'a priori contre l'hypnose. L'hypnose est une technique, une technique essentiellement utilisée aux Etats-Unis, avec des résultats annoncés qui sont relativement satisfaisants puisqu'on parle de plus de 50% de taux de succès. Mais il y a eu à l'heure actuelle jamais aucune démonstration de l'efficacité de l'hypnose".
Pour Chris, aucun doute, "les techniques hypnotiques sont bonnes, elles ont d'excellents résultats, un taux de réussite très important. Mais faut-il qu'au départ, la personne désire vraiment arrêter de fumer. Tout est là "!
Une nouvelle fois, gros-plan sur les yeux de l'hypnotiseur, "tout va bien. Voyez qu'un regard et quelques mots peuvent parfois avoir des effets étonnants".
Depuis ce reportage, l'hypnose thérapeutique a gagné en légitimité et les formations se sont multipliées. L'hypnose est désormais utilisée dans certains hôpitaux, notamment en matière d'anesthésie naturelle.
Florence Dartois