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1995 : la France a un incroyable (sosie de) Kurt Cobain

1995 : la France a un incroyable (sosie de) Kurt Cobain

Il y a trente ans sortait «Nevermind» de Nirvana, l'un des albums les plus marquants du début des années 1990. Suscitant la passion de jeunes du monde entier, la musique de Nirvana et le style de son chanteur Kurt Cobain inspiraient de nombreux fans. L'un d'eux était sur le plateau de «Chela Ouate», en 1995.

Par Cyrille Beyer - Publié le 24.09.2021
Jeune fan de Kurt Cobain - 1995 - 03:17 - vidéo
 

C’est un peu « la France a un incroyable talent », dans une version qui sent bon les années 1990. Une époque où dans la cour de l’école, les plus sportifs rêvent aux exploits de Michael Jordan et d’Eric Cantona, l’album History de Michael Jackson dans les oreilles. Les stars françaises de l’époque ont pour nom Vanessa Paradis et Patrick Bruel. Au mur des chambres d’ado, les posters de Naomi Campbell rivalisent avec ceux de Kevin Costner. Côté dressing, c’est le règne du XL, des baggies et du sweat à capuche, le fameux hoodie. Sans oublier, indispensable accessoire, l’incontournable planche de skateboard.

Fan

Le 18 mars 1995, l’émission « Chela Ouate » a justement pour thème les jeunes et leurs idoles. Parmi les nombreux invités qui évoquent leur fascination pour les stars du moment – ou du passé, un certain Olivier Blondel attire l’attention, avec ses mèches blondes dans les yeux, son gilet vert foncé à grosses mailles et son air rêveur. Un vrai petit sosie du légendaire Kurt Cobain, le chanteur et leader du groupe Nirvana, qui vient de se donner la mort quelques mois plus tôt, le 5 avril 1994, à l’âge de 27 ans. Olivier Blondel ne s’attache pas qu’à ressembler physiquement à son idole, il joue également sa musique. Et il le prouve, en interprétant à l’écran les premières notes de la chanson Polly, l’un des plus grands succès du groupe, extraite du mythique album Nevermind (1991) et reprise dans le non moins célèbre album live Unplegged in New York (1994).

Encouragements

Pour juger de sa prestation, dans le rôle d’un juge de la « Star Academy », le très francophile chanteur britannique Murray Head. L'interprète de Say It Ain't So est plutôt emballé : « Tout comme Kurt Cobain, [Olivier] a compris comment désaccorder sa guitare ! » C'est en effet avec une guitare acoustique à cinq cordes désaccordée, une basse et deux pistes de voix que le groupe avait enregistré la chanson originale. Puis Murray Head félicite l’adolescent, en taclant au passage le rock à la française : « He’s got the rythm, il a le rythme ! Ce qui n’est pas toujours évident en France, car j’ai remarqué que [la France] est un pays qui aime plutôt la littérature et les paroles des chansons que la musique en elle-même ! »

Avant de poursuivre avec d'autres encouragements : « On apprend les accords de quelqu’un d’autre, jusqu’à commencer à composer soi-même. Il faut que tu continues, c’est clair ! La passion que Kurt Cobain t’a donnée, ça va t’emmener loin, et c’est ça qui compte, c’est génial ! »

Sombre

Olivier Blondel ne suivra finalement pas les traces du légendaire groupe de Seattle, mais la chanson Polly, tout comme les plus beaux titres de Nirvana, continuera à être reprise par les fans de rock du monde entier. Une chanson, d’ailleurs, qui fut l’une des plus sombres jamais écrites par Kurt Cobain, comme nous l'apprend une note du Dictionnaire des chansons de Nirvana d’Isabelle Chelley : « Polly raconte un fait-divers s’étant déroulé à Tacoma, en 1987, au cours duquel une adolescente que Kurt Cobain connaissait est enlevée, torturée puis violée, avant de s’échapper. Les paroles, chantées du point de vue du violeur, peuvent paraître malsaines si interprétées au premier degré, cependant Kurt Cobain exprime en réalité son admiration pour le courage dont elle a fait preuve. » Cette ballade « mélancolique dépouillée, […] » témoigne surtout de « la volonté de Kurt Cobain de faire face aux démons de la société et de la violence faite aux femmes ».

Détail macabre, Cobain raconte dans le livret de l’album Insecticide le dégoût que lui avait inspiré le viol d’une jeune fille par deux jeunes hommes fredonnant Polly. Quant au véritable criminel de la chanson, le violeur en série Gérald Friend, il purge une double peine de 75 ans dans une prison américaine.

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