Sa compagnie c'est le Dance Theatre of Harlem. Le 7 novembre 1985, le Journal de 20H d'Antenne 2 consacrait un long reportage à cette la troupe fondée par Arthur Mitchell et qui se produisait à Paris dans le cadre du festival d'automne. A son programme, le ballet classique Gisèle. Du jamais vu alors.
L'objectif de ce corps de ballet était clairement d'intégrer des danseurs classiques de couleur au circuit de la danse classique, ceux-ci étant trop souvent condamnés à rester en marge des corps de ballet traditionnels, qu'ils soient américains ou autres.
Hugues Dagen, danseur de la compagnie, expliquait alors, "on catégorise les gens de couleur dans une forme de danse qui est le modern, ou alors le jazz, mais ça ne peut pas venir à leur esprit que les gens peuvent aussi bien danser du ballet. C'est une chose que cette compagnie a prouvé".
Quelques années plus tard, en septembre 1994, Arthur Mitchell était l'invité de l'émission Le cercle de Minuit, il expliquait avec enthousiasme à Laure Adler ce qui l'avait poussé à créer le "Dance Theatre of Harlem".
"Mais des danseurs noirs en nombre, autre que dans cette compagnie de Harlem, ce n'est certainement pas pour demain, tant les préjugés sont tenaces", déplorait le journaliste dans sa conclusion.
"Ils m'ont dit : vous n'aurez jamais un Noir dans un ballet classique avant l'An 2000 et moi, j'ai répondu : pourquoi pas ? Moi, j'aime les défis. A partir du moment où vous me dîtes : vous n'arriverez pas à faire quelque chose, et bien, croyez-moi, j'y arriverai ! Et c'est ainsi, après l'avoir fait que j'ai voulu le communiquer, le transmettre à d'autres jeunes. Si nous voyons ce village mondial, ce monde qui est de plus en plus petit, le multi-culturalisme qui se développe partout. Il faut prendre quelque chose partout et donner aux enfants une chance égale… c'est ce que je fais avec l'art. Vous prenez de l'ancien et vous y ajoutez du nouveau. C'est ce qui construit la vie, l'être, l'essence, l'action. Voilà pourquoi nous tous, nous faisons quelque chose, nous sommes vivants et c'est ce qui fait que la vie mérite d'être vécu".
Pour aller plus loin
Des mots de minuit : Robyn Orlin sur la discrimination raciale en danse classique en Afrique du Sud. La chorégraphe d'origine sud-africaine, revient sur la question de la discrimination raciale dans les troupes de danse classique, notamment en Afrique du Sud. "Vous ne voyez nulle part au monde des corps de ballet qui soient mixtes et moi ça me dérange… (9 juin 2004)
Des mots de minuit : Raphaëlle Delaunay sur la diversité dans les corps de ballet classiques. Raphaëlle Delaunay, danseuse et chorégraphe, évoque les compagnies américaines qui mettent en avant leurs danseurs de couleur plutôt que de les grimer afin de les faire ressembler aux blancs. Elle espère contribuer à la réflexion autour de la diversité dans les corps de ballet, en réinventant le classique, riche de sa propre altérité. (2 avril 2008)