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1998 : « Guerre des chefs » au Front national

1998 : « Guerre des chefs » au Front national

Jean-Marie Le Pen a voulu rassurer sa fille de son soutien, dimanche 30 janvier, alors que le Rassemblement national est fragilisé par des défections vers la candidature d'Eric Zemmour. Une situation qui n'est pas sans rappeler le conflit qui avait opposé en 1998 Jean-Marie Le Pen à Bruno Mégret, entraînant la scission du Front national.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 31.01.2022
 

Dimanche 30 janvier, Jean-Marie Le Pen a apporté son soutien à sa fille Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national à l’élection présidentielle, alors que des défections dans l’ancien Front national se font jour au profit d’Eric Zemmour, comme celles des eurodéputés Gilbert Collard ou Jérôme Rivière. Et surtout celle, hautement symbolique, de Marion Maréchal Le Pen, qui semble prête elle aussi à rejoindre le camp du candidat identitaire. « C’est brutal, c’est violent, c’est difficile pour moi », réagissait à cette nouvelle Marine Le Pen sur le plateau de CNews, vendredi 28 janvier, insistant sur la « trahison » de sa nièce. Le possible ralliement de Marion Maréchal Le Pen à Eric Zemmour sème la confusion dans la famille Le Pen et au sein de la direction du Rassemblement national.

« Poignée de lieutenants et de quartiers maîtres félons »

Au point de faire penser à la scission qu’avait connu le Front national en 1998 et 1999. Une crise née à l’été 1998, lorsque Jean-Marie Le Pen, président du Front national, qui craint d’être déclaré inéligible par la justice, déclare qu'il confiera le cas échéant à sa femme Jany la tête de liste du parti aux élections européennes, prévues pour le mois de juin 1999.

Contestant l’emprise de Jean-Marie Le Pen sur le parti et une candidature qu’il ne juge pas sérieuse, son lieutenant, Bruno Le Maire, annonce le 24 août qu’il se porte candidat pour mener la liste FN. Colère de Jean-Marie Le Pen, qui se déclare candidat à son tour. La situation s’envenime alors que Bruno Mégret montre tout le soutien dont il dispose de la part de la « base », faisant état de « 60 fédérations départementales sur 95 » qui soutiennent l’idée d’un congrès extraordinaire du parti. Le 11 décembre 1998, le journal télévisé de France 2 fait état d’une « rupture consommée » entre les deux hommes, symbolisée par la déclaration de Jean-Marie Le Pen depuis sa résidence de Saint-Cloud, qui décide d’exclure Bruno Mégret et ses amis du Front national : « J'entends donc assumer mes responsabilités dans leur plénitude. Je n'abandonnerai pas la barre du navire à une poignée de lieutenants et de quartiers maîtres félons. Fort d'une autorité qu'eux-mêmes, en public, feignent aujourd'hui de reconnaître au président du FN, j'ai décidé de les sanctionner en frappant la conjuration à la tête. »

La scission, la première d’une telle envergure au sein du Front national, entraîne la constitution de deux listes concurrentes pour les élections européennes. Le Front national, considérablement affaibli, ne recueille que 5,69% des voix. Quant à la nouvelle formation du Mouvement national républicain (MNR) de Bruno Mégret et des transfuges du Front national, elle ne recueille que 3,28% des voix. Une douche froide pour l’extrême droite, avant le coup d’éclat de la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle, en 2002, avec 16,86% des voix. Le MNR de Bruno Mégret n’étant quant à lui crédité que de 2,34% des voix.

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