En janvier 1984, le magazine d'Antenne 2, C'est la vie, enquêtait sur les conditions de travail du futur et notamment sur le développement du télétravail rendu possible grâce aux progrès de l'informatique et de la robotique.
Le journaliste posait la question ainsi : "Qu'est-ce que c'est le télétravail ? Et bien cela consiste tout simplement à déplacer le poste de travail grâce à un terminal d'ordinateur. Disons que si je fais ici, une tâche à une machine et bien, je pourrais tout simplement le faire à 10 kms d'ici, à un autre terminal d'ordinateur."
A l'époque, il existait peu d'expériences de ce genre mais l'équipe s'était rendue du côté de Cannes, à la rencontre de Brigitte Argenta, une secrétaire travaillant hors de son entreprise mais pas encore à son domicile... L'employée se rendait à Grasse, à un quart d'heure de son domicile, dans une "téléboutique" des PTT, un lieu connecté par ordinateur au siège. "Auparavant, elle travaillait à Cannes, soit 64 kms aller-retour tous les jours"
Impossible de travailler chez soi faute de câble ou de fibre, c'était donc à l'entreprise de fournir un lieu connecté à quelques privilégiés : "Ils sont 12 télétravailleurs aux PTT sur un total de 260 000 employés environ en France."
Pierre Aurrens, le directeur de l'agence de Cannes précisait alors que toutes les conditions étaient réunies et qu'il avait répondu à "une demande du personnel. Parce que j'avais un local à Grasse et aussi parce que certaines tâches de l'agence se prêtaient bien à une délocalisation".
Un télétravail rendu possible grâce à "un stage et à une formation informatique sur le tas".
L'employée n'y voyait que des avantages, notamment un gain de temps libre : "Je peux me permettre de faire plus de choses. Lorsque je travaillais sur Cannes, c'était prendre la voiture, aller travailler : boulot-dodo… et maintenant je peux faire mes courses dans la journée, du sport. J'ai plus de temps de disponible."
Pour Pierre Aurrens, ce mode de travail était : "appelé à se développer. Cela correspond à une grande attente d'une partie du personnel, notamment du personnel féminin qui souhaite travailler à côté de son lieu de vie."
L'entreprise espérait étendre ce mode de travail à 40 nouveaux collaborateurs. Seul bémol pour Brigitte Argenta, la diminution de la variété des tâches et un temps conséquent passé devant l'ordinateur : "7h24, c'est fatiguant !"
En 2019, les télétravailleurs représentaient 29 % de l'effectif des entreprises de plus de dix salariés, soit 5,2 millions de personnes.
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