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1989, la répression de la place Tian'anmen

1989, la répression de la place Tian'anmen

Dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, l'Armée populaire de libération ouvre le feu sur les milliers d'étudiants qui occupent la place Tian'anmen depuis le 15 avril. Un bain de sang dont le bilan reste encore incertain.


Par la rédaction de l'INA - Publié le 04.06.2019 - Mis à jour le 04.06.2019
 

Lorsque Deng Xiaoping ordonne le 3 juin 1989 à l'armée de reprendre le contrôle de la place Tian'anmen, immense esplanade située en plein coeur de Pékin, cela fait bientôt deux mois que des milliers de manifestants occupent ce symbole du pouvoir. Un mouvement spontané qui est né le 15 avril à l'annonce du décès de l'ancien secrétaire général du Parti communiste chinois, Hu Yaobang, limogé en 1987. Les Chinois voient en Hu Yaobang un dirigeant sensible aux aspirations partagées par le pays pour une plus grande démocratisation du régime. L'annonce de son décès et l'organisation de ses funérailles sont donc l'occasion pour des milliers de Pékinois de sortir dans la rue et d'affluer vers la place Tian'anmen, où pendant quelques semaines se créera un espace de liberté et d'échange encore inédit en Chine. 

Le pouvoir est alors disputé entre le camp des conservateurs, sous la bannière du Premier ministre Li Peng, en poste depuis avril 1988, et celui des modérés, emmenés par le Secrétaire général du parti communiste, Zhao Ziyang, proche du défunt Hu Yaobang. 

Les manifestants de Tian'anmen réclament la démission de Li Peng et l'ouverture du régime vers plus de démocratie, tout en respectant le cadre du régime et l'autorité du chef suprême, Deng Xiaoping. Car, dans le méandre des différents postes de pouvoir au sein du lourd parti communiste chinois, c'est en réalité toujours Deng Xiaoping qui conserve la mainmise du pouvoir, et ce depuis 1978. 

Jusqu'à la mi mai, l'ambiance qui entoure les manifestations historiques de la place Tian'anmen semble indiquer que la balance du pouvoir penche dans le camp des réformateurs. Le Premier ministre Li Peng apparaît fragilisé. Deng Xiaoping finira t-il par lui retirer sa confiance ? 

En réalité, c'est le contraire qui survient. Le 19 mai, Zhao Ziyang déambule sur la place Tian'anmen et prononce un célèbre discours aux jeunes manifestants leur demandant de cesser leur grève de la faim, de penser à leur propre sécurité et à leur avenir, et de finalement quitter les lieux. Les étudiants, émus, l'applaudissent, mais son appel à la raison ne sera pas entendu, et l'occupation de la place se poursuit. 

Alors, le 20 mai, devant l'incapacité des forces de l'ordre à rétablir la situation et jugeant que la politique modérée et accommodante de Zhao Ziyang a échoué, Deng Xiaoping et le parti finissent par opter pour la voie ferme. Le 20 mai, le Premier ministre Li Peng déclare la loi martiale. L'armée afflue aux portes de Pékin, mais également des autres villes chinoises où se produisent aussi des manifestations. 

Le 3 juin, les chars de l'armée investissent le centre de Pékin et la place Tian'anmen. Les manifestants, qui ne croient pas à un tel déchaînement de violence des soldats contre le peuple, sont fauchés par centaines. Aujourd'hui encore, on ignore le nombre exact de victimes de cette terrible nuit de répression. Les estimations vont de plusieurs centaines à plusieurs milliers.

Juin 1989 en Chine aura marqué la fin d'un rêve partagé par des millions de Chinois pour une société plus démocratique et un pouvoir plus transparent. 


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