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1997, utilité de la désobéissance civile selon Jack Lang

1997, utilité de la désobéissance civile selon Jack Lang

Face à un éventuel reconfinement, les réseaux sociaux relayent de plus en plus d'appels à la désobéissance civile. En 1997, certes dans un contexte totalement différent, lié à la loi Debré, Jack Lang donnait son opinion sur la question.


Par la rédaction de l'INA - Publié le 28.01.2021 - Mis à jour le 28.01.2021
 

1997, le texte de loi Debré sur l’immigration, et notamment, l'article 1 sur la question du certificat d'hébergement obligatoire qui obligeait à déclarer tout hébergement d'un migrant ainsi que son départ, provoque une vive réaction dans l’opinion publique qui refuse d’obéir et de l'appliquer. Des cinéastes, des artistes, des élus… lancent un appel au principe de désobéissance civile. Après plusieurs mois de manifestations, de pétitions et de non application du texte. Le texte est voté le 24 avril 1997, avec la suppression du certificat d'hébergement au profit d'une simple attestation d'accueil authentifiée.

Le 23 février 1997, interrogé par Michèle Cotta et Eric Zemmour dans l’émission Polémiques, Jack Lang donne son avis sur l'utilité de la désobéissance civile dans le maintien du dialogue démocratique.

Jack Lang : "la question de la désobéissance, rappelons les grands principes : 1789, la Déclaration des Droits de l'Homme qui reconnaît le droit à la résistance contre une loi injuste. Je ne vais pas vous renvoyer à Sophocle et Antigone et à ce principe selon lequel certaines lois non écrites, l'idée même de justice parfois, peut l'emporter sur les lois écrites lorsqu'elles sont injustes..."

Il poursuit en donnant quelques exemples de désobéissance civile porteurs d'évolution positive dans la société : "Et combien de fois ? Par exemple : la loi sur les radios, nous-mêmes, [le PS] lorsque nous avons créé les premières radios locales en 1980, nous étions dans l'illégalité. Lorsque des femmes, très courageusement, ont voulu faire avancer les lois sur l'avortement, ont commis des inégalités. Et puis, puisqu'on parle d'inapplication de la loi, je dis : chiche ! Trêve d'hypocrisie, interrogeons-nous sur l'inapplication du droit du travail et des droits sociaux dans de nombreuses entreprises..."

Michèle Cotta lui demande ensuite s'il l'appliquerait lui, comme maire de Blois ou comme élu?

"Nous n'aurons pas à l'appliquer. Croyez-moi..."

Eric Zemmour : "je vous dis chiche à l'envers. Vous êtes professeur de droit, comment jugez-vous un syndicat de magistrats qui appelle à ne pas appliquer une loi qu'ils sont chargés de faire appliquer?"

Jack Lang : "c'est autre chose... je crois qu'à partir du moment où une loi serait édictée et deviendrait définitive, les magistrats sont là pour les faire exécuter. Mais je le répète, c'est le rôle des hommes politiques, en effet, et des intellectuels, et les artistes de dire : il y a parfois des principes supérieurs et en particulier les principes constitutionnels".

Pour aller plus loin

Dimanche soir : Bertrand Tavernier sur la phrase de spinoza : "Quand une loi est injuste et inique, comme disait Spinoza, il faut détruire cette loi" (16 février 1997)

JT de 13h00 de France 2 : 59 cinéastes appellent à la désobéissance civile contre la loi Debré. (12 février 1997)

F2 Le Journal 20H : Alain Juppé : loi sur l'immigration et le certificat d'hébergement. La polémique s'amplifie autour au projet de loi de Debré sur l'immigration et notamment sur les certificats d'hébergement créés en 1982. Le Premier ministre Alain Juppé a apporté son soutien à ce projet. (15 février 1997)

JT de la nuit de F2 : Najac contre la loi Debré (19 février 1997)

Le Journal 20H de F2 : Fichier hébergement. Sous la pression de la gauche, Jean-Louis Debré a reconnu que le nouveau dispositif des certificats d'hébergement impliquait la création de fichiers informatisés temporaires qui concernent les personnes hébergées. Pour la gauche, au contraire, il s'agit de la création de fichiers d'hébergeants. (27 février 1997)

D'autres contenus sur la loi Debré.


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