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1997 : l'ourse Melba abattue par un chasseur dans les Pyrénées

1997 : l'ourse Melba abattue par un chasseur dans les Pyrénées

Samedi 20 novembre, un chasseur a tué une ourse lors d'une partie de chasse à Seix en Ariège. Une situation déjà vécue dans cette région, notamment en 1997, lors de la mort de Melba. Tuée par un chasseur, elle laissait deux oursons dans la nature.

Par Florence Dartois - Publié le 23.11.2021
Réactions suite au décès de l'ourse Melba - 1997 - 02:13 - vidéo
 

Samedi 20 novembre, un chasseur a tué une ourse lors d'une partie de chasse. Les faits se sont produits dans une forêt de Seix, une commune rurale située en Ariège à 1 200 m d'altitude. Les chasseurs y traquaient le sanglier lorsque l'un d'eux a croisé le chemin de l'ourse Caramelle et de ses deux oursons âgés d'une dizaine de mois.

L'homme de 78 ans a expliqué avoir dû tirer à deux reprises après que l'ourse l'ait mordu aux jambes et tiré violemment sur plusieurs mètres. Secouru par ses compagnons, le blessé a été évacué vers l'hôpital de Foix où ses jours ne sont plus en danger. La préfecture de l'Ariège a déclaré qu'une enquête judiciaire avait été ouverte pour en savoir plus sur les circonstances de cet accident. Une question se pose désormais concernant la survie des ses deux oursons de 10 mois environ, sevrés, mais pas encore autonomes comme l'a précisé Alain Marek, délégué de l’association pour la sauvegarde et la protection des animaux sauvages (ASPAS) dans La dépêche du 23 novembre. Son inquiétude porte notamment sur leur capacité à trouver un abri pour hiberner : "C’est l’ourse qui va aller faire le trou, en repérer même plusieurs et, au final, c’est elle qui va choisir où passer l’hiver. Là, avec leur mère morte, les deux oursons - s’ils restent encore ensemble, ce qui n’est pas encore gagné - vont devoir aller chercher un endroit où trouver mais sans avoir la certitude d’aller choisir le bon", a-t-il précisé.

Cet accident n'est pas sans rappeler la mort de l'ourse Melba, en septembre 1997, quelques mois à peine après sa réintroduction dans les Pyrénées. Comme aujourd'hui, la femelle ursidée âgée de 4 ans avait été abattue pendant une traque aux sangliers. Elle laissait également deux oursons de 7 mois, non sevrés. L'archive en tête d'article rappelle les faits qui s'étaient déroulés le 27 septembre 1997 dans les environs de Bézins-Garreaux et de Melles, en Haute-Garonne.

La peur de l'ours

Le jeune chasseur avait croisé Melba alors qu'il attendait le passage des sangliers. Il avait expliqué avoir tiré en légitime défense : "Quand elle s'est jetée sur moi, alors là j'ai eu très peur. J'ai attendu le dernier moment et j'ai lâché le coup à 1,50 m à peu près". Melba avait reçu le coup en pleine tête, "un calibre de 7-64 utilisé pour la chasse aux sangliers".

Un habitant plutôt pro-ours précisait que ce type d'accident se reproduirait, "devant une bête pareille, il est à peu près certain que beaucoup vont perdre les pédales". Le maire de Melles, président de l'association pour la réintroduction de l'ours, reconnaissait en effet un manque d'information vis-à-vis des chasseurs : "Il aurait peut-être fallu lors de battues signaler que l'ours pouvait passer très près d'eux et qu'il ne fallait pas tirer systématiquement sur lui si on le voyait se diriger vers soi".

En attendant les résultats de l'enquête et de l'autopsie, gendarmes et défenseurs déposaient de la nourriture dans le massif fréquenté par les oursons pour tenter de les repérer. Pierre-Yves Quenette, responsable de l'équipe scientifique de suivi, précisait que cette situation était la pire envisageable : "Une femelle avec des oursons est agressive quand elle est vraiment dérangée à très courte distance et à ce moment-là, elle fait des charges d'intimidation".

Sauver les oursons

En 1997, comme pour l'accident du 20 novembre, la question de la survie des oursons s'était posée. Dans les jours qui suivirent l'accident, gendarmes et spécialistes de l'ONF se mirent sur la piste des bébés dans le massif de Gar-Cagire en Haute-Garonne. Leur objectif : localiser et nourrir les orphelin avec du miel, du maïs, de la pâtée pour chien et autres "douceurs".

Deux semaines après les faits, deux des spécialistes sur place trouvaient des traces fraîches des deux oursons. Ils étaient convaincus qu'ils arriveraient à survivre à condition qu'on les aide. A cet effet, ils installaient des refuges et "des aires de nourrissage" garnies de nourriture, notamment des carcasses de gibier. Tout en précisant que cette viande n'intéresserait pas directement les oursons : "Ce n'est pas la viande qui les intéressent, ce sont surtout les protéines que fournissent les asticots". L'important était que les jeunes plantigrades soient le plus autonome possible pour ne pas prendre l'habitude du contact humain et ne pas devenir des "ours à problème", qui, peu craintifs, côtoieraient l'homme, et donc ses fusils.

La surveillance des oursons de Melba
1997 - 02:05 - vidéo

Finalement, les deux oursons vont survivre et en 2002 des images de l'un d'eux seront diffusées : Bootsie, 4 ans, repéré dans les arbres.

Les associations de défense de l'ours appellent aujourd'hui les autorités à suspendre les battues en Ariège, le temps que les deux oursons orphelins trouvent une tanière pour hiberner. Une soixantaine d'ours vivent actuellement dans les Pyrénées.

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