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1991, lorsque les habitants refusaient le plan Seveso à Salindres

1991, lorsque les habitants refusaient le plan Seveso à Salindres

Ce jeudi, l'Agence régionale de Santé Occitanie et la préfecture organisent un comité de liaison à Alès pour informer la population inquiète au sujet de la plateforme de chimie de Salindres, classée Seveso seuil haut.


Par la rédaction de l'INA - Publié le 26.02.2020 - Mis à jour le 26.02.2020
 

Neuf cas de glioblastomes, des tumeurs primitives malignes et rares du système nerveux central, ont été recensés entre 2006 et 2015 dans la région de Salindres (Gard), de quoi inquiéter la population. Une inquiétude qui n'existait pas encore en 1991. A l'époque, les habitants de Salindres, ce village du Gard, contestaient l'application d'une directive européenne de sécurité (directive dite Seveso) prévoyant un périmètre de sécurité autour des usines à risques, notamment celle de Rhône-Poulenc.

Les premières images du reportage montrent des employés de l'usine Rhône-Poulenc de Salindres, revêtus de combinaisons de protection et d'un masque à gaz. Il s'agit d'un exercice d'alerte ponctué de cris de sirènes et de messages anxiogènes de type "Attention, alerte gaz. Entrez immédiatement dans la maison la plus proche".

A l'époque, les autorités locales et les entreprises intègrent le risque d'accident dans leurs procédures. Un entraînement obligatoire est réalisé mensuellement dans cette zone classée à haut risque : "En cas d'accident, les produits toxiques qu'elle utilise mettrait les habitants en danger de mort. Pour protéger les habitants, un périmètre de sécurité vient d'être tracé dans un rayon de 600 mètres. Pourtant les responsables affirment avoir fait le maximum pour limiter les risques. 60 millions de Francs de travaux en cinq ans" précise la journaliste.

Le directeur de l'usine, Claude Tamagne, se veut néanmoins rassurant, voire provocateur : "On peut dire aujourd'hui qu'il est moins dangereux de travailler à l'usine que de rester chez soi à vaquer à ses occupations habituelles type bricolage, jardinage, ou cuisiner."

A Salindres "l'usine fait partie du décor. Elle ne fait peur à personne. Le dernier accident remonte à trente ans et n'a même pas touché la population. Alors pourquoi renforcer le périmètre de sécurité ? Ces nouvelles mesures sont vécues ici comme une discrimination".

Une habitante, Angéla Saez confirme ce ressenti : "La population a l'impression de jouer le rôle de cobaye et d'être enfermée, encerclée, dans ce qu'appelle le préfet, des zones d'isolement."

Le commentaire décrit le sentiment exprimé par les salengrois : "dans la population, le but est clair, vider insidieusement le village de ses habitants."

Impression que confirme Claude Mollo, de l'association de défense de Salindres, obligé de quitter sa maison après avoir été interdit de travaux, "le permis de construire lui a été refusé trois fois pour des raisons de sécurité", il précise dépité : "On ne peut plus vivre dans un secteur où on ne peut plus rien faire dans une maison. C'est un capital, on a besoin qu'il se maintienne ce capital. S'il tombe en ruine, autant qu'on s'en aille !"

Dans sa conclusion, la journaliste n'évoque jamais le risque chimique mais prend le parti des habitants, "A Salindres, les habitants vivent une situation ubuesque. S'il y a danger, il faut les reloger ailleurs. Sinon, ils demandent la levée des mesures de sécurité qui les empêchent de vivre en paix. L'affaire est entre les mains du tribunal administratif".

Un reportage qui peut étonner aujourd'hui tant il tranche avec le discours en 2020. Depuis cette époque, le constat a changé. Entre 2006 et 2015, neuf cas de tumeur rare du cerveau, le glioblastome, ont été recensés à Salindres et Rousson près d'Alès, dans ce berceau de l'aluminium et de la chimie du Gard. Un taux d'incidence de trois fois supérieur à la moyenne départementale. Cette tumeur est détectée généralement autour de 65 ans et auxquelles les patients ne survivent en moyenne pas plus d'un an. De quoi inquiéter la population.

Pour aller plus loin

Reportages régionaux pour le journal national : Des chimistes intoxiqués dans l'usine Pechiney de Salindres. Dix-huit chimistes de l'usine Péchiney de Salindres ont été intoxiqués est sont traités en caisson hyperbar à l'oxygène pur. (14 septembre 1967) 

Provence Actualités : Nouveau décès d'un chimiste intoxiqué de Salindres. Interview du Professeur Mattet qui mène les traitements à l'oxygène hyperbare, inopérants pour guérir les hommes intoxiqués à l'usine Pechiney de Salindres. (18 septembre 1967)

Provence Actualités : Les obsèques des trois chimistes de Salindres. (20 septembre 1967) 

JT local Pays gardois : Risque chimique : exercice de sécurité. Exercice de sécurité sur la plateforme chimique de Salindres. Interview de l'un des responsables de l'exercice Philippe Bernard, directeur Rhodia Salindres et d'habitants. Après l'accident toulousain, tous sont conscients des dangers. (03 octobre 2001)

JT Soir Montpellier : Salindres : Les risques industriels. Bhopal, Tchernobyl, c'était loin. La raffinerie de La Mède c'était il y a longtemps, presque dix ans. La catastrophe AZF nous a rappelé à une brutale réalité : nous vivons tous plus ou moins loin d'une bombe en puissance. A Salindres dans le Gard, ce sont trois usines qui sont classées Seveso... C'est à dire qu'elles présentent des risques potentiels d'accident majeur. (31 janvier 2002) 

JT local Pays gardois : Déchets à Salindres. Le traitement des déchets une fois encore au coeur d'une polémique. A Salindres, dans le Gard les habitants ne veulent pas du projet d'usine de tri compostage que veut construire le syndicat intercommunal. Un projet pour traiter les ordures de 110 mille habitants et d'un coût de près d'un million d'euros Principal argument des opposants : ils ont déjà près de chez eux une usine classée Seveso 2. (23 janvier 2006)


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